Comme c’est notre dernier jour en Grèce, on a décidé de rester à Selianitika et profiter pleinement de cette fête de la musique. Au menu du jour : concerts à domicile, atelier cuisine et bain de soleil sur la plage.
On commence par aller se baigner. Et comme tout le monde s’est déjà blessé au moins une fois, on se refile tour à tour les chaussures de plongées de Sam. Déjeuner paisible en bordure de plage avec la désormais fameuse salade grecque qui se compose d’olives, de tomates, de concombres, d’oignons crus et de fêta. Pour 5€, l’assiette est très copieuse, personne n’en viendra à bout.
En début d’après-midi, on part faire les courses avec la maman de Maria qui s’est proposée de nous cuisiner un plat typique du coin, le soutzoukakia : des boulettes de viande très épicées au cumin, servies avec du riz et une sauce tomate. On s’installe alors dans la cuisine de notre appart et on attaque la préparation. En bonne hôte et à l’image de tous les Grecs rencontrés jusqu’alors, elle veut tout faire toute seule. On a déjà failli se battre au moment de régler les courses, maintenant elle refuse notre aide en cuisine. Il faut savoir que, hormis les fruits et les légumes locaux, tout le reste coûte aussi cher ici que dans les supermarchés français. S’il on y ajoute les baisses de salaire et l’augmentation des taxes (alcools, gasoil…), le pouvoir d’achat en Grèce s’est littéralement effondré.
Scénario typiquement méditerranéen : alors que les filles assistent à l’atelier, certains des garçons -déjà fermement accrochés à leur bière (elles font toutes 75cl ici)-, traînent sur notre terrasse espérant pouvoir goûter les boulettes avant tout le monde.
SOUTZOUKAKIA (500gr)
Temps de préparation 30/45 min.
– 400gr de veau haché
– 1 bel oignon
– 2 gousses d’ail
– 3 c.à.s de cumin
– 2 c.à.s de poivre moulu
– 1 brique de sauce tomate (250ml)
– 1 verre d’huile
– 1/2 verre de chapelure
– farine
-> Peler et émincer l’oignon et l’ail.
-> Mélanger-les avec les épices, la chapelure, la viande et ajouter 2c.à.s d’huile. Ajouter un fond d’eau.
-> Pétrir avec les mains jusqu’à ce que la pâte devienne bien homogène, presque collante.
-> Confectionner de petits boudins avec la pâte puis les rouler dans la farine. Ceci évite qu’ils se désagrègent au moment de la cuisson.
-> Verser un fond d’huile d’olive dans une poêle bien chaude et plonger les boulettes dans l’huile chaude. Laissez cuire à feu vif 15 min.
-> Pendant ce temps, dans une casserole verser 2 verres d’eau avec le contenu de la brique de sauce tomate (à feu vif), laisser la sauce bouillir afin qu’elle s’épaississe. Après 10 min de cuisson, verser un peu de l’huile de cuisson des boulettes dans la sauce.
-> Les boulettes sont cuites quand une croûte commence à se former tout autour (environ 15 min).
-> Accompagner avec du riz ou des patates rissolées.
Pompes sur une main, genou ensanglanté
et bière au large
Les concerts débutent peu de temps après ; c’est le projet solo de Larry, Fishaking, qui ouvre le bal. Toujours sous le charme de ses covers de Metallica (surtout One), on est agréablement surpris de voir certains des membres d’11Louder le rejoindre sur scène pour les deux derniers morceaux. Les différents groupes ont eu le temps d’apprendre à se connaître lors du séjour et musicalement les échanges ont gagné en richesse. Les musiciens sont maintenant complices et ça se ressent sur scène. Cette soirée sera dédié au boeuf musical et au mélange des genres.
Medja et Silem, nos deux breakers sont installés juste à gauche de la scène et ont, tout au long de la semaine, dansé entre les sets des différents groupes sur fond du funky Against All Odds de Chase and Status. À des années lumières du sirtaki, cette danse acrobatique épate le public de Selianitika. Il faut dire qu’à seulement 17 ans, les deux cousins maîtrisent parfaitement cet art de rue. Toute la semaine, sous 35°c, on les a regardé s’entraîner avec admiration voire même avec étonnement lorsqu’ils réalisaient des pompes à une main entrecoupées de petits sauts. Les cadets du groupe nous ont réappris le sens du vieil adage “un esprit sain dans un corps sain”.
