J’ai une propension à être une groupie assez hallucinante. Pourtant cette propension, qui n’est finalement qu’une infime portion de ce que je suis, et un exemple parmi tant d’autres des multiples facettes que je peux donner à voir et exprimer, s’avère être toutefois totalement disproportionnée. En résumé, ma propension -à être groupie- prend des proportions -en mode groupie- carrément disproportionnées -de l’état de groupie- !

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Bien que je me connaisse depuis maintenant quelques années, je suis constamment en proie à la stupéfaction de cet état qui, sans prémices ni artifices, s’empare soudainement de moi. Il me faut cependant relativiser car, si dans ce cas il y a bien une proie, ce n’est assurément pas moi. C’est ainsi que pas plus tard que le 14 juin dernier, je me suis transformée, au grand dam de ma nouvelle proie : Océanerosemarie. Note pour plus tard: explorer le parallèle entre l’apparition de la pleine-lune et celle de mes phases critiques de groupie.

De passage pour la manifestation littéraire Clameur(s), invitée en tant qu’Oshen, auteur, chanteuse et interprète, j’ai assisté en compagnie d’un public discret mais enthousiaste (et plutôt nombreux compte tenu des nombreux événements d’un doux samedi soir d’été à Dijon) à un concert peu ordinaire de grande qualité. À la guitare et au chant, accompagnant les non moins talentueux Julie Rey (à la création), Françoiz Breut et Benjamin Lozninger, Océanerosemarie et ses acolytes m’ont bluffé le temps d’une heure, éveillant en moi un fatal sursaut d’intérêt.

Séduite, j’échangeais à la fin du spectacle quelques impressions avec des amis tout en peaufinant secrètement et rapidement mon futur plan d’attaque. Le mode groupie était en marche. Malheureusement pour moi et, comme toute groupie en proie à sa proie, cet état n’est jamais beau à voir. Il est même assez effarant de constater à cette occasion la perte de beaucoup de ses principes et de ses valeurs. Ce profil s’explique sans doute par cette nécessité qui, afin de susciter l’intérêt de la personne convoitée, pousse à « se vendre » coûte que coûte dans l’espoir et le but non dissimulé d’attirer son attention. Et selon notre degré d’impudeur, s’insinuer afin d’obtenir quelques faveurs…

Approche et photo-groupie

clameursAinsi, sans ménagement, je me sentis la permission d’alpaguer Océanerosemarie au son d’un « bonsoir ! » sans équivoque et impossible d’ignorer. Cette approche douteuse opéra et dans son sillage éclipsa un malchanceux jeune homme qui venait à peine de l’approcher. De ce malencontreux dommage collatéral, l’histoire ne nous dit pas s’il réussit, une fois ma proie relâchée, à l’aborder à nouveau. S’en suivit une non moins pathétique tentative de discussion pseudo-artistique encouragée par des flatteries, mais ô combien méritées. Et ce, dans le but ultime -et là s’arrête chez moi, merci, mon vice de groupie- d’une photographie.

Séance à laquelle Océanerosemarie, après que j’eus exigé que nous utilisions les décors scéniques pour une meilleure lumière et mise en scène, s’est prêtée avec bonne humeur, professionnalisme et extraordinaire patience. Mon récit avance et je dois malgré tout avouer que, quelques semaines auparavant, des signes avant-coureurs préfiguraient cet état à venir, dont notamment :

– Assister lors d’une Première au grandiose « Qui a peur de Vagina Wolf » d’Anna Margarita Albelo, puis le visionnage et le partage du brillant et décapant trailer du remake de « La vie d’Adèle », avec pour actrices principales Anna Margarita (encore une fois) et Océanerosemarie herself.

– La découverte, quasi-mystique et totalement fortuite, du one woman show hilarant « La lesbienne invisible ».

Deux moments majestueux. Bref, gonflée à bloc comme je l’étais, j’image à présent avec difficultés comment il m’aurait été possible de ne pas succomber aux délices d’être, un beau soir d’été dégagé, groupie d’Océanerosemarie.

– Mélanie Thomas