Voyant qu’on se trimbale dans les travées du Stade Gaston Gérard (« la marmite ») et que les émotions transpirent par tous les mots dans nos articles sportifs de qualité, le staff de la JDA Dijon Basket nous avait fait un petit appel du pied : « Venez voir la JDA, y’a du jeu, de l’ambiance, et c’est bientôt les playoffs ». On nous offre les places et le cocktail VIP ? M’en dis pas plus mon coco, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas mis les pieds au Palais des sports. Allez zou.
Je dois dire que j’ai vécu à plein les grandes années de la Jeanne d’Arc Dijon 1980-90 dès ma plus tendre jeunesse (eh ouais JDA, ça veut pas dire « Jeunesse Dynamique et Active »). La montée en Pro A avec ce bon vieux Billy Goodwin et Oumar Dia, les années Jean Luc Deganis, la tornade Skeeter Henry, les Mark Hughes, Paul Fortier et autres Eric Lecerf (tu te rappelles, le tout petit blond). Quand même, les 3 points à la dernière seconde en coupe Korac contre Reggio ça avait de la gueule ! J’ai le souvenir d’un Palais plein à craquer tous les samedis.
Figurez-vous que mon premier boulot à 16 ans, c’était mascotte de la JDA (si si, en vrai). Je passais mes matchs à danser dans un costume de lapin de 80 kg tout en prenant des coups dans la tronche par des ptiots que je ne pouvais pas rattraper ni même punir -ma tactique consistait donc à en prendre un pour me protéger des autres en l’utilisant comme bouclier- le tout pour 200 francs par match (on reparlera de la nouvelle mascotte plus tard).
Alors c’est sûr, faut remettre les choses dans le contexte, les temps ont changé. Maintenant c’est Pro B (2ème division pour les néophytes en basket -qui peuvent aller lire la recette des brownies sur Sparse.fr si mon article les emmerde). En plus, dans le temps, le sport dijonnais, c’était JDA et rien d’autre. Pour le reste, y’avait pas de public et pas de pognon.
Palais des sport Jean-Michel Geoffroy (du nom d’un handballeur dijonnais des 70’s) 19h30 :
Un palais à moitié plein. Je me mets dans l’ambiance. Ça a changé. Déjà, le moindre bout de parquet, de mur, de t-shirt, de tribune, de ticket (même le balai du lave-sol) est utilisé pour une pub. Ma préférée étant celle de la CGPME : « Rejoignez le camp du vrai patronnat » en énorme au bord du terrain, illustré par des yeux de loup… tout un poème…
En revanche, le truc bien avec les sports en salle, c’est que même si le kop est constitué d’une quarantaine de personnes, ça fait un boucan de dingue. L’ambiance est donc chaude dès l’entrée des joueurs.
A la JDA, le kop a splitté, comme au foot. On a les historiques derrière un panneau, une 40aine de personnes qui se font appeler le Kop Sud. Et il y a enfin les Burgond Furies (waouh ! ça fait flipper…), une 30aine de sécessionnistes logés dans un coin de la salle. La particularité du kop de basket, c’est que les mecs sont cools. Pas d’insultes à arbitre, pas de jets de bouteilles, pas de chants sur les orientations sexuelles de l’adversaire. Sans vouloir généraliser, on n’a pas le même public qu’au foot. Vu le nombre de chemisettes et de costards qui traînent, j’ai l’impression qu’il y a un deal de places entre les assureurs et les banquiers dijonnais et la JDA… ou alors y’avait un dress code dont j’étais pas au courant. Pas mal de têtes grisonnantes aussi et pas mal de minots. Ambiance famille.
Le match commence.
La JDA joue contre Châlon en Champagne-Reims (villes distantes de 45 bornes ; ce qui me trouble profondément. Tu vois une équipe Dijon-Beaune toi ?). Le ballon du match est apporté par un petit camion télécommandé, c’est drôle et ça permet de mettre de la pub dessus.
Le speaker est beau, grand, bronzé à souhait et en costard (d’ailleurs, tout le monde est en costard sur le bord du terrain, même le médecin du club). Il profite de toutes les interruptions de jeu pour haranguer la foule et nous passer du bon gros son à 340 db dans les oreilles. En gymnase, je vous laisse imaginer la qualité du son. Surtout que les titres sont pointus : pomp it up, 7 nation army (qu’on appelle « popolopopopo » à la JDA aussi), Samba de Bellini, Jump de Van Hallen… le velours des oreilles. La mascotte est toujours un lapin. Qui n’en branle pas une à part danser comme Michael Jackson à la fin du 3ème quart-temps… et jeter des cadeaux (mini ballons en mousse) nonchalamment au public pendant les temps morts. Enfin pas aux spectateurs des tribunes hautes, trop loin, trop pauvres.
La grosse différence avec le foot, c’est qu’il y a de la bière à la buvette. Comme le supporter de basket n’est pas un animal et sait à peu près se tenir, on peut lui servir des boissons alcoolisées sans avoir peur qu’il se batte avec l’adversaire ou même avec ses amis. L’autre différence, c’est qu’aucun des joueurs n’a de nuque longue… déception. Ils sont tous bien propres et bien balaises. Y’a un des arbitres qui doit faire à peu près 1,55 m. C’est très drôle de le voir évoluer au milieu de monstres physiques et de le voir se faire respecter rien que du regard.
A vrai dire, ça joue pas super bien (ok, tout est relatif, je vois d’ici les commentaires du genre « tu te prends pour qui », « tu joues comment toi ? » etc). Le fait que ce soit la fin de saison et qu’il y ait de l’enjeu doit jouer. Manque d’adresse, imprécision… ça énerve beaucoup Jean-Louis Borg (aucun lien avec Bjorn), l’entraîneur dijonnais, qui est LA vrai attraction du spectacle. Il est en costard, forcément, il va quand même pas mettre un jogging bordel ! Tout le monde est en costard, même le speaker. S’il veut pas se taper la honte, il met son petit Armani. C’est le coach ce gars, le patron ! Il hurle, parle mal à ses joueurs, il éructe, il saute, il fait des moulinets avec ses bras, braille sur le petit arbitre, il en fait trop. On dirait un sketch de Courtemanche, ou un espèce de Luis Fernandez avec une raie au milieu. C’est too much mais drôle à voir.
Le petit meneur de Châlons est le plus agréable à regarder, Brian Mullins, un Irlandais qui sent bon la belle époque de Chris Mullin à Golden State (avec Tim Hardaway). Et côté Dijon, j’avoue avoir été impressionné par Jérémy Leloup. Sobre, efficace, costaud. Et David Melody. À signaler que l’effectif de la JDA comprend Benjamin Monclar, le fils du « Diams » himself (Jacques Monclar, joueur, entraineur et consultant mythique du basket français). Le public commence à ambiancer à partir de la fin du 3ème quart temps à mesure que le jeu se muscle. Faute, bronca, Van Halen, faute, public debout, Van Halen, faute, ban bourguignon, Van Halen.
La JDA gagne de 3 points. Je ne vais pas au cocktail… déçu comme un vieux grincheux. C’était mieux avant. Heureusement qu’ils vont remonter en Pro A (on croise les doigts). Parce qu’honnêtement, si j’avais pas conversé avec ma charmante voisine à qui j’ai expliqué les règles élémentaires du basket pendant le match, eh ben je me serais quand même un peu fait chier. C’est dit.