N’écoutant que son courage, un membre de l’équipe de Sparse a assisté, vendredi dernier, à la before de l’élection de Miss France au Zénith de Dijon. Immersion.

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On m’avait dit 19h max. J’étais là à 18h45, et je n’étais pas tout seul. Mille personnes attendent, comme moi, devant l’entrée du Zénith pour la before des Miss France en ce vendredi 6 décembre. Pendant une heure, personne ne nous dit quoi que ce soit, pas mangé / pieds congelés, on frôle plusieurs fois apoplexie avant qu’une voix traversant le rideau de brouillard ne nous réveille de notre sommeil polaire : « Mesdames et messieurs, bonsoir. Un petit message pour vous dire que l’enregistrement de l’émission de ce soir va commencer dans une heure, merci de patienter, si vous voulez bien rentrer au chaud ». Soupir général, il faut dire que certains ont déjà perdus leurs enfants qui jouent sur le parking du Zénith pour tromper l’ennui : « Kevin, viens ici ! »« Steven, on va rentrer. Mais merde, il est où Steven ? » Steven est déjà sûrement parti en direction de la Toison d’Or, ou que sais-je, il a filé voir Girls in Hawaii à La Vapeur.

« Ah monsieur on est content hein, ce soir y’a de la meuf »

Comme dans un film d’anticipation de série Z, la foule s’agglutine dans le hall du Zénith, 1.000 personnes dans les starting blocks pour assister au tournage de la séquence folklorique (une séquence qui sera diffusée lors du direct du samedi soir, ndlr). Arrive alors le chauffeur de salle et il est déjà à bloc. Florilège du hall : « Ma petite dame, pas de photos hein, on veut pas que ce soit sur ‘Fesse de bouc’ avant le tournage de demain. Ah monsieur on est content hein, ce soir y’a de la meuf. Hey les amis, y’a des restaurants ouverts à Dijon après 20 heures ? » On aimerait bien le faire taire manu militari, mais les portes du Zénith s’ouvrent enfin, pas de pitié pour Kevin ou Steven qui se retrouvent amassés contre les portes. On veut les meilleures places.

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Et là, nouvelle surprise : le chauffeur de salle se met en mode one man show pendant une demi-heure de plus. «  Bon, va falloir applaudir, hein, allez on s’entraîne. Hey monsieur vous avez l’air à fond sur vos M&M’s, attention ça va peut-être se voir à l’antenne. Mais vous savez on va voir que vos dos, ne vous inquiètez pas rhooooooo. » La tension monte intérieurement, mais là, on est en otage. Les caméras de TF1 sont partout, le tournage de la séquence folklorique va commencer, on ne peut plus s’évader…

Captain Igloo

Et alors qu’on commence à oublier, grâce à des techniques de méditation intense, la présence du chauffeur de salle, celui-ci jette son dévolu sur le petit grand-père qui se trouve juste à côté de moi. Oh non pitié. Un projecteur à radiation nucléaire s’abat sur nous deux, à en devenir presque aveugle : « Ah mais je vois que Captain Igloo est parmi nous messieurs dames, il est content Captain Igloo, il va voir plein de belles meufs ce soir. » Le grand-père est comme un boxeur dans les cordes, ça fait vingt minutes qu’il se plaint à la sécurité des conditions d’accueil, il a froid, maintenant il a trop chaud et là le chauffeur de salle ne le lâche plus. Alors pour se sortir de ce cauchemar, Captain Igloo fait « oui » de la tête. Oui euh… il aime la meuf… euh…

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Paradoxalement, c’est Jean-Pierre Foucault qui nous sauve, il est là, en civil, il vient d’apparaître sur le côté de la scène, et là c’est la bronca ! La polémique a enflé ces derniers jours et les 1.000 personnes déchaînées lui font savoir qu’il va falloir s’expliquer sur sa fameuse phrase : « Quand on dort à Dijon, le problème, c’est qu’on se réveille à Dijon. » Le chauffeur de salle prépare l’arrivée de J-P. Et là, J-P sort la pirouette qui tue : « Mes amis, je suis ravi d’être à Dijon, Dijon c’est le souvenir de ma grande tante qui m’emmenait manger à la Cloche. » J’ai envie de chialer, mais bon à sa décharge, quand on sait que c’est Ardisson qui l’interviewait… J-P repart et enfin les répétitions commencent. Juste le temps pour notre chauffeur de recruter dans la salle des doublures de luxe. « Les amis, il me faut un Garou, une Sylvie Vartan et un Jean-Pierre Pernaut pour les places dans le jury ! »  Les sosies s’exécutent, la soirée devient de plus en plus surréaliste.

« Normandie, plus sur la gauche ! Mais non Île de France, c’est pas par là. Pousse-toi Franche-Comté ! »

Enfin ça commence ! Les Miss défilent à vitesse grand V devant nos yeux. Il faut vous dire que derrière nous, aussi, il y a le cerbère aka la chorégraphe qui porte une main géante de Mickey pour qu’on la voit de loin (véridique). Elle rigole pas des masses, la chorégraphe. Elle décompte les secondes avec sa main non Mickey-isée. Un, deux, trois et on dégage. Parfois elle s’arrête. « Normandie, plus sur la gauche ! Mais non Île de France, c’est pas par là. Pousse-toi Franche-Comté ! » Deux répètes à toute blinde, et là on se dit que c’est moche d’avoir des costumes folkloriques pas facile à porter (aujourd’hui encore une pensée émue pour Miss Bretagne et Miss Alsace). Mais les filles font le job. C’est carré, on applaudit comme des dingues (surtout quand c’est Miss Bourgogne, hein), Captain Igloo est à fond à côté de moi, et je me prends au jeu du jury. En vrai, c’est un scandale que ce soit pas Miss Côte d’Azur qui ait gagné au final, pas vrai ? Le tournage durera moins d’une demi-heure. Le réalisateur prend la parole : « Merci mesdames et messieurs, rendez-vous demain sur TF1. Les cadreurs, vous pouvez aller manger. » On ressort, Captain Igloo a encore un sourire figé, demain les filles se lèveront tôt et reprendront leurs marathons. La nuit suivante, on dort mal : Captain Igloo, le chauffeur de salle, la main de Mickey, trop de régions à retenir…. Mais bon, tout va bien, on n’a vu que mon dos en prime-time.

– James Granville

Photos : TF1