Pour une fois, je délaisse la sacro-sainte bédé franco-belge et toute sa descendance pour vous parler de Manga. Oui, force est de constater que le manga, bah, j’en lis pas. Moi, depuis Akira et le néo Tokyo qu’est à deux doigts d’exploser, j’ai pas trop mis le nez dans ces bédés. Bon, j’ai surement tort… mais le retard va être en partie rattrapé. En même temps, les mangas d’aujourd’hui sont pas vraiment 100% nippons.
Je commence par une madeleine. Une série animée adaptée pour la première fois en format manga. Une générationnelle diffusée sur TF1 diffusée à partir de 1983 : Les Mystérieuses Citées d’Or. Alors forcément, c’est pas tout à fait pareil que la série de l’époque. Nos Esteban, Zia, Mendoza sont un peu retouchés mais c’est pas du tout choquant. Dans ce tome 1, qui va en appeler beaucoup d’autres, on découvre tout simplement le début de l’histoire, que je connaissais pas : c’est quasiment un prequel. Saviez-vous par exemple que le brave Mendoza avait sauvé Esteban des flots alors que celui-ci était bébé ? Que c’est le père d’Esteban qui lui avait confié alors que son bateau sombrait ? Moi, j’en savais rien. J’avais aucune idée non plus que si Esteban, Zia, Tao et Pichu, le perroquet, cherchaient les Citées d’Or c’était pas tant pour la richesse que pour retrouver le fameux papa. Bon, peut-être que tout cela était expliqué à l’époque de la série TV mais du haut de mes 8 ans j’attendais juste que la troupe grimpe dans le Grand Condor…
Dans ce bain de jouvence, je découvre aussi -et là c’est respect main sur le cœur- que Jean Chalopin, l’auteur, le producteur des Citées d’Or à la télé est aussi responsable de Ulysse 31, Inspecteur Gadget et Jayce. Et dans le même temps, le réalisateur, Bernard Deyriès, a fait les Minipouss. Je crois tout simplement que là, on vient de trouver deux monstres sacrés de la culture geek TV.
Pour le manga c’est une équipe de jeunes gens dessinateurs qui s’y collent mais ces figures tutélaires ont veillé au grain, nous dit-on, au respect de l’esprit de la série. Avec, comme notamment à la fin du bouquin, les quelques pages et images sur la civilisation des aztèques.
Blagues potaches et situations poignantes
Deuxième manga geek à la française : Lasman de Bastien Vivès, Balak et Sanlaville. Oui, Vivès se lance dans une nouvelle série, là il est au scénario et c’est son style de dessin qui est reproduit. Noir et gris, dessin délicat à la palette graphique, à la fois réaliste et abstrait, parfois caricatural ou exagéré dans les proportions. Mais on est dans un style japonisant : découpage manga, nerveux, case en travers pour les bastons, etc.
Lastman est là encore un bouquin complètement geek, comme une side story de Dragon Ball ou Tekken. Mon consultant manga me glisse dans l’oreille qu’il s’agirait d’un shōnen, voir d’un Nekkets. Un truc pour les ados qui aiment la baston. L’histoire est celle d’un tournoi dans une étrange ville médiévale et futuriste. Sur le ring, les coups sont à base de boule d’énergie, d’invocation de l’esprit des arbres ou du vent. Les écoles du coin font montre de leur techniques devant les maitres et là, déboule Richard Aldana. Un combattant un peu décalé par rapport à tous ces médiévaux. Sur le ring, sa technique est plus brutale, adepte du coup de tatane et du direct du droit pendant que les autres se concentrent pour faire leur boule d’énergie.
Les combats étant menés par équipe de deux, il se retrouve associé faute de partenaire à un enfant de 8 ans, Adrian Velba. Un petit gars qui en veut mais qui est franchement naze au combat, et qui veut gagner pour donner les sous à sa maman qui est très jolie, comme toutes les nanas dessinées par Vivès, mais très pauvre.
Comme Vivès est au scénario, on navigue d’une ambiance à l’autre, de la blague potache, à l’instant fleur bleue, de la grosse patate dans la tronche gaguesque à la situation poignante. Entre amitié virile et amourette. Et du coup, ce mélange fait qu’on n’est pas simplement dans un manga pour ados pré-pubères. Ce Lastman est un petit régal qui m’a fait pleurer de rire. Le tome 1 est le premier qui en appelle 14 autres et j’espère vraiment que les suivants seront de la même qualité. Et truc en plus, Vivès et ses copains déclinent toute une série de goodies autour du livre. Ainsi on trouve des autocollants à l’ancienne, « Panini not dead », à coller dans son livre ou ailleurs….
– Martial Ratel
Lastman, tome 1, Vivès, Balak, Sanlaville – KSTR, 204 pages, autour de 12 euros.
Les Mystérieuses Cités d’Or, tome 1, Bouveret, Delahaie et Jager – Kazé Manga, 180 pages, 9 euros.
La chronique bédé est un partenariat avec Radio Dijon Campus.