Longs-métrages, courts-métrages, exposition, master class, table ronde, exposition : tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les chefs op’ sans jamais avoir osé le demander… Rendez-vous du 11 au 15 mars à Chalon-sur-Saône.

Un an déjà que le premier festival Chefs Op’ en Lumière a vu le jour à Chalon-sur-Saône. La ville, berceau de la photographie, accueillait l’un des seuls festivals européens dédiés aux directeurs de la photographie. Accord parfait, l’édition fut un succès. Quelle ville mieux que Chalon-sur-Saône pouvait éclairer ce métier de l’ombre, encore peu connu du grand public ? Essai transformé, la seconde édition est lancée.

Revenons aux fondamentaux : un chef opérateur ou directeur de la photographie ou encore director of photography, c’est quoi ? Un rouage fondamental de l’esthétique d’un film. Le chef op’ supervise l’ensemble de la fabrication des images. Il définit avec le réalisateur les prises de vue, le cadrage, la lumière et dirige l’équipe d’électriciens-éclairagistes. Au-delà de la technique, nous sommes ici dans l’essence même du film : l’image. Comment jouer des détails, de la forme, pour donner du corps au fond ? Le chef op’ est présent dès le début du projet, bien avant le tournage. Il étudie le scénario, participe aux repérages. Sur le tournage, il collabore avec chef décorateur, costumier, maquilleur, responsable des effets spéciaux. Il crée les éclairages, les réajuste. Après le tournage, il dirige l’étalonnage afin d’assurer la cohérence artistique de l’ensemble.

Ce long préambule pour dire que le chef op’ participe pleinement du résultat final, au même titre que d’autres professionnels de l’ombre. Ce sont toutes les facettes d’un métier méconnu que livre le festival. C’est riche, intéressant, pertinent. Les chefs opérateurs viennent échanger avec le public, pas seulement sous forme de conférence mais par l’exemple. Chacun a sélectionné un certain nombre de films auquel il a participé. Il livre ses pépites en expliquant le hors champ, ce que le spectateur ne voit pas. Comment se sont faits les choix ? Quels étaient les enjeux ? Comment y ont-ils répondu ? Il révèle l’envers du décor et ses problématiques, pendant mais aussi après le tournage. Jean-Paul Rappeneau, excusez du peu, vient évoquer la restauration de Cyrano de Bergerac. Restauration effectuée bien des années après la sortie du film, mais supervisée par le chef op’ de l’époque, Pierre Lhomme. Un travail d’orfèvre, restauration en 4k réalisée en post-synchronisation, à partir du négatif image caméra. Nouveaux jeux de lumière, adaptation des images aux techniques d’aujourd’hui. Résultat : une version fidèle à l’originale mais qui permettrait, selon les initiés, de redécouvrir certaines séquences du film.

Au-delà de la technique, c’est aussi de leur métier, au quotidien, que les chefs op’ parleront pendant le festival. Master class (leçon de cinéma) et table ronde confrontent leur regard et leurs expériences. Comment se positionne le chef opérateur dans une équipe ? Comment se définit-il ? Artiste ? Artisan ? Quel regard porte-t-il sur son métier selon son expérience, son âge, son parcours ? Le public s’immisce dans les arcanes de la profession. « L’avantage de ce festival, c’est que nous sommes dans des petits lieux. Ce n’est pas une grosse machine. Le public a un contact très naturel avec les invités. Ils peuvent échanger pendant les temps de programmation, mais aussi en dehors, de façon informelle. Nous ne sommes pas sur un grand festival où les stars quittent la scène et retournent à leur hôtel une fois la projection terminée », indique Janick Leconte, président de l’association.

Eric Gautier, invité vedette du festival l’an dernier

Cette année, 4 lieux sont mobilisés : le cinéma l’Axel, le cinéma Mégarama, le Théâtre Piccolo, l’Espace des Arts. En un an seulement le festival a pris de l’ampleur et ne se développe pas seul, au contraire. Il a fait le choix d’un ancrage territorial et emmène avec lui d’autres acteurs de la ville : exposition avec le musée de la photographie Nicéphore Niépce, partenariat sur la communication avec l’IUT, jury des étudiants, rencontres et projections à l’Espace des Arts. La programmation ? 24 longs métrages, 3 courts et comme nous l’avons dit une master class, une table ronde, une exposition, des films de l’année ou des films restaurés, un film d’animation pour une nouvelle déclinaison du métier, une journée pour les plus jeunes. Invités : des réalisateurs, 8 chefs opérateurs. Le festival prend son envol, devient une référence sur la scène nationale. Plus connu à Paris qu’en Bourgogne, nul n’est prophète en son pays. Les idées pour la suite ne manquent pas. Le festival va continuer, poursuivre sur sa lancée. Révéler les métiers de l’ombre, les chefs op’ mais pas que. Des idées, des projets. On ne vous dira, vous verrez bien. Venez découvrir et soutenir ce festival, une richesse dans nos contrées.

  • Erika Lamy