« On va faire le tour du monde ! ». Cette phrase, on la connait tous. Il y a toujours un luron parmi nos connaissances prêt à en découdre avec le globe. À la différence qu’ici, ils sont deux. Originaires de Dijon, Alexis et Paul ont 22 ans et projettent de voyager toute une année. Avant qu’ils changent de sexe en Thaïlande ou qu’ils marchent pieds nus en mangeant bio, j’ai jugé intéressant de leur poser quelques questions pour en savoir plus sur cette expérience cliché mais ô combien attrayante pour les adeptes des « Vacances pour ceux qui restent ».

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C’est quoi votre background les gars ?
Paul : On est tous les deux en école commerce. Je suis en première année de master à l’ICN de Nancy et mon projet professionnel est spécialisé dans le tourisme. Ce tour du monde se complète donc assez bien avec mes études même si ce n’est pas l’unique raison de ce voyage. Ça va faire pompeux de dire ça mais je compte beaucoup apprendre humainement parlant.
Alexis : Je suis à l’EM de Strasbourg. Je ne sais pas vraiment ce que je veux faire de ma vie pour l’instant mais on peut dire que je sais déjà ce que je ne veux pas faire. C’est en partie pour ça que je veux faire ce tour du monde : initiative personnelle, monter des projets, créer son parcours de vie, son éducation…

Comment savoir si vous allez vous supporter pendant cette aventure, vous avez déjà voyagé ensemble ?
Paul : (rires) Ouais, l’été dernier on a fait un voyage « test » dans l’Europe de l’Est jusqu’en Turquie.
Alexis : Un parcours de 7.500 km en tout.
Paul : Pas mal de galères sur la route, on peut dire que ça a forgé notre expérience de voyage à deux.

La décision de taper le tour du monde s’est faite un soir trop arrosé c’est ça ?
Paul : Non !
Alexis : (rires) Mais si !
Paul : Je crois que chacun de notre côté, nous avions l’envie secrète de le faire.
Alexis : Tout a commencé dans un bar qui s’appelle La Lanterne, à Strasbourg. On parlait tour du monde et comme chacun avait un coup dans le nez, on ne pensait pas que l’autre était sérieux, alors qu’au fond de nous c’était sincère. Quelques jours après, chacun avait fait des recherches de son côté. Alors le projet a démarré.

Comment tout ça va se dérouler ? Balancez le plan de route ! (plan google)
Alexis : Départ le 1er août pour l’Afrique avec le Kenya. Sur place, on va bosser dans un orphelinat. Ensuite, descente en Tanzanie et là-bas, le travail sera dans une ferme. On va surement faire du Woofing (bénévolat en ferme biologique), ça se développe pas mal en Afrique. Après, on compte se mesurer au Kilimandjaro, ça fera la session alpinisme à 5.895 mètres. Puis, départ pour l’Afrique du Sud avec le projet de travailler dans une réserve naturelle.

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Mais ces boulots, c’est pour financer le tour du monde ?
Paul : Pas vraiment parce qu’on compte réunir la somme grâce à des sponsors (qu’on recherche toujours…). Pour nous, ces boulots servent à rencontrer des gens, faire du bénévolat, aider, voir le pays sous un autre angle…

Okay et après l’Afrique ?
Paul : L’Amérique latine. Ça commence par le Pérou pour arriver au Panama, en passant par l’Equateur. On a réalisé un squelette de parcours mais rien n’est fixé.
Alexis : En fait, on a beaucoup planifié l’Afrique mais pas autant le reste, même si les grandes lignes sont dessinées.
Paul : T’arrives pas en Afrique à l’arrache. Il faut des contacts, être encadré. Alors que l’Amérique du sud, c’est différent.
Alexis : Si tu veux, il y a pas mal de « tourdumondistes » qui évitent l’Afrique parce que les avions sont chers, et même quand tu es sur place ce n’est pas toujours évident de trouver de quoi se loger. En général, le tour du monde classique c’est Asie et Amérique latine.

