Dès qu’on peut, on va prendre le pouls du Festival MV, au plus près des artistes, sur le terrain. Deuxième temps fort musical du festoche, la soirée électro pop se déroulait hier soir (mercredi) à l’atheneum avec un programme bien chargé puisque pas moins de quatre concerts se sont succédés jusqu’à 00h30 sur fond de ¼ de finale de Ligue des Champions (rediffusé pour l’occasion dans le bar).
SUR SCÈNE.
La première partie était assurée par des élèves de musicologie et leur prof, Philippe Gonin, qui se sont attaqués au répertoire de Kraftwerk, les pionniers de la musique électronique en Europe. Rien que ça. On a eu plaisir à entendre tous les tubes, Autobahn, Trans-Europe Express… même si dans l’ensemble, les reprises sont restées assez timides. Trop, même. Après 40 minutes de krautrock, retour en France avec Clément Bazin, l’artiste découverte de cette soirée. Professeur au conservatoire, instrumentiste sur les tournées de Woodkid, le Parisien affronte la scène tout seul, au milieu de ses machines et d’un steel pan. Cet instrument, sorte de grosse cuvette métallique faite de bosses et de creux, il le pratique depuis qu’il a 10 ans, c’est donc assez fascinant de le voir en jouer. On se laisse embarquer tranquillement sur ses mélodies caribéennes ; en fermant les yeux et avec la chaleur ambiante on se serait presque imaginé sur une plage de Barbade. Mention spéciale pour l’edit de That thing de Lauryn Hill, entre R&B et future beats qui a réveillé les souvenirs d’adolescence de la moitié de la salle. Premier pari réussi.
On gagne encore quelques degrés à l’arrivée de Fyfe sur scène. Voix fragile et gueule d’ange, le jeune anglais, dont le premier album sorti il y a un mois défraye la presse musicale et féminine, remporte tous les suffrages aussi ce soir. Il y a du fan dans la salle ; à l’annonce de certains morceaux c’est l’emballement du côté des filles. « Ca y est ! C’est mon morceau préférééé ». Timide, il joue la carte de l’humilité : « I apologize, i’m not very polite because i don’t really speak french » et propose une adaptation live millimétrée de l’album. Tout tient dans le titre Control qui illustre bien le penchant presque maniaque de Paul Dixon à garder la main sur l’ensemble de ses productions. C’est bien fait, parfaitement calé, on sent qu’il y a déjà eu quelques grosses dates avant pour rôder le tout. Enfin, rien à dire, mais on éprouve moins d’émotions bizarrement.
Dream Koala referme la soirée avec son live ordinateur – pad – guitare. On le retrouve dans la même configuration qu’en 2013 pour le festival Résonances : seul sur scène. Une fois les nappes lancées, il alterne voix, guitare et pad rythmiques tout en balançant ses dreadlocks. Le son est un peu plus brut et les passages purement électro sont beaucoup plus barrés qu’avant. On ressent l’influence de ses deux années passées à Berlin. Dommage que la moitié de la salle se soit déjà dispersée, à croire qu’il n’y en avait que pour le blondinet saxon…
DANS LA SALLE ET DEHORS.
Il faisait très chaud hier soir à l’atheneum et en plus, il y avait la retransmission du match PSG-Barcelone dans le bar. Donc évidemment, ça squattait à la fois au comptoir, et dans le « parc à tox' ». Et puis il y avait aussi ceux qui étaient venus spécialement pour un artiste, et quand tu viens voir Fyfe, ce n’est pas dit que tu apprécies pleinement derrière, Dream Koala et son univers plus abstrait.
À l’intérieur, les Dijonnais sont comme d’habitude restés pour la plupart dans la retenue, avec le bon mètre et demi entre la scène et la première rangée (à part sur Fyfe). Ça me rappelle cet endroit que tu n’osais pas franchir et que tu qualifiais de « rivière aux crocodiles » avec tes copains de récré. Sans surprise, les gens sont restés mous. Allez, on va être sympa et mettre ça sur le compte de la chaleur. Bande de petits sensibles. Vous penserez bien à vous hydrater ce week-end sur la Péniche Cancale pour la fin du festival : on annonce encore des températures estivales.
– Sophie Brignoli
Photos : Vincent Arbelet