Début timide et poussif pour le cru 2012 de Novosonic. Arrivé à l’atheneum à 21h30 en ayant loupé le concert des étudiants de musicologie qui reprenaient le Clash, on constate que la jeunesse ne s’est pas déplacée en masse pour le rendez-vous post électro rock d’automne. Car oui, quand on parcourt le programme de présentation des groupes, il faut bien un dictionnaire voire un spécialiste musicologie à portée de bière pour bien décrypter ce langage. Immersion.
Pour cette première soirée, vous me mettrez un peu de darkwave, de pop électro, de post rock et de chorale indie. Programme gargantuesque mais alléchant. Mais sur place finalement, quoi en retenir ? Quid de ce défilé de groupes tel une liste Itunes en mode shuffle ?
Les débutants Secret Hands (rajouté à la dernière minute) m’accueille à grands coups de solo de batterie / guitare ambiance post moderne fin de siècle. Oui je suis bien à Novosonic. C’est un peu timide mais ils sont jeunes, et ça s’entend. Soyons indulgents et laissons les mûrir. La petite scène de l’atheneum semble un poil trop grande pour eux.
Un mini changement de plateau plus tard et déjà du retard à l’affichage. Une habitude chez Novosonic, mais difficile de faire autrement lorsqu’on programme six groupes en une soirée. La française Melody’s Echo Chamber nous redonne le sourire et l’envie de rêver à une belle nuit. L’influence de son mentor et producteur Kevin Parker du groupe Tame Impala se fait sentir. Sur scène c’est carré, net et précis, un peu trop peut-être. Un son rock psyché bien ancré dans l’air du temps. Son charme opère d’autant plus lorsque cette dernière se décide à chanter en français. On reste beaucoup moins emballé face à ses poses de danse indou et à son retourné cheveux de gauche à droite. La demoiselle a du charisme et n’a pas vraiment besoin de cette mise en scène un brin déliré-envoûtante.
Retour au bar avec la chorale enchantée du Lalala Crew redonnant encore un sens à la parité homme-femme de cette soirée. Oui, les filles avaient bien pris le pouvoir hier soir à l’atheneum. La chorale avait prévu large dans son répertoire toujours aussi malicieux et délicieux, entre Franck Alamo, Felt ou Born Ruffians.
Pins enchaine de nouveau dans la grande salle, rappelant au public que le rock se réinvente toujours en 2012. Le quartet de jeunes filles made in Manchester remportent les suffrages chez les passionnés. Pour employer des gros mots : cette ambiance post industrielle façon Manchester colle parfaitement au no man’s land post faculté de Dijon un jeudi soir d’octobre. C’est nerveux, un brin 80’s, un brin sexy et sombre à la fois.
Les étudiants semblent rassasiés par la tournure des événements et c’est malheureusement devant un public plus que clairsemé que le duo Au Palais nous fait découvrir sa darkwave, soit un mélange (pour ma part) peu convaincant de new wave et de beats électro. On préfèrerait que David, le monsieur électro, se concentre sur sa console et laisse la furieuse Elise chanter, et pas l’inverse.
Dans les loges, c’est à l’image de cette première soirée : les artistes sont sages et affalés dans les canapés Ikéa, on discute à petite voix, on fume des clopes poliment et on dessine sur la nappe blanche. Gentil et mignon, sage et sérieux. Un peu trop peut-être.
– Jean-Pierre Mader
Photos : Mister B