Vendredi, c’était la reprise de la ligue 1. Tu as passé tout l’été avec ton maillot floqué Zarour devant Gaston Gérard pour sécher tes larmes, tu ne comprends toujours pas ce qui a pu se passer pour ton équipe de choc. Carlo Ancelotti s’en est mieux remis que toi, mais bon, lui il a eu une enveloppe de 150 millions pour recruter.

Abasourdi, tu étais prêt à suivre Carteron dans son aventure en ligue des champions : tu y croyais vraiment, et l’imaginais battre à lui tout seul, avec ses incroyables capacités tactiques, le Barça et le Bayern. Las, tu t’étais mal renseigné sur les conditions qui rendent possibles de pouvoir parader sur la place principale de la ville en vidant du champagne sur les supporters : tes joueurs favoris en sont en effet réduits, comme Corgnet, à lorgner sur un transfert les éloignant de la cité des Ducs, ou à pleurer dans les bras d’une mascotte qu’on a littéralement envie de cramer.

Loin de là, avec quinze degrés de plus, onze éléments ont franchement fait la différence : Montpellier, « MTP » pour les intimes, c’est un peu l’exemple à la suivre pour que la place de la Lib’ finisse par ressembler peu ou prou à la place de la Comédie, et une relance de Méïté à celle de Yanga-Mbiwa. D’ailleurs tu auras tendance à passer tes vacances non loin de là, plutôt qu’au bord du lac Kir. En plus, ton maire a piqué l’idée du tram pour structurer la cité. Bref, si le Montpellier-Hérault Sport Club a tout défoncé cette année, ce n’est pas tant grâce aux fulgurances de René Girard ou à la classe mondiale d’un John Utaka que tout le monde avait oublié. C’est une ambiance, une atmosphère particulière qui a enfin rendu possible la réussite dans le 34. Et donc des acteurs, à identifier.

Des troubadours occitans et modernes, des hommes influences qui lancent des beef et des philosophes trop dark, avec beaucoup de soleil. Sparse te livre le onze majeur à côté duquel nos Dijonnais font pâle figure pour l’instant… et quelques conseils pour que cesse cette infâme suprématie montpelliéraine – ou pour la copier, comme pour le tram…

Loulou Nicollin (vs Bernard Gnecchi/Olivier Delcourt)

« Oh les gars, je me suis chier dessus, j’ai failli canner ». Voilà comment Loulou a accueilli la victoire finale de ses p’tits gars. Le président du MHSC aux faux airs d’Emile Louis -qui a eu dans son club Laurent Blanc, Patrice Loko, Bruno Martini, Roger Milla, Canto- se paie le luxe d’envoyer bouler le Milan AC qui lorgne sur son meilleur défenseur, Mapou Yanga-Mbiwa. Lui, qui a commencé à faire fortune dans la gestion des poubelles, s’y sent également comme chez lui dans ce que la droite populaire pourrait appeler des « élements de langage » : on retrouve en effet chez Loulou un mépris avéré pour les invertis, à croire que c’est une marque distinctive chez les grandes personnalités du patelin.

C’est encore le très regretté maire de la ville, Georges Frêche, qui en parlait le mieux : « Regardez comme il est maigre ! Quand il bande, il voit sa quéquette. Vingt ans que ça ne lui était pas arrivé ! » En attendant, c’est bien Loulou qui a été fêté par toute sa ville, là où les querelles intestines de l’équipe dijonnaise ont plombé notre saison.

Mesure à prendre : Faire faire un régime Mont d’or/ kébab/ raclette/ Bigard à Olivier Delcourt, le nouveau président du DFCO. Conseil en voie d’être suivi a priori : la future rubrique gastro de Sparse lui est d’avance dédiée.

Rémi Gaillard (vs Gérard Gagnant)

De la place de la Comédie à la rue du Bourg, une ville requiert des ambianceurs, ces amuseurs publics capables de lui donner une âme, tout en célébrant le club local : lui, ne manque pas de le faire. Alors que notre cher blond dijonnais, le bien nommé Gérard Gagnant, passe son temps à insulter les bourgeois et Ségolène Royal (?), Rémi Gaillard défie les condés, comme chacun sait, de manière bien plus rigolote, et surtout représente les couleurs de sa ville, là où l’autre nous les brise menu avec son youkoulélé, et n’est même pas fichu de mettre un maillot floqué Sankharé ou Bauthéac. On échange ? D’autant que Rémi Gaillard entend apparemment se présenter à la mairie de Montpel’ en 2014, arguant que « c’est n’importe quoi depuis la mort de Frêche ». Gérard Gagnant maire de Dijon ? Non merci.

