On a eu le bol de rencontrer l’un de nos chouchous de l’année 2011, auteur du déjà culte « Forever Dolphin Love », lors du dernier festival GéNéRiQ. D’ailleurs, étant totalement paumés dans les étages du Grand Théâtre de Dijon, cette interview de Connan Mockasin a failli démarrer sans nous. Ça se passait donc dans l’une des loges de ce lieu magnifique, avant son concert, mais après sa sieste. Interrogatoire musclé sur ses peintures, sa rencontre avec Erol Alkan, ses nouveaux projets et sa coupe de cheveux.

ENGLISH VERSION

Salut Connan, comment ça se passe pour toi ? C’était cool hier ? (ndlr le groupe jouait à Mulhouse, au Temple St Etienne)
Oui j’ai beaucoup aimé l’endroit dans lequel on a joué, qui était assez impressionnant quand même. Donc tout va bien.

Comment un Néo-Zélandais comme toi s’est retrouvé à Londres ?
Bonne question (rires). C’est certainement pas à cause du temps. En fait, c’est tout simplement parce que je trouvais que les gens étaient assez fermés et pas très réceptifs à ma musique en Nouvelle-Zélande.

Et du coup comment tu as atterri sur le label d’Erol Alkan, Phantasy ?
J’avais quelques problèmes en Angleterre avec l’industrie du disque, la façon dont ça se passait. Alors je suis retourné chez moi et ma mère tenait quand même à ce que je fasse un album. Mais il n’avait jamais été joué jusqu’à ce qu’Erol le découvre et décide de le sortir… Erol est simplement quelqu’un en qui j’ai confiance.

Tu te reconnais dans le catalogue de ce label ?
Pas tellement non, c’est vrai que c’est bizarre, j’arrive pas à faire le rapprochement.

Tu avais un groupe à l’époque, vous vous êtes séparés…
J’avais pas l’impression d’être libre, quand je voulais changer des choses ça se faisait pas forcément. Et en bossant seul je peux faire comme je le souhaite, c’est bien plus sain pour moi. Mais j’ai un groupe aussi maintenant !

L’aspect visuel semble être assez important pour toi, notamment dans tes clips. A quoi on peut s’attendre ce soir ?
J’aime beaucoup les gens qui composent le groupe avec moi en ce moment, c’est des potes, et ils aiment bien s’habiller bizarrement donc il y aura quelques costumes. Par contre, il n’y aura pas de visuels ou de vidéos… En ce qui concerne les vidéos de l’album ce n’est pas moi qui les fais, j’aide à la conception mais ça s’arrête là.

C’est toi qui a réalisé la pochette de l’album, c’est une de tes peintures.
Oui, c’est ça. J’avais fait une autre peinture mais j’ai du la changer car on me traitait de raciste. Je sais pas trop pourquoi. Du coup j’ai fait cette poupée que j’ai peinte.

Est-ce que tout est lié au final chez toi, la vidéo et la musique ?
Mmmh, non pas vraiment, je fais la musique avant donc ça peut tout à fait s’envisager sans visuel.

J’ai lu que l’album avait été enregistré en une prise.
En fait j’ai écrit et enregistré l’album tout seul, comme ça venait. Je ne voulais pas enregistrer des chansons puis les coller dans un ordre différent dans l’album. Alors j’ai juste essayé de produire quelque chose qui traduisait ce qu’il se passait en moi à ce moment là.

Tu t’étais imposé une contrainte de temps ?
Non pas vraiment, mais je voulais que l’album fasse 36 minutes.

C’est toi qui choisis les artistes qui font des remixes de tes morceaux ?
C’est vrai que je pourrais choisir ou demander à des gens mais je t’avoue que je m’y intéresse pas trop et Erol aime bien gérer ce genre de choses donc c’est lui qui s’en occupe. Après, on m’a demandé de faire des remixes mais je sais pas trop ce que je fais. Bon en même temps pour mon album, je savais pas trop ce que je faisais non plus et ça a quand même marché. C’est plutôt marrant d’ailleurs. Je suis en train de préparer un remix pour The Horrors là.

Concernant le futur, tu es déjà en train de travailler sur un nouvel album ?
Y’a mon pote Sam Dust de Late of The Pier qui est là ce soir, et avec lui on est en train de travailler sur un projet d’album (« Soft Hair »), ça devrait bientôt sortir. On n’a pas énormément de temps il faut que ce soit bientôt terminé, donc on travaille dessus un peu tous les soirs dans la chambre d’hôtel.

Est-ce que tu as eu l’occasion d’écouter Cascadeur qui joue après toi ce soir ?
J’en ai un peu entendu parler car la sœur de ma manager est dedans et joue d’un vieil instrument : les Ondes Martenot.

Est-ce que comme lui tu serais prêt à rejouer ton album avec un orchestre symphonique ?
(longue réflexion)
Non… c’est pas tellement quelque chose qui m’intéresserait, et puis c’est tellement de boulot je sais pas si je serais capable de tout refaire sachant qu’à la base j’avais pas fait l’album pour qu’il soit écouté par les gens. Je l’ai fait car ma mère me l’a demandé.

Tu connaissais quoi de Dijon avant de venir ce soir ?
(gêné) Pas grand chose… Je sais juste que c’est une ville assez vieille et très jolie. Y’a des trucs que j’aurais du savoir ?

Les musées, la gastronomie, la moutarde, tout ça…
Tu sais, l’Europe c’est tellement différent de chez moi. Il y a énormément de belles choses partout et c’est le cas ici.

Tu as dis que ta musique était mieux reçue par les Français que les Anglais, est-ce que c’était la même chose concernant les deux expos que tu as fais à Londres et à Paris ?
Alors du coup non j’ai pas pu faire ces expos, j’ai pas eu le temps avec la tournée donc ça se fera l’année prochaine. Mais c’est vrai que les Français ont tout de suite bien reçu l’album contrairement aux Anglais qui ont l’air d’être dans une phase un peu bizarre en ce moment. Je trouve que les Français attendent moins qu’on leur dise quoi écouter, ils ont l’air plus libres dans leur choix.

Dernière question, qu’est-ce qu’il se passe avec tes cheveux ? Comment tu fais pour avoir cet effet « sorti du lit » tout le temps ?
Ça vient juste du fait que je dors beaucoup, en fait. D’ailleurs j’étais justement en train de faire la sieste avant l’interview.

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Propos recueillis par Sophie Brignoli et Mister B / Radio Dijon Campus.
Décembre 2011 – Grand Théâtre de Dijon
Photo : Capture du clip « Forever Dolphin Love »
English version.