On est allés faire un tour au cinéma Devosge mardi dernier pour la carte blanche à Simon Astier. On en a profité pour parler super héros et séries avec le créateur et interprète de la série Hero Corp, dijonnais d’origine et demi-frère d’Alexandre Astier.

simon astier

Est-ce que tu peux nous rappeler comment est née ta série Hero Corp ?
Elle est née d’une envie de faire de la TV, mais pas comme j’en faisais avant. Je voulais traiter de sujets, d’un univers, d’événements et surtout de gens qu’il n’était pas possible de montrer sur des chaînes plus généralistes. J’ai appris à faire mon métier sans grande concession au théâtre. C’était quelque part le meilleur point de rencontre entre faire de la TV et faire du théâtre publique. Avec Hero Corp je peux raconter des histoires de façon un peu plus funky, avec des thèmes qui me ressemblent. Je préfère raconter des histoires avec de vrais gens, des personnes que l’on connait mais dans un décor qui n’est pas forcément le nôtre, ce qui nous permet de parler de ce que l’on veut sans être dans le pathos ou trop proche du sujet.

Ta passion pour les super héros, ça remonte à quand ?
Ça remonte à Batman le Défi de Tim Burton (1990) (ndlr : film originalement programmé pour la carte blanche le 18 juin dernier au Devosge). C’est un des plus beaux films qui existe à mes yeux… Contrairement à Christopher Nolan qui, en plus de nous gâcher les Batman nous empêche de voir des bons films (ndlr : Christopher Nolan, réal de la trilogie de The Dark Knight a bloqué les sorties des copies Warner, notamment les Batman de Burton, pour privilégier la sortie de sa dernière production, Man of Steel)

Donc tu préfères les Batman de Burton à la trilogie de Nolan ?
De loin… J’ai un problème avec tout ce qui est trop plein de testostérone. J’aime bien quand les personnages sont de vrais gars, quand ils ont de vrais problèmes, qu’ils ne sont pas des types avec de grosses voix et des failles trop premier degré. J’aime bien quand on a l’œil qui frise plutôt que d’être trop sérieux, c’est pas la réalité du tout.

Côté comics, tu es plutôt DC Comics ou Marvel ?
Ni l’un ni l’autre, je suis plutôt un très bon spectateur. Quand on me raconte une histoire et que j’y crois et que je rentre dedans, peu importe. C’est vrai que Batman pour moi a une signification particulière parce que c’est un personnage qui me suit depuis l’enfance, auquel je m’identifie beaucoup, surtout son côté sombre dans mon parcours. C’est un héros qui me touche profondément.

Parmi tous les films de super héros, outre Batman le défi, est-ce qu’il y en a d’autres que tu apprécies particulièrement ?
Batman le Défi en 1 pour sûr et en 2 je mets Incassable (ndlr : programmé en remplacement pour la carte blanche justement)

Ce qui n’est pas un film de super héros à proprement parlé…
C’est justement ça qui est bien. Je trouve que M. Night Shyamalan a réussi là ou Nolan échoue. Il nous parle de quelque chose de très réel, ce sont des codes que l’on connait mais il y a quand même de la magie qui se produit, au travers de sa mise en scène et de son point de vue. Il a un regard d’enfant sur son histoire, un peu comme Spielberg. Ce qui fait qu’on rentre tout de suite dedans parce qu’il réussit justement à raconter son histoire.

Question con mais des plus utiles pour un type qui aime endosser un costume de super héros : plutôt collants ou plutôt cape ?
J’ai toujours une cape. Même quand il n’y a pas de budget cape pour tout le monde, moi j’en ai une. Ce qui veut tout dire que… les collants non. En fait on me dit souvent que je parodie les super héros mais non, j’ai trop de respect pour le genre. Je ne parodie pas, je prends les choses que l’on connait et je les place dans le temps. J’essaie d’imaginer ce qu’est un super héros vieux, qui a plus envie. Du coup le collant se desserre… En définitive, le super héros est un peu accro à son image.