Ce sont les énervés d’11Louder qui reprennent le flambeau avec le charismatique chanteur/grunt : Punk. Une voix rauque, des textes fédérateurs (“I wanna fuck you”, “I need more beer”, “we play fucking rock’n’roll”) le tout avec son accent doubien et un jeu de scène à rendre amoureuses toutes les mamans grecques. On prend notre pied, ça headbang sec au premier rang. Les mecs sont aussi déchaînés sur scène qu’agréables une fois le show terminé. On se souviendra longtemps des baptêmes à la bière du public et des amplis orchestrés par Punk, de Martin le guitariste qui finira le genou ensanglanté après une procession des plus étranges… Pour les amateurs de rock énergique aux accents vintage, un premier EP Loud and Fast, sorti en 2011, est disponible.
Changement de registre avec le projet Damien Saint Loup qui a lui aussi sorti un premier album l’an passé. On avait tous été charmés lors de leur première prestation live pour le tremplin des Eurocks à la Vapeur. Car même si la formation quintet (guitare/basse/batterie/clavier/violon) est plutôt récente, les musiciens qui la composent ont tous un solide passé de zikos. C’est plutôt pop mais les influences de Damien sont diverses : parfois soul avec ces riffs de basse, carrément jazzy avec des rythmiques exécutées finement à la batterie et des solos de Rhodes parfaitement maîtrisés. Sans oublier le violon mélancolique de POF. On commence à se détendre sérieusement.
Place au math rock bruyant du trio TRNT BRNT. Blaise a une manière très particulière d’hurler et on a l’impression qu’il répète une seule et même phrase tout au long de chacun des morceaux. Qu’importe, la formation guitare-basse-batterie est dynamique et nous aide à affronter le long processus de digestion qui s’engage après la moussaka servi ce soir-là.
NoisyGift est le seul groupe qu’on découvre pour la première fois sur scène. Mais pour les avoir entendu jouer sur leur balcon des reprises allant de Radiohead à Coldplay on ne doutait déjà plus de la diversité de leur répertoire. Michael, chanteur du groupe se lâche sur scène, il ose des pirouettes vocales et s’en tire plutôt bien. Rock énergique, fédérateur, ils ont réussi à capter l’attention du public de Selianitika. Grosse ambiance devant la scène.
God ! Only Noise clôture élégamment la série de concerts des groupes français. Les plus jeunes musiciens de la tournée ont déjà à leur actif plusieurs shows remarqués notamment pendant la dernière édition du festival Kill Your Pop et lors des auditions régionales pour le tremplin du festival de Bourges. Musique pop très mélodique, romantique, allant parfois vers des tonalités électro avec le synthé d’Adrien. Gabriel, au chant et à la guitare, est à l’aise avec cette voix qu’il pousse façon rockab’. Eux aussi ont sorti un album 6 titres en 2011 et commence à tourner, y compris à Paris et Lyon. Thumbs up pour la pochette.
Pour finir, Los Dos O Mas invite sur scène les différents musiciens français, tout le monde se prend au jeu. C’est ainsi qu’on retrouve Punk et Michael en train de chanter sur du reggae pendant que Larry ressort son beatbox sur les textes de la rappeuse locale. Les guitaristes sont nombreux à défiler sur scène, la magie opère. Un moment comme celui-ci justifie à lui tout seul le projet Greek Tour.
La fête de la musique se termine vers 1h30 du mat’ alors que certains irréductibles continueront l’aventure jusqu’au lever du soleil. Il est temps pour nous de faire le bilan et de préparer le très attendu best-of du voyage. Suite et fin au prochain épisode.
– Sophie Brignoli, à Selianitika
Photos : Elvire Camus (danseur et batteur), Arnaud Aubry (bière sur scène), Roxanne Gauthier (recette)