Odeur de graillon, bar-tabac qui ferme à point d’heure, karaoké, tram qui emboutit des bagnoles et circulation infernale : c’est une certitude, tu habites pas loin de la gare.

gare

♦ Tu as fini pas t’habituer aux files et aux bouchons incessants qui te les brisaient d’abord menu tant comme piéton que comme automobiliste.

♦ Une subtile odeur de kébab accompagne tes allées et venues en ville. T’es refait.

♦ Tu t’es fait tej’ au moins une fois de l’Atmo, cette boîte de centre-ville blindée d’Erasmus à l’époque.

♦ On le sait, on t’a grillé : tu as déjà été tenté de te finir au Cintra ou dans une autre immonde boîte de karaoké, car tout est fermé à 3h. Mais le videur a froncé les sourcils. T’es rentré chez toi, grosjean comme devant (ouais, c’est une expression des années 20).

♦ Tu as un terminus de Tram. Rien que pour toi, ma gueule. Et ça c’est pas donné à tout le monde : ça te donne l’impression souveraine qu’il t’attend pour partir ! Mais en fait il te zappe, parfois…

♦ T’as même pas versé une petite larme lorsque t’as vu arriver la feuille des impôts locaux. Courageux, républicain et citoyen, tu as même été fier de payer cette somme.

♦ De toute façon, au pire si tu veux grogner, ton député a installé son local parlementaire dans ton tier-quar. Laurent Grandguillaume peut donc t’entendre vociférer tes précieux griefs.

♦ Guilleret, tu peux ponctuer ta marche vers le centre-ville en traversant le parc Darcy verdoyant et apercevoir les amoureux sur les bancs publics, les dealers ainsi que les touristes relous qui montent à califourchon sur l’ours Pompon. Tocards.

♦ T’as pas trop à te fouler pour aller au ciné, il y en a trois dans le coin. Secrètement, ton préféré est bien sûr celui qui propose des « soirées filles » avec boissons, goodies et animations trop cools.

♦ À force, tu finis par croire que t’es le pote du buraliste de la gare, qui t’avoue pour autant détester la plupart de ses clients.

♦ Depuis ta fenêtre, tu entends parfois les doux jingles sonores de la gare. Même quand t’habites à Montchapet.

♦ Tu marches d’un pas pressé pour rejoindre le Transco qui t’emmène à Mirebeau-sur-Bèze. Ou ton TGV pour Paname. Deux écoles, deux budgets.

♦ T’étais aux premières loges pour assister à la prise d’otage morbide rue des Perrières, en 2012.

♦ Tu pestes sur la qualité des boulangeries du coin. D’autant qu’il n’y en a pas autant que de pharmacies ou de fleuristes.

♦ Tu te rends compte que ce n’est pas non plus la fête niveau restos. Les vrais restos. Pas les snacks, les woks et les pizzerias. Merci bien.

♦ Tu te faisais régulièrement interpellé par Béno, le black à guitare qui était une espèce de lointain cousin de Gérard Gagnant, et qui officiait devant l’ancien office du tourisme. R.I.P.

♦ Tu mimes pour la énième fois les poches vides lorsque tes amis mendiants t’interpellent : tu peux être fier de toi.

♦ Tu te félicites d’être dans le seul coin de la ville où il est possible d’acheter des clopes hyper-tard, que ce soit à la gare ou surtout à l’Eden bar, où il t’arrive de beugler devant DFCO-Niort avec toute une bande d’habitués plus ou moins pathétiques.

♦ Tu te souviens avec émotion des soirées de tarés que t’avais passé passablement éméché à l’Espace Grévin, derrière la gare.

♦ L’été, tu t’écroules dans l’herbe au jardin de l’Arquebuse, en mimant un intérêt soutenu pour les noms latins des différentes plantes.

♦ Tu pestes quand même contre la mairie qui a rendu payante une bonne partie des rues du quartier Montchapet.

♦ Tu plains les nombreux étudiants en scooters qui livrent divers burgers et pizzas par tous les temps. Ils sont nombreux dans le coin. Bon, il t’arrive de leur en commander même si t’habites à 100 mètres, grand max.

♦ Fainéant d’aller faire de vraies courses, tu paies tes despés et ton camembert deux fois leur prix à la supérette Cocorico ou à Spar. Pas étonnant que tes vendeurs aient tant le sourire.

♦ Tu ne sais jamais vraiment si le Kilkenny existe encore.

– Tonton Stéph