En parlant  de costume et d’image, est-ce que tu vas aller voir le nouveau Superman, Man Of Steel ?
J’ai vu en tout cas qu’on ose pas dire que c’est Superman, alors que c’est bien lui non ? Je comprends pas trop. Mais je l’aime pas trop Superman… Il ne me touche pas. Mais c’est pas la faute des scénaristes, Superman est né à des fins politiques. Il a commencé par amener Hitler et Staline au tribunal. Il est né à une époque où on avait besoin de ce genre de héros complètement infaillible et indestructible. Maintenant quand on réinvente le super héros des années 2000, c’est Hancock ou Kick-Ass. C’est Monsieur tout le monde. Même toutes les grandes icônes comme James Bond évoluent. Dans Skyfall, Bond est pas bien, il est vieillissant. L’évolution du super héros reflète la société.

Quel serait pour toi le super pouvoir idéal ?
Comme dans Hero Corp, pouvoir se défendre de tout et contre tout, sans développer une aptitude particulière. C’est plutôt bien d’être paré à toute agression, en tant que super héros mais aussi en tant qu’humain.

Est-ce que tu as un méchant favori, que tu trouves particulièrement bien écrit ?
Un bon super héros doit combattre un bon méchant. Celui d’Incassable me paraît être le plus touchant. Ce que j’aime chez les méchants c’est qu’ils peuvent avoir au départ les mêmes capacités mais ils les utilisent à des fins personnelles ou maléfiques, contrairement au héros. Le méchant aurait pu être bon mais des événements qui peuvent tout à fait nous arriver l’ont fait basculer.

Quelles sont les séries que tu regardes en ce moment ?
J’ai un peu de retard je dois dire côté séries… j’ai découvert Homeland après tout le monde. Je viens de voir la première saison et j’ai remarqué une prouesse d’écriture formidable autour des épisodes 8, 9 et 10. Mais je vais pas spoiler. Ça faisait longtemps en tout cas que j’avais pas pris une telle claque. Pas depuis Lost en tout cas, même si maintenant quand on parle de Lost on passe pour un vieux. J’arrive pas à me mettre encore dans Game of Thrones même si tout le monde m’y encourage. Sinon je regarde toujours Big Bang Theory et je viens de commencer Arrow. Dans cette série ils sont tous très beaux, c’est marrant, même les mafieux le sont, les italiens sont tous blonds… Sinon je m’amuse à faire redécouvrir les séries Oz et les Soprano à mon beau-frère de 18 ans. Mais c’est clair que j’ai perdu un peu le fil avec les nouvelles séries. Ah par contre j’oublie Sherlock ! Cette nouvelle version de la BBC m’a vraiment plu. En plus j’ai eu la chance de rencontrer Steven Moffat (un des créateurs de la série). Mais je l’ai rencontré avant de voir la série. C’est donc un des grands regrets de ma vie car j’aurai voulu le féliciter. L’écriture est brillante, intelligente et les acteurs sont formidables. En plus les Anglais font des petites saisons (3 épisodes par saison) donc j’ai le temps de les regarder.

On termine avec tes projets pour la suite ?
Je monte actuellement la saison 3 de Hero Corp qui devrait être diffusée à l’automne ; je participe à l’écriture et je joue dans une autre série créée par Jonathan Cohen, ça s’appelle France Kbek (le tournage est prévu en octobre pour la chaîne OCS), c’est complètement barré ; je prépare aussi mon premier long métrage qu’on va tourner au printemps prochain ; j’écris la suite de la BD de Hero Corp

Tu chômes pas…
Je travaille sur ce qui me plait donc j’espère continuer à faire autant de projets intéressants. C’est là où je m’épanouis, quand je ne fais aucune concession avec moi-même !

– Propos recueillis par Alice Chappau