Batman devant la caméra de Christopher Nolan, c’est fini. The Dark Knight Rises est l’épisode des adieux. Alors justement qu’est-ce qu’elle vaut cette conclusion de la trilogie amorcée en 2005 ?

Après le chef d’œuvre The Dark Knight, forcément le 3ème Batman était attendu comme le messie. Adieu le Joker (pas le choix après le décès prématuré de Heath Ledger), place au monstrueux Bane. Un méchant qui a priori a peu d’envergure, mais c’est sans compter sur Chris et Jonathan Nolan, responsables du scénario, encore une fois brillant. A l’instar d’Inception, Nolan signe à nouveau un blockbuster intelligent. En bref, il ne prend pas ses spectateurs pour des buses. Et Bane restera dans les annales des méchants les plus terrifiants des films de super-héros. Un personnage qui doit aussi beaucoup à l’interprétation viscérale de Tom Hardy.

Ce qu’on aime dans ce nouveau Batman, c’est d’emblée le passage à tabac du chevalier noir. La figure de Batman en prend un sacré coup. Contrairement aux deux films précédents, Bruce Wayne est absent du film pendant près de trois quarts d’heure. Jamais Batman n’a semblé aussi humain et vulnérable. Le milliardaire est devenu un reclus, vivant ses heures les plus sombres, le corps brisé, vieillissant, enfermé dans son manoir tel un Howard Hugues en fin de vie. Si la figure de Batman est pratiquement détruite (pour mieux renaître bien-sûr), Nolan en profite pour développer ses personnages secondaires, finalement déterminants dans l’intrigue : Catwoman (la pétillante Anne Hathaway) dont le nom n’est jamais mentionné ou encore un flic droit dans ses bottes. Un bémol cependant : le personnage de Marion Cotillard (SPOILER : ceux qui ont vu le film, allez voir ce tumblr, ça résume la qualité de son interprétation dans ce film) assez mal joué… Finalement TDKR montre que Batman est l’anti-héros par excellence, il est apparait humain, vaincu, traumatisé. Il aura besoin d’aide plus que jamais.

Plus que tout autre super héros, Batman est ancré dans la réalité. Ce réalisme, Nolan en a fait sa marque de fabrique tout au long de la trilogie : comme pour TDK, TDKR est un film contemporain, en phase avec la société actuelle : après la vision d’une Amérique post-11 septembre dans TDK, la crise financière est clairement évoquée avec la mise à sac d’un Wall Street plus vrai que nature. Le Joker braquait la banque des bandits de Gotham, Bane fout la branlée aux traders. Les riches prennent une bonne raclée dans une ville livrée à l’anarchie. Encore une fois, la ville Gotham est un personnage central, menacée par une apocalypse imminente, du jamais vu jusque-là dans la saga.

On en profite pour dire bravo aux créateurs des effets spéciaux, faits « à l’ancienne », non pollués par la 3D, comme le souhaite Nolan, d’autant plus spectaculaires grâce à la définition bluffante de l’image des caméras IMAX. Outre cette scène impressionnante dans le stade, la scène d’ouverture est déjà d’anthologie, en parallèle à la scène de braquage du second opus.

TDKR brille par sa volonté de boucler la boucle, en parfaite symétrie à Batman Begins où le justicier de Gotham devra à nouveau s’élever, de l’obscurité à la lumière. Nolan offre à nouveau un Batman épique, une réflexion sur le mythe du super héros, une excellente conclusion de sa trilogie d’un personnage qu’il a su s’approprier, en 2h45 et sans aucun temps mort.

– Alice Chappau