Franchement, quand on voit des trucs comme la faim dans le monde, les défis Nord-Sud, la mort de JFK, les résultats de départementales, le fil à retordre que peut me donner une vis pour réparer un vélo, on se dit que c’est vraiment pas grave que j’ai quatre mois de retard dans la publication des chroniques bédé. On n’est pas bien là, à la cool… dans Sparse. Et puis si nous n’êtes pas contents, il fallait écouter en live toutes ces chroniques le mardi matin sur Campus. Voici un choix de quelques-uns des derniers ouvrages avec de l’image dedans…
Marcel Duchamp, Un petit jeu entre moi et je – François Olislaeger
Escargoricooo ! Olislaeger a été étudiant quelques temps à Dijon. Donc c’est un livre dijonnais. Au-delà de cette fierté régionaliste qui n’a aucun sens, le bouquin d’Olislaeger retient l’attention par son format : une longue page (en vrai plusieurs collées) pliée en accordéon et dessinée recto-verso. C’est un livre-objet. Les dessins sont noirs et blancs, le dessin est plutôt minimal. La narration s’étale aussi bien de la gauche vers à droite que de haut en bas ou inversement. Le livre a été édité à l’occasion d’une expo parisienne, c’est donc très didactique, c’est pas forcément un mal, puisque format mis à part, l’ambition du livre est de présenter une biographie de cet esprit Dada.
La Revue Dessinée N°7
C’est pour vous signaler que cette excellente revue trimestrielle est sortie. Il y a entre autres des papiers sur le SAC et le MiL par Davodeau et Colombat. La face B, la chronique musicale se penche sur The Residents et la chronique informatique nous remémore la fin du disque grâce à Napster. En tout, 12 histoires version bédé journalisme pour 228 pages.
Explicite, Carnet d’un tournage – scénario d’Olivier Milhaud, dessin de Clement Fabre
Ce livre m’a été remis en mains propres par le rédacteur en chef de Sparse, Chablis Winston, avec ce fameux un clin d’œil lubrique qui me donne encore des sueurs froides. Ce carnet de tournage a été fait en 2012 sur le film Mangez-moi, diffusé la même année sur Canal +. Le réalisateur Jean Guilloré, ami du scénariste Olivier Milhaud, lui propose un rôle dans son film. Surprise, étonnement, gêne aussi… Milhaud demande à sa femme ce qu’elle en pense, il consulte également son éditeur. Est-ce que le cinéma va briser sa carrière bédé ? Son éditeur le pousse au contraire à participer au film de son ami Jean alias John B. Root. Il pourra comme ça faire un livre sur les coulisses d’un boulard ! Alors, si vous aussi vous avez ce petit je-ne-sais-quoi de lubrique dans le regard, ou ailleurs, désolé mais la première paire de loches doit arriver à la 115ème page sur 128. On découvre dans l’arrière monde du porn des bastons d’égo, comme dans n’importe quel taf. On apprend encore l’importance du tournage de gonzos, pour l’argent de poche des acteurs ou les luttes pour faire la couv’ de Hot Vidéo. Ça se laisse bien lire, c’est drôle même si c’est un peu miséreux. Les dessins sont réalistes, plein de couleurs, c’est du lavis, c’est très lumineux, ça se passe dans le sud de la France. Une colo porn en somme.
Vacances à Véga, Journal d’un enregistrement – dessins de Berberian, textes de Bastien Lallemant
Tout comme le bouquin précédent, ça se passe dans le sud de la France, dans un mas loué pour une semaine, c’est aussi illustré avec de beaux lavis. Bon, ici, la grosse maison louée sert de studio d’enregistrement au nouvel album de Bastien Lallemant : La Maison Haute. Comme Bastien est plutôt matinal, contrairement au reste de son équipe, il décide de consigner vers 6 heures du mat’ ses impressions d’enregistrement de la veille, pour garder les souvenirs et donner quelques secrets de fabrication à son public. Les dessins de Berberian illustrent simplement les textes de Bastien. Le bédéphile aura bien entendu remarqué le sous-titre tout sauf anodin pour Berberian « Journal d’un enregistrement » qui résonne avec le 1er gros succès critique de Dupuy et Berberian « Journal d’un album ».
– Martial Ratel
Crédit : L’image illustrant « Vacances à véga, journal d’un enregistrement » provient du blog Le capharnaüm éclairé.
La chronique bédé est un partenariat avec Radio Dijon Campus.