Retour dans les années 1980. Des années à base de super-héros, d’attente tous les mois que ton père te rapporte Strange, Titans, le Graal de chez le libraire du coin. Parmi tous les super-héros et tous les types balaises, parfois certains sortaient du lot : trop bien ou trop nazes. D’autres encore, avaient un truc, un petit quelque chose pas exactement comme tous autres… Et grâce à une bédé publiée fin 2013, je sais enfin pourquoi.

mikrosFin novembre, Delcourt a sorti Mikros & Photonik : L’Ombre et La Lumière. Des super-héros dessinés par un Lyonnais, Jean-Yves Mitton. Là, on est vraiment dans de la bédé d’amateurs de geek ou de curieux, puisque sous nos yeux ébahis, on assiste à une rencontre, un cross-over entre deux super-héros de deux séries différentes. D’un côté Photonik, un type avec des cornes pointues qui vont de son menton à son crane, tout jaune sauf son masque, qui vole à la vitesse de la lumière et qui est aussi puissant qu’un soleil. Bon, dans la vie de tous les jours, c’est un jeune bossu. Et Mikros, un gars violet avec des yeux de mouche. Il peut voler, devenir grand ou tout petit. Et avec lui, il a un gros mastard, Crabby qui porte un pince de crabe…

Si ces types ne vous disent rien, c’est que jamais, jeunes malheureux, vous n’avez lu dans les années 1980 ou dans un vide-grenier des numéros des revues de comics Lug ou Spidey. Et c’est dommage. Sans le savoir, on lisait des comics français… Photonik , c’est Ciro Tota, un italien installé à Lyon qui l’a créé. Et pour Mikros, c’est Jean-Yves Mitton. Mitton, qui, dans ce livre reprend les deux héros.

Du journal de Mickey à Spiderman

Bon, là l’histoire est pas mal, sans être fantastique : un piège tendu à tous plein de super-héros par un super-méchant. En vrai, je voulais profiter de ce papier pour souligner le boulot de Jean-Yves Mitton, cet auteur français, très classe très bon dessinateur, mais absolument inconnu du grand public. Alors que… Le type, excusez du peu, a dessiné… le Surfeur d’Argent : le premier surfeur d’argent français, en 1980, dans la revue Nova. Il a aussi dessiné L’Archer Blanc dans Le Journal de Mickey.

En fait, ce type a bercé un partie de mon enfance et il n’a même pas de statue, c’est une honte ! On a eu la chance de le voir à Dijon, à l’atheneum, il y a quelques années quand l’asso ACFBD l’avait fait venir. Une rencontre somme toute assez discrète. Mais cet obscur  mérite une plus grande reconnaissance. Et je suis là pour ça !

Il n’est pas connu du grand public, sauf depuis qu’il a dessiné la série Vae victis, un succès des ventes, une bédé peplum en 15 numéros. Mais bon, les Romains, même César, ils n’ont pas de super-pouvoirs et ils ne savent pas voler, nan ?

Quoi ? On me glisse dans l’oreillette qu’il a même dessiné quelques aventures du Fantôme du Bengale, de Spiderman et des 4 Fantastiques. Vite, une statue !

– Martial Ratel

Mikros & Photonik : L’Ombre et La Lumière, Jean-Yves Mitton – Delcourt, 15 euros.

La chronique bédé est un partenariat avec Radio Dijon Campus.