Il s’appelle Mathieu et il a des choses à dire sur ce crew / label mythique basé à Detroit, qui jouera bientôt à La Vapeur dans une formation jazzy appelée « Timeline ».
Tu organises la soirée Undergound Resistance presents Timeline à la Vapeur le 5 juin avec Risk. Comment s’est monté l’événement ? Je suis un fan et un défenseur de UR depuis des années, alors quand j’ai eu l’opportunité de les faire venir à Dijon, j’en ai parlé à Luc et Nicolas de l’association Risk. Et ils ont tout de suite été partants : ils connaissent et apprécient ce son. De plus, dans la formation Timeline, le mélange de techno et de jazz est très original et dansant, chaque artiste apporte quelque chose au live même s’ils ont des détracteurs.
Tu parles de détracteurs ou de critiques ? Les critiques, c’est très bien, je n’ai pas de problème avec ça, ça fait toujours avancer. Par contre quand j’entends dire sur les lives UR qu’ils ne répètent pas, qu’ils préparent ça à l’arrache ou encore que le live est seulement bien à Detroit quand ils sont devant leur famille, ça n’est pas vrai. Pour être allé à Detroit en 2005/2006, je les ai vus répéter chez Submerge (la maison de distrib’, label et magasin de disques monté par « Mad » Mike Banks, ndlr). Après, ils ne passent malheureusement pas leur temps dans la musique, la plupart ont un travail à côté afin de subvenir aux besoins de leur famille. Donc oui, par rapport aux artistes européens qui peuvent se permettre de se consacrer entièrement à leur musique avec des gros cachets et beaucoup de dates, ils répètent surement moins. Mais l’intérêt d’un live, c’est aussi d’avoir une version différente, plus spontanée et plus improvisée que les morceaux originaux, sinon on écoute le disque. Ça ne sera pas un live « laptop pousse-bouton », on aura droit à un concert hi-tech jazz.
Justement, cette formation est vraiment composée de musiciens ? Effectivement, Jon Dixon est pianiste jazz de formation, il a joué avec des stars comme Marcus Belgrave et Amp Fiddler pour en citer quelques-uns, il est aussi professeur de piano à Detroit. De’Sean Jones, lui, est saxophoniste. Il a accompagné Stevie Wonder lors de la soirée du nouvel an 2011, il est aussi le leader d’un septet de jazz. Le DJ qui les accompagne, c’est Mark Flash, entre autres producteur sur UR et spécialiste des percussions. Et il y a enfin « Mad » Mike Banks, un des pionniers de la techno qu’on ne présente plus.
En parlant de Mike Banks : on reproche à UR de ne pas être très productif ces dernières années. Il y a surement moins de visibilité même si dans les papiers ou les interviews, on cite souvent leur nom ou leur logo pour susciter l’intérêt. Les baisses de ventes dans la musique pour tous les artistes ne leur permettent pas d’avoir la trésorerie nécessaire pour sortir beaucoup de disques. Aussi, suite à la mort de Ron Murphy en 2008, qui faisait crédit aux artistes pour leur mastering et qui les aidait à produire un son de qualité, leur système local a pris du retard et c’est encore un peu une sinécure pour finir les disques. La production se limite à 2/3 maxis par an. D’ailleurs, Timeline a sorti son premier maxi sur UR l’an dernier et le prochain sort dans quelques semaines.
La formation Timeline est donc récente ? Oui, c’est une idée de Mike Banks d’intégrer des jeunes musiciens de jazz dans un groupe électro. Le but est de redonner au jazz son rôle de dance music comme il l’avait dans les années 60/70, grâce aux possibilités de la techno. Cela donne un mélange de rythmes techno ou électro avec des claviers, du saxophone, avec une utilisation d’effets électroniques. Ce n’est pas non plus la première fois que UR produit ce genre de chose (cf : Galaxy 2 Galaxy). C’est vraiment un style qu’on n’entend nulle part ailleurs.
Tu conseilles cette soirée à quel public ? Tout le monde ! Les sceptiques qui ont envie de voir ce que propose un label électro qui existe depuis 25 ans, les curieux qui ont envie de voir ce que jazz vient faire là-dedans, les radins qui préfèrent payer une dizaine d’euros plutôt que d’aller à Detroit les voir au Movement Festival, les amoureux de la musique électronique, et tout simplement à ceux qui veulent se faire une soirée électro de qualité composée d’un warm-up de P’tit Luc, un live exceptionnel d’UR et d’un set de Special K.
– Propos recueillis par P.-O.B