On continue de suivre nos dijonnais en Grèce. Day 2. L’équipée sauvage a enfin foulé la terre d’Aristote et de Demis Roussos.

Les zikos se tirent directement à l’hôtel à Selianitika, le camp de base de la tournée. Parait qu’il doivent se reposer… On plonge dans la ville, guidés par Maria. On accompagne Edouard et Roxanne (les photographes) qui accrochent leur expo dans un café culturel de la ville.

Rencontre avec Nikos et Aristote (sic), les proprios du lieu : un dédale de petites salles sur différents niveaux. Café, concert, expos… ils nous expliquent le manque de lieux comme ça dans la ville et la difficulté d’en ouvrir en Grèce. Aussi, le fait que tout est privé dans la culture et que les choses avancent très, très lentement. Malgré ça, leur lieu marche plutôt bien. Pardoxalement, les gars trouvent que la crise en Grèce a eu un effet positif sur les milieux artistiques. L’argent manque, c’est vrai, mais ils n’ont jamais vu autant de gens créer des choses (théatre, danse, musique) et chercher des endroits pour s’exprimer. Ils n’ont jamais vu le public aussi nombreux aux spectacles. « C’est comme ça dans chaque pays en crise. Regardez en Suisse : pas une crise, pas un artiste ». Ya quand même eu Stephane Eicher…

On en profite pour parler des élections de la veille. C’est quand même les premiers Grecs qu’on croise. « Le vote est forcément un vote de crise. Les extrêmes l’emportent. Les politiques en place et les médias mainstream ont essayé de faire peur aux gens, ça n’a pas marché. On n’est pas prêt d’avoir un gouvernement ». Sur le reste de l’Europe : « On n’en veut pas aux Allemands mais à leurs banques. Si on se renseigne un peu sur le net et les médias alternatifs, on sait que les banques essayent de faire un exemple avec la Grèce ».

Les mecs semblent résignés,
mais nous glissent quand même
qu’ils sont les premiers travailleurs
en Europe en nombre d’heures.
Loin devant l’Allemagne.

Autre extrait : « Pourquoi nous ? Il y a plein de pays qui ont une dette plus importante que nous, même les Etats-Unis. C’est pas une histoire de dette. S’ils arrivent à faire payer aux Grecs une somme dont personne ne sait d’où elle vient exactement, ils pourront la faire payer à tout le reste de l’Europe. On est une experience. »

Les mecs semblent résignés, mais nous glissent quand même qu’ils sont les premiers travailleurs en Europe en nombre d’heures. Loin devant l’Allemagne. Ils nous payent des coups en découvrant l’expo photo d’Edouard. Feta/cassis. C’est le nom du concept. Un diptyque autour des clichés sur la Bourgogne et la Grèce. Ils ont l’air d’apprécier le travail.

On file chez Vlepo, une web radio associative ou les kids de Radio Campus sont en pleine interview. Giorgos et Andreas, dégaine de bûcherons Ecossais l’ont créée il y quelques année déjà. Partis de rien, ils ont acheté un immeuble en plein centre-ville, construit des studios radio, des studios d’enregistrement. « On avance petit à petit. On est plus de cent en ce moment à participer, on décide tout ensemble ».

On enregistre les groupes, on fait des sessions live, on passe de la musique alternative ce qui ne se fait pas sur les radios FM : « on fait du live, pas de la playlist ! » Tiens pourquoi pas la FM ? « En Grèce, tu achètes ta fréquence ou alors ils te la filent si tu émets en pirate assez longtemps ».

Quoi ?! « Bienvenue en Grèce, mec ! »
« Ensuite, de toute façon, tu te fais acheter ta playlist par des annonceurs ».

Chez Vlepo, on ne gagne pas d’argent. C’est l’argent gagné en travaillant à côté qu’on dépense dedans (où on apprend qu’Andreas tient une distillerie pour gagner sa vie).

« On ne fait pas de pub ». A voir la gueule qu’ils tirent quand je leur parle de subventions éventuelles, de l’argent public, je vais pas leur expliquer comment ça se passe chez nous maintenant. La crise, Vlepo ne la subit pas. « Parce qu’on fait tout ça avec notre argent ». Eux aussi trouvent les artistes ultra-créatifs depuis 2 ans. « En Grèce, tu fais toi-même, tu payes toi-même. Sur Internet c’est plus simple et ça marche ». Les mecs ont quand même 50.000 connexions par mois. Pratiquement toutes venant de gens du coin. Respect.

On rejoint les autres à Selianitika, village de carte postale grecque, merci Sam. Logé dans l’hôtel de Théo. « Tu cherches un hôtel ? Ouais, j’en connais un bien ». Ambiance Melrose Place. Confort. Les groupe sont posés, baignade et bouffe. Tiens, les rockeurs au bar !

« Ca va les gars ? »
« AAAAAAHHHHHH ! GRAAAAAHHHH ! »

Ah ouais, apparement ça va. Demain, mardi 19 juin, premiers concerts de la tournée.

– Costa Bordino, en Grèce.

Photo : Giorgio et Andreas, à la tête de la webradio Vlepo à Patras.