Mesure à prendre il nous faut absolument des nouveaux comiques troupiers qui pèsent à Dij’ : faire donc un lobbying intensif auprès de Copé pour que les jeunes pop aient un siège bien à eux quelque part entre les Tanneries et la place Suquet.

Michel Henry (vs Gaston Bachelard)

Certes, il est décédé depuis un petit moment. Mais combien de villes de province peuvent s’enorgueillir d’avoir en leur sein un authentique philosophe de compet’, lu à fond aux States et au Japon? Phénomenologue en p’tite chemise, il a su ne pas céder aux sirènes de la Sorbonne. Contrairement au philosophe dijonnais bien trop barbu, dont tu pensais que ce n’était guère que le nom d’un amphi, Gaston Bachelard. Bon, le type était dans la maquis pendant le seconde Guerre mondiale, a fréquenté et tenu la dragée haute à Heidegger et a rédigea des travaux de phénoménologie et de philo esthétique incroyables. A-t-on à Dijon un penseur du même acabit ? Maurice Blondel ? Qui dans le coin pourrait rédiger quelque chose du niveau de De l’essence de la manifestation tout en ayant un putain d’air de Patrick Devedjian ?

Alors OK, il n’est pas plus lu à la Paillade ou à la Mosson que Bachelard à Fontaine d’Ouche, mais dis toi bien que ce gars là est probablement celui que devait avoir en tête Giroud lorsqu’il plantait des buts somptueux. Enfin, surtout lorsqu’il les célébrait : « la joie n’a rien au sujet de quoi elle puisse être joyeuse. Loin de venir après la venue de l’être, et de s’emerveiller devant lui, elle lui est consubstantielle, la fonde et la constitue ». Prends ça, Patrice Carteron.

Mesure à prendre que l’UB offre une chaire et un pont d’or à un jeune philosophe d’avenir comme Mehdi Belhaj Kacem, qui a d’ailleurs vécu à Montpellier.

Nikola Karabatic (vs Baptiste Reynet)

Avec un père entraîneur des gardiens, on l’imagine sauvant à lui tout seul la défense chancelante de Zarour et Bamba, qui se font casser les reins par les dribbles chaloupés de Belhanda et Cabella. Pas de bol, le beau gosse est plutôt fan du beau temps, et est même pote avec celui qui pose pour Têtu, Olivier Giroud. De plus, il est du genre à enfoncer le clou : « quand on gagne, tout devient plus beau », a-t-il pu déclarer. Genre, on aurait été champion, t’aurais croisé Colette Popard, ce serait devenu Scarlett Johansson, en gros.

Mesure à prendre remplacer Méïté et consorts par les gars du DBHB.

Georges Frêche (vs François Rebsamen)

Le bougre a été jusqu’au bout de son rêve avec ses statues sur la place des Grands Hommes. Dernièrement, c’est Mao qui a eu droit à un hommage somptueux. Autant dire qu’il faut avoir le sens de la fête, pour célébrer un gars responsable au bas mot de quarante millions de morts. Le mettre avec Lénine, au milieu de Gandhi ou de Churchill sans sourcillier. A côté de ça, l’ours de Pompon au square Darcy manque franchement de swag.

Le maire de la ville était capable, décontracté du gland, de lâcher : « les cons sont majoritaires, et moi j’ai toujours été élu par une majorité de cons et ça continue parce que je sais comment les engrener, j’engrène les cons avec ma bonne tête, je raconte des histoires de cul, etc… ça a un succès de fou […] les cons sont cons et en plus ils sont bien dans leur connerie ». Prends ça, la démagogie ! A quand un maire dijonnais déféquant aussi ostensiblement sur ses chers concitoyens ?

Mesure à prendre : enfermer Laurent Granguillaume avec Laurent Baffie, Alain Soral et Maïté dans un cagibi pendant 2 ans en vue des prochaines municipales.

Carlos Valderrama (vs ta coupe de cheveux)

Quoi que puissent admettre nos chers troubadours du Languedoc cités plus hauts, Montpel’ a toujours été réputé pour être une cité gay friendly, et ce n’est pas par hasard si a pu y jouer le footballeur le plus libidineux de tous les temps, qui a pu instillé son esprit et sa décontraction au sein de ce club, pour le résultat qu’on sait.  Si toi aussi tu bavais sur tes étiquettes Panini et que l’histoire du transfert du colombien t’intéresse, tu peux aller voir ici. A noter qu’à 49 ans, il lui arrive encore rechausser les crampons, avec ses bracelets favoris.

