Organisé par la ville de Dijon du 03 au 06 juillet, le festival Dièse propose cette année encore pléthore d’activités. Au programme : un paquet de concerts dans des lieux parfois surprenants, quelques performances et des installations plastiques, visuelles, interactives. Invitée par le collectif RAS, la compagnie nantaise Digital Samovar propose quant à elle une déambulation sonore dans le centre historique. Equipés d’un casque audio et d’un parapluie, les promeneurs redécouvrent avec cette ballade d’une heure, toute la richesse du patrimoine urbain.

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Pascaline Marot et Grégoire Gorbatchevsky ont imaginé la ballade SonoPluie en 2006 pour un mariage forcément pluvieux. Depuis, ils ont peaufiné leur prototype et réussi à transformer un vulgaire pépin en une véritable interface sonore géolocalisée. Un programme informatique a d’ailleurs été développé spécialement pour ce projet : « on rentre des coordonnées GPS qui permettent de définir des zones, et en pénétrant dans ces zones, le promeneur déclenche différente pistes audio », précise Grégoire. « C’est comme dans un jeu vidéo, en fonction des endroits empruntés, certaines bandes seulement s’activent ». Le promeneur est ainsi libre de se laisser guider, ou non : il choisit son rythme et son parcours.

Pour ce qui est de l’écriture, les deux artistes passent au préalable une semaine sur place, le temps pour eux d’emmagasiner un maximum d’infos sur la ville. Puis débute alors la création à proprement parlé (textes, musique, programmation…) « Le but n’est pas de créer un énième audio-guide mais plutôt de fournir aux spectateurs de nouvelles pistes pour une expérience sensible du territoire », poursuit Pascaline. Les bandes sont un mélange de créations sonores (réalisées par Yannick  Donet du Collectif RAS) ou radiophoniques, de témoignages de personnes pouvant être fictifs ou purement documentaires.

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Mais alors, pourquoi ce choix d’un simple pébroque ? « Cet objet du quotidien est assez poétique, il permet surtout au promeneur de faire exister sa sphère intime, dans l’espace public. Et puis il y a quelque chose d’assez rigolo à regarder cette déambulation, sorte de chorégraphie collective complètement aléatoire, comme une sculpture mouvante ».

SonoPluie déconstruit ainsi le rapport que le spectateur entretient avec ces lieux souvent familiers, en offrant une vision clairement décalée du patrimoine urbain. Les promeneurs font d’ailleurs partie intégrante de ce patrimoine, leur marche est un acte artistique en soi, la création d’une œuvre immatérielle et éphémère. Très attachés à la figure du labyrinthe, Pascaline et Grégoire détournent ici l’utilisation du GPS, qui incite les gens à se perdre, à lâcher prise. « On donne un certain regard mais on ne veut pas imposer une esthétique trop forte, de manière à ne pas étouffer le paysage. Le véritable enjeu étant de ne pas être trop bavard textuellement et d’arriver à étirer les partitions pour trouver des silences, des respirations laissant de l’espace au participant ». Une expérience sensible.

– Sophie Brignoli
Crédits photos : Digital Samovar (1) ; Pierre Planchenault (2)

Sonopluie, de Digital Samovar (durée 1h15, capacité limitée à 15 personnes). Gratuit – centre ville. Du 03 au 06 juillet, de 17h à 19h et de 10h à 12h le samedi 06 juillet.