Job étudiant ne signifie pas toujours pauvres jeunes speedés servant notre Big Mac avec lequel l’amabilité est en supplément du menu. Pierre-Louis, 20 ans, étudiant en anglais et animateur à la cantine de l’école primaire du Drapeau, a dégoté le bon plan pour se faire de l’argent sans y sacrifier sa vie d’étudiant . Car faut pas déconner non plus.

Pierre-Louis, Piotr pour les intimes, a toujours vécu à Troyes. Il est venu à l’uB pour sa licence d’anglais parce « qu’entre Dijon ou Reims le choix est vite fait ». Il crèche dans un studio universitaire dont il n’a pas à se plaindre. En septembre, une pote lui a parlé du boulot qu’elle faisait, surveiller une cantine du primaire, ce qui a éveillé son intérêt : « les horaires étaient sympas, je me suis dit que c’était le moyen de se faire de l’argent de poche sans louper trop de cours à la fac ». Après un CV déposé à la mairie et un entretien, le voilà au milieu d’un tas de gamins affamés, pendant deux heures, trois midis par semaine.

Son emploi du temps de fac est assez light, au final, il ne loupait que trois heures et demi de cours dans la semaine. Pour se rendre au taf, il prend le tram à 11h, s’arrête à la Rep’, marche dix minutes (il fut un temps où T2 n’existait pas), et c’est parti pour la surveillance, de 11h50 à 13h50. La cantine, un univers impitoyable ? Soit Piotr est un petit veinard et l’école du Drapeau est un îlot merveilleux peuplé d’enfants sages, soit on part avec des préjugés sur ces mioches qui ne sont pas aussi ingérables qu’on le dit. « Il y a un animateur pour 14 élèves et on est au moins deux par salle ». Après un briefing par les anciens, Piotr est prêt pour affronter Killian en jogging US Marshall ou Clarisse, la petite blonde au carré parfait et aux chaussures nickels, qui cache bien son jeu. « Il y a bien des boules de pain lancées de temps à autre mais rien de plus », Piotr l’assure, si on parle avec les enfants, ce n’est pas l’enfer.

100 balles par mois  pour surveiller les gosses,
on a connu pire

Pour lui, ce boulot est bourré d’avantages. Six heures par semaine, c’est pas énorme. Pas de répercussions négatives sur ses notes de fac. Bosser le midi n’implique aucun sacrifice de week-end ou de soirées entre potes. « Le contact avec les gamins est intéressant, j’entends les voix s’élever, faut relativiser, c’est pas surveillant pénitencier non plus. Et évidemment c’est un plus sur le CV« . Quand un recruteur s’aperçoit que vous avez survécu à une bande de morpions ne demandant qu’à se défouler après une matinée à tenter vainement d’assimiler la table du 7, votre résistance ne sera plus jamais mise en doute. Certes la rémunération est d’à peine 100 euros mensuels mais on va quand même pas cracher dessus.

Piotr se destinait à être prof d’anglais mais cette expérience lui a fait revoir ses plans de carrière. En septembre, il part en master à l’IUFM pour devenir prof des écoles. « Je me suis vraiment découvert une affinité avec les enfants du primaire ». Ce job étudiant aura été tout bénef.

– Sarah Cercley
Photo : S.C.