Salut à tous, aujourd’hui place à un chouchou de cette rubrique : Mathieu Sapin. Il est d’origine dijonnaise, il est sympa et il a beaucoup de talent. Trois bonnes raisons de lire son Journal d’un journal.

Comme il l’avait fait sur le tournage du Gainsbourg de Joann Sfar, MatSap laisse trainer ses oreilles curieuses et son regard naïf pendant 5 mois au milieu d’une des plus grandes rédaction française : Libération.

Y’a forcément plusieurs manières de lire ce bouquin. On peut suivre Mathieu Sapin dans une sorte de safari au milieu des grands fauves de journalistes et des mains ouvrières pour faire tourner la baraque. Avec ses figures historiques, genre Pierre Marcel, chroniqueur société et politique, ex-mao, toujours aux affaires et véritable électron libre, baron sans titre du journal, seul capable ou autorisé à ruer dans les brancards en conférence de rédaction.

On peut lire et relire le Journal d’un journal pour revivre des pans de l’actualité passée : Que se passait-il le 02 mai 2011 au matin ? ¹ Où l’on découvre la conception de la « Une » du journal avec cette fameuse photo floue noir et blanc du saint des saints du terrorisme islamique, ainsi que l’arrivée au compte-gouttes des informations durant la journée.

Qu’est-ce qui faisait l’actu le 9 juin 2011 ? ² Où l’on découvre les causeries du midi des journalistes entre deux séances et où l’on apprend aussi que la journaliste du Nouvel Obs tweete sur son iPad durant le procès.

Voilà deux exemples, en plus du 01 mai Lepeniste pour la première de la Lepen comme capo en chef, ou le festival de Cannes en plein séisme DSK avec l’équipe de Gérard Lefort.

On peut aussi suivre le personnage Mathieu Sapin. Véritable figure d’un néo-journalisme au ras de la moquette : ça, pardon, c’est à cause de sa petite taille. Caché sous sa casquette, crayon et carnet à la main, il joue à la fouine ou à l’infiltré. Discret, oublié des autres grâce à cette fameuse p’tite taille, il choppe des réflexions du quotidien, des remarques presque secrètes ou des confidences sur la laine de la moquette du journal.

Tiens, une technique MatSap pour digger de l’info : se mettre avec les stagiaires, comme ça on vous fout la paix, on vous remarque plus et votre voisine peut vous lâcher tous les cancans qu’elle sait, elle sera partie dans deux mois après son stage donc pas de danger. Et surtout le stagiaire est un être en éveil, toujours sur le qui-vive, friand de commérages et d’info dures…

En plus quand vous êtes de petite taille comme Mathieu (…) Bon j’arrête là sur les habits et l’physique, parce que ça serait pas juste, Mathieu est pas si petit que ca, et en plus le gars s’est coltiné du terrain et a collé les basques des journalistes.

Et puis on découvre en vrac un bâtiment : un ancien parking reconverti en siège du journal, une histoire de Sartre à Rothschild, de Serge July à Nicolas Demorand, de la lutte prolétarienne au néo-libéralisme.

A l’arrivée, ça donne quoi, une plongée fraiche et naïve, loin, très loin d’un poujadisme ambiant pour lequel tous les journalistes seraient pourris et coucheraient avec les politiques et les grands argentiers.

Vivement la suite. Mathieu nous annonce un journal embedded avec un candidat pendant le présidentielle 2012. Heureusement pour lui, ça ne sera pas DSK avec qui il sera in bedded

Autre actu de Mathieu, le tome 10 de Sardine de l’espace. C’est pour les grands et les petits, j’suis fan. Ça s’appelle la Reine de L’Afripe, c’est bourré de jeux de mots. C’est, drôle, ça je l’ai déjà dis nan ? Lisez-le.

Martial

¹ La mort de Ben Laden
² Le début du nouveau procès d’Yvan Colonna

Le journal d’un journal – Delcourt, 15 euros
Sardine de l’espace, tome 10, avec Guibert – Dargaud, 11 euros

__

Retrouvez la chronique bédé de Martial sur les ondes de Radio Dijon Campus tous les mardis à 8h40 et vers 12h20.