On pense que le groupe que tu vas écouter tout l’été s’appelle BADBADNOTGOOD.

Originaire de Toronto, le trio BBNG vient tout juste de sortir un deuxième album, BBNG2, après seulement un an d’existence et une poignée de concerts à travers les Etats-Unis ou le vieux continent. A l’image du premier opus, cette nouvelle galette est en partie composée de reprises couleur jazz de grands standards hip-hop, de J-Dilla à Gang Starr, Nas ou même de projets plus récents comme ceux de Clams Casino, James Blake et Kanye West. Ils font le buzz depuis plusieurs mois sur la blogosphère grâce à leurs mixtapes et les fameuses collaborations avec le cinglé Tyler the Creator, gros fan du trio canadien. Pour en rajouter une petite couche, les types sont également encensés par le grand Gilles Peterson, qui voit en leur musique l’âme des débuts de The Roots. Bon, et alors ?

Et bien qu’on rassure tout de suite les puristes du genre : en 2012, les petits jeunots de BBNG ne prétendent aucunement réinventer le jazz. Cependant, ils rafraîchissent ce vieux pépé avec une coupe courte bien taillée sur les côtés et un lifting de la caisse claire. Le trio fait le pari de rajeunir le vieux dinosaure et compte bien lui redonner un nouveau souffle. Détrompez-vous, ils ne sont pas qu’un énième groupe se limitant à de simples reprises barbantes. De leur jeu se dégage une vivacité authentique et brute, une influence résolument hip-hop, mais sans le ramassis de conneries renfermée sous la casquette.

Jazz 2.0.

C’est notamment par leur jeune âge (à peine la vingtaine) et leur côté nerd assumé que le projet gagne en popularité. BBNG donne l’occasion de faire (re)découvrir le jazz à toute cette jeunesse dopée aux rythmes électroniques, qui considèrent injustement cette musique de papa. Ne se cantonnant pas à reprendre leurs pères, c’est dans leur deuxième album que ces bébés d’Internet démontrent leurs talents de compositeurs avec des morceaux tels que Vices, UWM ou Rotten Decay, énergiques à souhait, débordants de fougue, gage de cette jeunesse qui veut casser les codes du jazz, en le liant à jamais à une identité contemporaine, pour ne pas dire 2.0.

Cerise sur le gâteau : ces kickers de jazz n’en ont que faire des majors (du moins pour l’instant) et ont mis toute leur discographie gratuitement en ligne sur leur site officiel : les excellentes mixtapes, les deux albums et même leurs versions live. Pas de raison de dire que vous n’avez pas pu les découvrir comme il se doit.

El Pescador

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http://badbadnotgood.bandcamp.com