Pas de bol, hier j’suis allé boire une bière, deux bières, trois bières, quatre bières… Le temps de, y’a un chenapan qui m’a volé toutes les notes que j’avais préparées… Pas d’chance quand même ! Surtout que je vous révélais une affaire d’Etat. Mais ici à Sparse, c’est comme au Pony Express « le courrier n’attend pas », alors M’sieurs Dames, j’vous livre rapidement ce qui aurait dû être un long et bel article détaillé.

Est sorti y’a pas très longtemps le tome 3 de Martha Jane Cannary : Les dernières années 1877-1903 : La vie aventureuse de celle que l’on nommait Calamity Jane. Depuis plusieurs années, cette bédé avançait tranquillement, sûrement avec des dessins magnifiques, tout en lavis d’encre de chine noir et gris. Un dessin expressionniste ou très simple d’apparence à d’autres moments, mais très détaillé. Du coté de l’histoire, dans la bio de Martha Jane Cannary c’est aussi très détaillé puisque ça s’appuie sur les lettres que Calamity Jane envoyait à sa fille. Et ça c’est super important car elle est là notre affaire d’Etat. En 2010, un journaliste de Libé dévoilait que Jane McCormick, la fille de Martha Jane, était une mytho. Toutes ces lettres étaient inventées. Un historien dans le Dakota avait dévoilé le pot aux roses. Alors je me disais : Pour le tome 3,  que vont-ils faire ? Ignorer l’info ou modifier l’affaire ?

Et, presque déception. Pas un mot sur cette affaire. Presque deux ans après la révélation, Blanchin et Perrissin ont continué comme si cette correspondance n’était pas inventée. C’est presque même la thèse inverse. A la fin du bouquin, il y’a quelques mots sur la fille de Calamity Jane et rien sur ce canular. Le parti pris des auteurs semble être le suivant : comme on est dans un récit, un roman graphique, l’histoire peut alors être considérée comme à moitié fausse – à moitié vraie, seuls comptent l’histoire, le rythme, le plaisir d’une vie racontée. Malgré tout, les trois tomes sont excellents, il faut les lire. On se trouve plongé dans un univers far-west finissant, au début de l’ère industrielle, et on va jusqu’à Deadwood.

Adoption et psychologie

Les deux bédés suivantes n’ont rien à voir. La première est très très classique, c’est La Mémoire de L’eau, tome 1et 12. L’avantage c’est que comme les deux sont sorties à peu près à un mois d’intervalle, on peut se faire la lecture intégrale. C’est une histoire assez simple qui se déroule du côté de la Bretagne. Une petite fille, Marion, s’installe au bord de la mer dans une maison familiale. Ses grands parents y ont vécu une trentaine d’années. Et derrière va se développer une histoire autour d’un secret familial, une espèce d’énigme plus ou moins magique avec des esprits de la mer. Le tome 1 est plutôt alléchant mais le 2 est un cran en dessous puisqu’on rentre dans une fantasmagorie assez sage. Ça se lit bien quand même.

La dernière bédé, Les Satellites, un one-shot, est une histoire étrange qui tient sur pas grand chose, ça pourrait faire un très mauvais film de genre français. Une histoire sentimentale qui se déroule dans une chambre, entre un couple : Aurélien et Nicole. Finalement, ces deux là sont frangin et frangine et vivent de manière fusionnelle. Aurélien en a ras le bol de ses parents et décide de passer une petite annonce pour se faire adopter. Il rencontre Olivia. Elle le sort de son train train papa/maman, lui fait découvrir des sphères culturelles bourgeoises. Ca le dépayse. Il va y croire jusqu’au jour où il va découvrir qu’Olivia a déjà « adopté » un p’tit jeune paumé comme lui quelque temps avant. Il se passe pas grand chose finalement en termes de rebondissement mais le rythme est super bien tenu. C’est bien dialogué, le climat est très bien posé. C’est très psychologique. Vraiment, une belle réussite !

– Martial 

Les Satellites – Franc et Gastold – Bayou Gallimard,  16 euros
La mémoire de l’eau – Reynès et Vernaytome – Dupuis,  11euros
Martha Jane Cannary, Tome 3 : Les dernières années 1877-1903 : La vie aventureuse de celle que l’on nommait Calamity Jane –  Blanchin et Perrissin – Futuroplis, autour de 20 euros 

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Retrouvez la chronique bédé de Martial sur les ondes de Radio Dijon Campus tous les mardis à 8h40 et vers 12h20.