A l’occasion de la venue inestimable du label/collectif Underground Resistance à Dijon le 8 décembre, on a demandé à Mathieu Roussotte, boss du label Decabaret Records et fin connaisseur de ces légendes électro, de nous cuisiner une sélection musicales aux petits oignons. Entre vieux souvenirs et anecdotes imparables sur fond de révolte techno.

« La discographie d’Underground Resistance rassemble plus de 100 maxis (et plus de 300 morceaux) sur une vingtaine d’année. J’ai essayé de faire une sélection selon mes préférences et les informations intéressantes disponibles. Comme UR vient en live dans une semaine, j’espère que ça vous donnera envie de les découvrir, au Consortium.

 

Final Frontier (UR-003) : C’est un des premiers morceaux de UR, une merveille électro avec des nappes made in Mad Mike. C’est aussi la que commencent les références à la science-fiction, le titre est tiré de Deep Space 9 (Star Trek) très prisé chez les Afro-américains car un des héros, Mr. Spock, n’est pas de la même race que les autres. Le thème de la science-fiction est très présent chez les artistes techno de Detroit, autant chez les musiciens (Juan Atkins avec « No Ufo’s », Jeff Mills avec tous ses concepts…) que chez les illustrateurs comme Alan Oldham ou Abdul Haqq. Ils pensent que s’il existe un monde extra-terrestre, la condition de vie là-bas est sûrement meilleure que la leur en tant qu’Afro-américains. D’autres références comme « Death Star » (UR-004) ou « Moor Horseman on Bolarus 5 » (UR-045) sont parsemées dans les vinyles.

 

Amazon (UR-020) : Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, c’est un classique dijonnais : Tonio avait l’habitude de jouer ce morceau en intro avec le vocal « Jack has the groove » (intro piquée à Laurent Garnier, apparemment). Le morceau est dédié à l’Amazonie (on entend des bruits de jungle notamment au début) ; le thème de la sauvegarde environnementale est aussi présent dans « The Return Of Acid Rain » (UR-024). Bref, ce titre a été réalisé après que Jeff Mills ait quitté UR (enfin, dans le texte, car dans les faits les liens sont toujours étroits) pour devenir DJ résident à New-York. Selon la légende, Jeff Mills aurait fait la partie rythmique à NY, Mike Banks les cordes à Détroit et le mix par la suite.

 

Fuck The Majors (UR-023) : Le titre pose le ton et le morceau est un mélange breakbeat acid avec un sample de « Crossover » d’EPMD. Sur le disque on peut lire gravé : « Dédicacé à Malice Green. A tous les meurtriers de la Police de Détroit, nous vous verrons en enfer ». Malice Green est un Afro-américain battu à mort par 2 policiers blancs de Détroit en 1992, quelques mois après les émeutes de LA provoquées suite à l’acquittement des flics ayant battu Rodney King à mort.

 

The Wobbler (UR-043) : De l’électro complètement barrée qui sort de l’esprit de Mark Floyd. Là, on retrouve le côté faceless UR qui met en avant la musique et pas l’artiste. Mark est un vétéran de l’armée US, et après son retour de la guerre de Corée il est déclaré mentalement fou. Il est toujours traité dans les centres médicaux de l’armée. Sa musique est incroyable : groovy et dark à la fois, comme seul lui peut la faire. Comme dirait Mad Mike : « UR stands for Urban Reality ».

 

Interstellar Fugitives (UR-045) : Un triple EP où rien n’est à jeter, avec tous les artistes UR incluant Drexciya, Andre Holland, Rolando, Suburban Knight, Mad Mike et Perception. De l’électro, du breakbeat, de la drum’n’bass, de l’ambient (sur le cd) et de la techno groovy (sur le vinyle). Le tout dans une ambiance bien dark. A écouter.

 

 

 

 

 

Knights of the Jaguar (UR-049) : Le fameux « Jaguar », un morceaux incroyable et inqualifiable, à écouter, c’est tout ! Contrairement à ce qui est écrit sur le centreur original (car le repress est maintenant différent), il a été produit par DJ Rolando, Gerald Mitchell et Mike Banks. Le fait d’avoir seulement inscrit le nom de Rolando sur le maxi a permis à UR d’envoyer mixer Rolando (DJ hors-pair) partout dans le monde pour répandre la bonne parole et la bonne musique. Par ailleurs, Sony/BMG a essayé de fait un cover de ce morceau mais la bronca de communauté électronique internationale a fait céder la major et a amené la sortie d’un cd par UR avec ce morceau (et des remixes) pour combler la forte demande.

 

The Swarm (UR-048) : Du pur UR mêlant jazz et électro. On y entend les killer-bees, hommage aux miliers de fans qui ont spammé Sony/BMG et qui les ont forcés à stopper la vente du cover du titre légendaire « Jaguar ». La légende dit qu’un dirigeant de Sony aurait appelé Submerge à Détroit pour leur demander d’arrêter cette attaque qui les bloquait.

 

 

 

Aztlan (UR-015) : Un morceau groovy de Mad Mike et Rolando, mais auquel il semble manquer quelque chose comme la face B « Daystar Rising » de Octave One. En fait, le morceau complet est le mix des deux. Il faut donc avoir le disque en double pour l’obtenir en mixant les 2 faces ensemble (voir DJ Rolando sur la compil’ « Aztec Mystic Mix »).

 

 

Timeline (UR-2001) : De la soul music sauce UR, ce morceau a été composé par Derek Jamerson fils de James Jamerson, le bassiste des Funk Brothers (les musiciens de studio de la Motown sur la plupart des hits des années 60/70). Entre gospel, techno et arrangements soul : un disque digne de la Motown.

 

 

 

Crackzilla (UR-069) : Ça fait partie de l’album « Interstellar Fugitives 2 ». En mission au Japon, les membres de UR ont composé et produit les morceaux de cet album. Le fait de vivre pendant une période au Japon, foncièrement différent de Détroit, les a inspirés. Les morceaux sont moins sombres que dans le premier opus même si dans « Crackzilla » les Aquanauts imaginent l’effet dévastateur que le crack aurait sur le Japon ! En fait, les Aquanauts sont Dj Skurge, Dj Di’jital, BileeBob et Tyree Stinson (fils de feu James Stinson, fondateur de Drexciya).

 

 

Yeah (UR-080) : Un titre récent (2010 !) qui sonne bon le funk et le gospel, par John « Jammin » Collins, DJ depuis presque 30 ans à Detroit. Oh Yeah !!

 

 

 

 

 

Lottie The Body (UR-085) : Timeline de retour avec leur fameux « Hitech Jazz ». Le texte du clip explique le sens de ce fameux « Hitech Jazz ».

 

 

 

 

Dernière petite info : les numéros de référence des vinyles ne sont pas toujours chronologiques. Je n’ai pas beaucoup abordé Drexciya, mais pour découvrir vous n’avez pas besoin de playlist. D’ailleurs, Clone commence à represser leurs différents albums »

Photos : The Wire, novembre 2007.