Les Nuits Péplum d’Alésia, c’est le festival d’été le plus cool de Côte d’Or pour la simple et bonne raison qu’il est situé sur un site historique qui défonce. Ici on est au théâtre des Roches à Alise-Sainte-Reine. A tout juste quelques jours de l’événement, on a refait le monde dans un café avec Fred Mousseron, directeur de la programmation et Fabienne Creuzenet, présidente de l’association Alésia et Compagnies. Enfin on a surtout parlé musique, spectacle, et aussi un peu de cette pipe qui s’appelle Juliette.

On s’était rencontré l’an passé. Qu’est-ce qui a changé depuis, pour le festival ?
Fred Mousseron :  Pas l’envie, déjà ! Cette édition 2012 a été difficile à monter. Et ce qui ressort de tout ça, c’est clairement l’envie qu’on a de poursuivre l’aventure. On a beaucoup réfléchi au niveau du conseil d’administration pour savoir s’il fallait relancer la machine. On a eu une grosse discussion et on a fait le choix d’y retourner tous ensemble en se disant que c’était la meilleure façon de sauver ce festival.

Fabienne Creuzenet : Le festival rencontre des difficultés financières, la décision a donc été longue à prendre. Mais c’est une décision collective et c’est la meilleure façon d’avancer. Ce n’est pas en faisant rien de toute façon que cela se résoudra.

Est-ce que ces difficultés financières ont joué sur la programmation de 2012 ?
Fred Mousseron : Ça a une influence, évidemment, parce qu’on est obligé de limiter nos dépenses. Comparé aux trois dernières éditions, c’est vrai qu’on n’a pas forcément un artiste « hyper populaire », que tout le monde connaît. On a Alan Stivell qui joue ce rôle là, mais il reste un peu en marge des grosses stars qu’on a pu accueillir comme Johnny Clegg ou Maurane. Après, ça permet aussi de recadrer la programmation. Le choix de cette année a été de mettre en avant des artistes qui n’avaient pas forcément bénéficié d’une forte exposition médiatique, mais qui malgré tout affichaient une carrière remarquable. Que ce soit Alan Stivell qui fête ses 40 ans de carrière cette année, les Têtes Raides qui finissent leur tournée avec un nouveau spectacle à Alésia, ou encore Didier Wampas qui après 20 ans de folie attaque une carrière solo avec une nouvelle formule… Ce sont de vrais artistes de scène qui sont toujours là 25 ans après ! C’est aussi pour montrer à notre fidèle public qu’on peut faire carrière sans passer par les cases « télé, radio, etc. » On garde toujours le même principe des 3 têtes d’affiche, une par soir, avec une couleur bien différente à chaque fois. Et puis des découvertes qui nous semblent prometteuses, des vraies révélations qui sont en train de s’imposer sur la scène nationale. Le festival commence à avoir une très bonne notoriété en ce qui concerne l’aspect découverte.

Qu’est-ce que l’ouverture du MuséoParc d’Alésia va changer pour vous ?
Fred Mousseron : Déjà, nous sommes partenaires. Un visiteur du MuséoParc peut bénéficier du tarif réduit pour venir aux Nuits Péplum. On espère aussi que les visiteurs qui seront présents le week-end sur le site d’Alésia auront envie de venir le soir aux concerts. La partie restauration – buvette étant en accès libre, on est sûr que les gens profiteront dans tous les cas de l’installation. Et forcément, l’impact médiatique du MuséoParc nous aide. On verra dans quelques années, mais ça ne peut être que positif pour nous !

L’an dernier, on parlait d’une éventuelle deuxième scène. C’est toujours d’actualité ?
Fred Mousseron : Comme on était dans une situation compliquée cette année, on est allé à l’essentiel. On a fait le choix de soigner les installations, il y aura donc des surprises pour les habitués. Je ne peux pas en dire plus. (sourire) Mais si tout se passe bien l’an prochain on arrivera enfin à mettre en place cette deuxième scène pour les découvertes locales.

Quel est le principe de la programmation cette année ?
Fred Mousseron : On est toujours dans cette logique de « 3 soirées, 3 couleurs musicales ». Le vendredi avec Alan Stivell, c’est plutôt musique celtique, traditionnelle, qui rappelle Alésia. L’an dernier ça avait très bien marché avec Tri Yann donc on fait plaisir à notre public qui découvrira un autre Breton. Le vendredi c’est une première soirée world : on a aussi du blues, de la soul, de la chanson… c’est très varié et ouvert ! Le deuxième soir, on rentre dans le rock et ses tendances : punk-rock, rock cuivré, rock électro. Enfin dimanche c’est chanson. De la chanson militante, festive. L’idée du dimanche c’est aussi la famille avec le spectacle gratuit pour les enfants et les familles l’après-midi. On a encore une très belle programmation, des spectacles, des ateliers et notamment une super démonstration de cerf-volant.

