La semaine dernière je vous ai un peu retourné la tête avec le dernier de Joann Sfar. Du coup cette semaine, retour au classicisme : des bédés d’humour à gros nez.
D‘abord, un classique de classique, vous savez j’en parle à chaque sortie : ils sont en tuniques, ils sont bleus, ce sont…. Les Tuniques Bleues. J’suis fan, c’est un de mes marronniers. Tous les ans, comme les giboulées de mars, comme votre anniversaire ou la saint Sylvestre, y a une bédé de Lambil et Cauvin qui tombe. Alors, parfois, l’honnêteté intellectuelle m’oblige à vous dire que la sortie de l’année est pas terrible. Là, bonne surprise, ce numéro 56 intitulé Dent pour dent, est vachement bien. Bien sur les éléments ne sont pas renouvelés. On ne change pas une équipe qui vend des brouettes d’albums. Tiens, au passage, cette bédé existe depuis 1968… Une longévité incroyable !
Évidemment, Blutch et Chesterfield sont là. L’histoire commence, une fois de plus, dans une infirmerie de campagne et encore une fois notre tire-au-flanc de caporal Blutch fait semblant d’être blessé. Bon, comme d’hab’, ça énerve notre sergent Chesterfield. Il va s’en prendre au canasson préféré de Blutch : Arabesque. Oh, c’est pas nouveau-nouveau ce rapport à trois mais la mécanique qu’on pourrait imaginer grippée et surfaite, elle fonctionne. Blutch va vouloir se venger. Et toute l’histoire de ce tome 56 sera l’histoire de cette vengeance. Une bonne mécanique, drôle.
Pas d’invention encore une fois. C’est simplement drôle. Un bon millésime ce cru 2012. Et puis, c’est amusant aussi de suivre l’évolution du dessin depuis le temps. Les traits, les détails, le style changent. Là, petite nouveauté graphique quand même : je ne crois pas que ça apparaissait dans le précédent album, mais Blutch et Chesterfield prennent une petite teinte rouge sur le bout du nez et sur les joues.
C’est rien, c’est un petit effet de couleur. Mais moi ça me fait penser aux vieux. Vous savez les vieilles personnes, quand il fait trop chaud ou trop froid, elles peuvent prendre des couleurs. C’est comme si Blutch et Chesterfield étaient branchés sur leur dessinateur et leur scénariste, âgés de 72 et 74 ans.
Don Diego, un personnage loufoque,
plutôt branleur et fils à papa
Deuxième bédé pour rire, le tome 2 de Z comme Don Diego de Fabcaro et Fabrice Erre. Le tome 1, c’était il y a quelques mois à peine, autour d’avril je crois. Le premier était super drôle. Je vous rappelle l’idée. Oubliez « le renard rusé qui fait sa loi » et penchez-vous sur le cas du pauvre Don Diego. Un gars qui doit se fader les remarques et autres quolibets des gens du village sur son inactivité, son côté fils à papa et surtout qui ne peut pas se la craquer devant les filles parce qu’il ne fout rien de la journée. Et c’est pas comme ça qu’on séduit la belle Sexoualidad qui vient d’arriver au village.
Alors le tome 1, en gros hein, compilait toutes les blagues sur les héros en masque et costume. C’était très réussi, très drôle. Là, ce tome 2 (est-ce qu’on en attendait trop ?) décolle moins, est moins marrant. Il est beaucoup plus centré sur Don Diego que sur les bastons loufoques de ce Zorro. Même si, bel anachronisme, un autre héros vient lui tailler des croupières, ou des parts de marché : Wolverino. Les histoires fonctionnent toujours sous forme de strips. De courtes séquences de quelques cases qui, bout à bout, forment une histoire. À noter aussi le guest, l’excellent Guillaume Bouzard qui nous offre une préface très drôle. Ce tome 2 reste sympa mais c’est moins fort, moins original que le premier.
– Martial Ratel
Z comme Don Diego, tome 2, Fabcaro et Erre – Dargaud, autour de 10 €
Les Tuniques Bleues, tome 56 : Dent pour dent, Lambil et Cauvin – Dupuis, autour de 10 €
La chronique bédé est un partenariat avec Radio Dijon Campus.