Mesure à prendre : stage filé de tous les joueurs du DFCO au Wooz à toutes les soirées célibataires, après les avoir customisés dans tous les salons de coiffure dijonnais qui tentent des calembours infernaux : « Faudra tiff’hair », « Hair pure », « Brun d’hair », ou encore « Planet hair ».

Le renouveau du rap français 

Cela va sans dire, Montpellier, c’est avant tout le renouveau du rap français : une petite scène extrêmement active y ambiance les rues, notamment le collectif qui se nomme « Les Monsieur MTP », dont voici les principaux protagonistes, qui enchaînent les mixtapes depuis peu.

Je ne peux guère leur opposer de rappeurs Dijonnais, même si il y a bien Al que je connais, qui collaborait fort bien avec Fabe à la grande époque. On trouve donc quelques noms qui circulent ça et là sur le net, du genre Atypikk, Giovanni ou Stellio… pour ceux que ça intéresse.

Joke

Joke, c’est ce rappeur aux faux airs de Pharrell Williams qui lâche des titres incroyables depuis quelques mois, et qui fait monter la sauce avant la sortie de son EP intitulé « Kyoto » attendu par beaucoup de monde. Des titres comme Luther Burger font le même effet qu’un retourné pleine lucarne d’Olivier Giroud. C’est la figure de prou du renouveau du rap français et de Montpellier, qui avait même signé un temps chez Stunts, le label de feu Institubes. Il s’était d’ailleurs distingué sur des titres excellents avec les gars de TTC. Les titres dingues, ça le connaît. Visez plutôt.

Le sieur a également collaboré avec du beau monde, genre Manaré, Action Bronson ou Brodinski. Bon, il ne déroge pas à la règle en vigueur dans le rap game, en étant bien salement homophobe, contrairement à notre Dijonnais Monis. En tout cas, le futur et MTP, c’est lui. Regardez son hymne récent, posé sur la compil’ We made it, ça envoie le pâté.

SSBIPS

L’acolyte du précédent se distingue par le choix fort judicieux de son titre d’album, intitulé « S.S. » Loin de faire l’apologie d’une histoire dont il n’a absolument rien à foutre, notre jeune Montpelliérain se fait en effet appeller « Sex Symbol » dans le 34. Sa première apparition était sur l’album de Joke paru chez feu Institubes ; il y faisait l’apologie de la groll, de la sneaker avec un certain brio et la même nonchalance gagnante d’un Gary Bocaly. On peut aussi le voir ici vanter ce qui s’apparente à une boisson qui ne semble pas avoir dépassé les frontières pourtant poreuses de l’Hérault.

KR

L’hommage à Parker Lewis est patent… Ce brave monsieur lâche de bien belles punchlines sur chacun de ses titres, et choisit fort bien ses instrus.

« J’ai fait le tour de la concurrence comme un rond point
Puis j’ai mis le rap de France en vente sur « Le bon coin »
Tu vas être stupéfait car c’qu’j’dis le prouve
Négro je vais faire l’oseille comme Krysty le Clown »

KR, c’est un peu le cauchemar des Chiennes de garde : un bon gros rappeur qui patauge dans la plus vilaine misogynie. Sa collaboration sur ce titre avec Bip’s met bien les points sur les « i » à ce sujet.

TITAN

Lui, décroche la palme de l’insolence et l’inconscience avec le nom de son album : loin de rendre hommage à l’impressionnisme, on se doute que le jeune homme a juste voulu faire un jeu de mot. Ce Rémy Cabella du rap game possède une certaine gouaille comme on peut le voir dans ce petit titre intitulé Grande distribution.

Etant le seul blanc bec du posse Les Monsieur MTP, il n’en possède pas moins ce bagoût et ce respect infini pour la gent féminine qui les caractérise tous… et un air de sous Mac Miller, il faut bien le dire.  On le voit ici dans un morceau de bravoure avec toute son équipe. 

Conclusion

Montpel’ n’avait jamais eu le titre ? Pourtant difficile de clôturer les autres atouts définitifs de cette ville, dont sont originaires ou ont vécu bon nombre de personnalités qui pèsent : Emilie Simon, Thierry Ardisson, Christine Angot, Auguste Comte,Tahar Rahim, Juliette Gréco, Rabelais… Bon, et ils ont su garder le chaud-bouillant Younès Belhanda lors de ce mercato, ce n’était pas gagné.

Et tu oses encore évoquer Yves Jamait, traînant à l’Univers en survet’ ? Que les choses soient claires: si un Corgnet reste pour l’instant au DFCO, c’est que contrairement à ce qu’on nous avait annoncé, Newcastle ou l’OL ne se sont guère fait violence pour le recruter.

– Tonton Steph