Est-ce que le festival est militant ?
Fred Mousseron : Il l’est dans son mode de fonctionnement d’abord. Cette volonté d’associer les bénévoles à l’organisation, tout le monde se sent concerné, il y a une vraie émulation. Et puis après dans son ouverture et sa volonté de réunir le plus grand nombre de personnes, on est aussi exemplaire je trouve. On n’a pas envie de se spécialiser dans un genre. C’est un festival qui a été conçu pour les gens du cru au départ, on doit donc être à leur écoute. Il y a un panel musical suffisamment large au final pour que chacun y trouve son bonheur.

Si vous deviez me donner 3 adjectifs pour décrire les Nuits Péplum ?
Fred Mousseron : Un site exceptionnel, une ambiance familiale et du plaisir pour chacun. Tout le monde s’y sent bien, à la fois le public et les artistes.

Fabienne Creuzenet : Je dirais magique et enthousiaste. L’enthousiasme, c’est vraiment une valeur de ce festival. Et le mot magique est celui qui ressort le plus dans les commentaires des gens.

Comment définiriez-vous le public des Nuits Péplum ?
Fred Mousseron : C’est un très bon public ! En tout cas c’est ce que les artistes nous disent. Du fait de la configuration du site il y a une vraie proximité entre eux, il n’y a pas de barrières comme on peut le voir ailleurs. Le public est vraiment attentif, réceptif et chaleureux. C’est pas un public qui a l’habitude de fréquenter énormément les festivals. C’est peut-être le seul concert de l’année pour 80% des gens, donc ils le prennent plein pot, ils profitent au maximum ! Je me souviens de Johnny Clegg qui à la sortie de son concert m’avait dit : « C’est merveilleux, le public est là pour moi ». (rire) Puis dans la programmation, je n’ai pas envie de faire comme dans un catalogue, où les gens jouent pendant 1 heure et s’arrêtent. On laisse le temps aux artistes de s’exprimer, s’ils ont envie de rester sur scène plus longtemps ils peuvent le faire.

Fabienne Creuzenet : Oui, intergénérationnel également : il y a toutes les classes d’âge et tous les profils de personnes ! C’était aussi un des objectifs de départ.

Quelle chanson évoque le mieux le festival ?
Fred Mousseron : Dans le dernier album des Têtes Raides il y a un morceau qui s’appelle « Je voudrais ». Ça résume assez bien ce qu’il s’est passé cette année. C’est cet enthousiasme local qui a fait qu’on est là.

Votre meilleur souvenir sur ces 11 dernières années ?
Fred Mousseron : Il y en a énormément… Les mots de Jacques Higelin évidemment en 2004, ça a été un vrai détonateur pour toute l’équipe.

Fabienne Creuzenet : C’était la première vraie reconnaissance de la part d’un artiste de cette importance. Le moment était très fort pour tout le monde. Il a été super chouette avec chacun, il a pris le temps d’aller serrer la main à tout le monde, d’aller voir les gens.
On peut citer aussi Grand Corps Malade qui avait réussi à mettre une telle émotion dans ce théâtre… c’était incroyable.

Et le pire ?
Fred Mousseron et Fabienne Creuzenet : Juliette !

Fred Mousseron : Elle a été infâme.

Fabienne Creuzenet : Elle a ce personnage médiatique qui te donne l’impression qu’elle est sympa. Mais c’est la pire chieuse qu’on n’ait jamais reçu. Odieuse avec tout le monde. Juliette, plus jamais.

Fred Mousseron : Elle se comportait comme une diva avec ses musiciens, son régisseur. Elle n’a vraiment rien compris au festival. Du grand n’importe quoi du début à la fin. J’étais vraiment déçu.

Est-ce que vous allez jeter un oeil aux autres festivals ?
Fabienne Creuzenet : Oui, souvent on va au Chien à Plumes. On essaie aussi d’aller à Chalon dans la Rue, comme j’aime beaucoup le théâtre de rue.

Quelle regard vous portez sur Dijon ?
Fred Mousseron : C’est une ville qui a beaucoup évolué. La culture a pris une vraie place depuis une dizaine d’années. Il y a des outils pour travailler, des professionnels, plein de créations. Cela évolue dans le bon sens. Après, ce qu’on peut peut-être regretter, c’est qu’il y a de moins en moins de lieux où on peut jouer sans que ce soit hyper cadré, car ça nuit ensuite à la représentation.

Fabienne Creuzenet : Par rapport à l’époque où j’étais étudiante, j’ai l’impression que c’est une ville qui s’est réveillée.

Cette année le concert de rentrée accueillera entre autres Charlie Winston, Amadou & Mariam, Kavinsky…
Fabienne Creuzenet : On sera là !

Fred Mousseron : C’est énorme et de plus en plus gros. C’est génial le concert de rentrée, vraiment, mais il y a des gens qui programment ces artistes toute l’année déjà. Je m’interroge. Je trouverais ça plus intéressant de faire découvrir aux Dijonnais des artistes un peu moins « commerciaux ». Et puis ça ne nuira pas à la fréquentation car en général au concert de rentrée tout le monde sort.

 

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Les Nuits Péplum d’Alésia
27, 28 et 29 juillet 2012
Plus d’informations : www.lespeplum.com