Il parait que vous voulez traverser l’océan Pacifique en faisant du bateau-stop ?
Paul : C’est arrivé un peu par hasard. En surfant sur des blogs, on est tombé sur un mec qui avait fait le tour du monde en 5 ans uniquement par autostop. Et pour traverser le golf du Mexique, le type a fait du bateau-stop. On s’est rendu compte que c’était une pratique de plus en plus courante. Ce sont des embauches de personnels navigants qui se font régulièrement sur le net : des skippers postent leur voyage ainsi que le nombre de personnes dont ils ont besoin et tu t’inscris.
Alexis : On a prévu de tester ce concept pour la Grèce, juste avant notre départ histoire de voir comment ça se déroule. Ça va aussi permettre d’apprendre le jargon de navigation et de participer à la vie du bateau en nettoyant, en faisant de la surveillance, etc. On sera des mousses !

La suite du voyage ?
Paul : Nouvelle-Zélande, Indonésie et l’Inde.
Alexis : La Birmanie ça nous tente grave aussi. C’est un pays qui a ouvert ses frontières il n’y a pas si longtemps que ça.
Paul : Ensuite, ce sera la fin de notre trip, direction la France.

Je ne vois pas de destinations comme le Japon, les USA ou l’Australie ?
Paul : Ce sont des endroits où on ira un jour mais pas pendant ce tour du monde.
Alexis : Ouais, ces pays ne sont pas très difficiles d’accès. L’idée était de choisir des destinations et des expériences qu’on n’osera peut-être pas faire plus tard.
Paul : Pendant notre road trip dans les pays de l’Est, on s’est aussi rendu compte qu’il fallait éviter les capitales pour ne pas se laisser porter par des trajets directs et des circuits tout tracés : musées, monuments, tourisme…

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Vous comptez ouvrir un blog histoire qu’on puisse vous suivre ?
Paul : Ouais, il y aura des articles, des photos mais aussi des vidéos par pays d’environ 5 minutes où on essaiera de retranscrire en musique l’émotion du voyage.
Alexis : On a cette volonté de donner envie aux gens de venir visiter les pays traversés et nos expériences vécues sur place grâce à la vidéo.

Comment se déroule la préparation d’un tel projet, j’imagine que vous avez raflé tous les guides du routard ?
Paul : Internet. Faut pas chercher plus loin.
Alexis : Ouais, merci Internet. Tous nos contacts proviennent du web, même le type qui a sa ferme au fin fond de la Tanzanie. Après, il n’y a pas que le web qui va t’organiser le logement et les rencontres. Sur place, il faudra aussi jouer un peu le rôle d’Antoine de Maximy à la J’irais dormir chez vous.
Paul : Les sites Internet gouvernementaux ont pas mal aidé pour connaître la situation des endroits où on allait…
Alexis : Mouais, ça dépend parce que si tu les écoutes, tu ne pars jamais de chez toi. Il vaut mieux lire les témoignages sur les forums. Le ministère des Affaires étrangères colore la Colombie en rouge alors qu’une amie à moi a vécu un an là-bas sans problème… Je pense qu’il ne faut pas éviter de voyager dans des pays dangereux mais il faut être au courant des codes à respecter.

On entend souvent cette expression chez les jeunes qui partent voyager : « J’ai peur de ne jamais revenir ». Est-ce qu’il y a de fortes chances qu’on vous retrouve sur une plage déserte à siroter du soja pour toujours ?
Alexis : (rires) En vrai, on n’en sait rien.
Paul : Je pense qu’on va revenir pour nos études quand même…
Alexis : Il y en a beaucoup qui disent ça !
Paul : Ouais, mais c’est aussi intéressant d’en sortir de ce tour du monde. De vivre l’expérience et de vivre l’après. Et puis, ça permet de connaître des pays dans lesquels on voudra sûrement partir vivre un jour… C’est probable.

 

– propos recueillis par Antoine Massot
Photos : DR
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