Avide de connaissance, on a voulu en savoir plus sur ces personnes qui, au quotidien, luttent contre la fraude. C’est donc dans une ambiance décontractée, mais surtout hors cadre professionnel, que nous avons rencontré Laurent Petit*, 40 ans, qui, depuis 2 ans déjà, pratique un métier atypique et souvent critiqué : contrôleur dans les transports en commun. Ainsi, vous l’aurez compris, cet homme est chargé de vérifier la validation de vos titres, et si besoin, de vous rappeler à l’ordre.

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Son métier est entièrement un choix. Auparavant, Laurent occupait un autre poste au sein de l’entreprise. Souhaitant voir autre chose, il a décidé de changer d’emploi tout en gardant le côté « service » de ce dernier. Ainsi, il conserve toujours le contact avec le client. Et trouve ça génial.

Il porte un avis objectif sur son métier. Pour lui, il y a tout simplement un règlement, et c’est accompagné de ses collègues que Laurent s’efforce de le faire appliquer sur le réseau.
Du côté de son entourage, ils sont tous fiers de lui. En effet, entre galère et nombreux tests (dont il ne nous a rien précisé), ce changement de carrière tardif est une reconversion pour lui. Cela lui a permis, côté professionnel, de se remettre en cause. Ce qu’approuvaient tous ses proches.

Célibataire et sans enfants, son travail occupe une place importante au sein de sa vie quotidienne. À 35 heures par semaine, être contrôleur prend du temps car c’est un métier particulier qui change d’horaires régulièrement. En définitif, les pôles horaires sont déterminés par des services fixes qu’ils doivent suivre à la lettre. En revanche, concernant l’impact de son emploi sur son quotidien, Laurent déclare qu’il n’y en a pas vraiment. Il rentre chez lui lorsque sa journée est finie, et possède du temps libre pour diverses activités, dont il ne nous a pas spécifié la nature non plus.

« On a accès à un vivier qui est socialement vaste »

Concernant le relationnel, il est aussi présent. Surtout avec ses collègues. Pour lui, une équipe de contrôleurs se doit d’être unie, de former une cohésion de groupe car ce métier peut parfois être fait de mauvaises rencontres. Pour leur sécurité, ils ont besoin d’une solidarité professionnelle. Les problèmes rencontrés lors de contrôles sont fréquents, à commencer par la mauvaise foi, voire des incivilités, verbales ou physiques. Heureusement la grande majorité des personnes contrôlées sont coopératives et comprennent leur fonction. Les contrôleurs ont d’ailleurs eux-même une forme de tolérance, et sont indulgents dans des cas exceptionnels.

Laurent souligne ainsi les bonnes rencontres. Parce que oui, contrôler dans les transports en commun, c’est aussi ça. Cela lui permet d’aborder toutes les catégories sociales. « On a une porte ouverte avec une loupe grandissante sur la société actuelle, avec ses côtés positifs et ses côtés négatifs » déclare t-il, songeur. Pour Laurent, les usagers sont tous égaux, il n’y a pas de « verbalisés types ». Le fait d’être mal vu en général vient pour lui d’une méconnaissance du métier qui s’est adaptée à la tendance actuelle. Les contrôles ne sont plus aussi durs qu’avant puisqu’il y a un côté préventif et commercial de la part des agents. Il comprend le jugement des passagers puisqu’il les dérange dans leur quotidien, même ceux qui sont en règle. Mais ces derniers oublient souvent que prendre les transports, c’est être amené à être contrôlé.

À travers ce type de métier, où le contact avec la personne est le principal fondement, Laurent nous raconte ses souvenirs. Le meilleur, pour lui, est le fait de revoir les gens qui ont compris leur intérêt de se mettre en règle ou qui n’étaient simplement pas au courant des modalités des transports, et de les apercevoir avec un titre valable. Le pire souvenir en revanche, un peu plus rare heureusement, est celui d’une agression par un couple alcoolisé. Un échange assez violent et s’est terminé au commissariat.

Être contrôleur, c’est donc peut-être être mal vu, mais c’est surtout mal caractérisé. Et c’est avec une profonde conscience que Laurent déclare : « On ne peut malheureusement pas être un idéaliste, le monde fonctionne avec ses bons côtés. Mais aussi ses travers. »

– Solène Robin
Photo : S.R.

*Le nom a été modifié afin de préserver l’anonymat