Toi aussi, amuses-toi avec tes doigts. Tu en as juste assez pour soustraire 22 de 31, sans googliser la réponse. 9, ma gueule, la bonne réponse est 9. C’est aussi le nombre de jours au mois de mai où tu peux quitter les pages modes de Jalouse et les quizz sur ton smartphone pour aller au théâtre voir les conflits du monde résumés dans une éprouvette.

TEM

Fortement cosmopolite et sous tension, le tube à essai. Les mouvements du monde contenu dans un festival ? Parfaitement. Mieux que la foire gastronomique, plus coloré que Florissimo, Théâtre en Mai est de retour. Et cette saison, la couleur est – attention citation théâtrale glissée délicatement – « du rouge rien que du rouge. »*

Rouge, c’est aussi la couleur du petit livre que cacherait sous sa veste Prince de Galles, le taulier du Théâtre Dijon Bourgogne, qui organise le festival. Il paraîtrait même qu’il l’ouvre de temps en temps entre une mise en scène et le dessin d’une saison au CDN. Alors pas étonnant que dans l’édition 2015, de cette saison dans la saison qu’est Théâtre en Mai, on retrouve le profit, le collectif et l’individu devisés sous toutes les coutures, dépecé, analysé, rejoué en images et en mouvement. Avec la même pointe de perfection que celle d’un Patrick Chêne décrivant les bordures des étapes de plat du Tour de France. Les mêmes qui mettaient à mal la communauté du peloton pour faire saigner les dents d’un chien de l’Est comme a du l’être Vinokourov. Dans le mouvement global du peloton Théâtre en Mai, tu pourras croiser : Mickey tout rouge et politique, des Grecs revisitant du Russe, Marx et son Capital accompagné d’un singe (celui de la couv’ du programme ?), Un petit Norvégien immense et humaniste, des lituaniens opératiques et lunaires ou encore l’honneur du Maghreb revu par le dessous des cartes et des capes.

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Forcément ici, tu n’auras pas le détail du festival, pas l’argument magique des vendeurs de Twingo. Pour cela, tu es curieux, tu n’as pas peur et tu te rends dans un des lieux qui abritera les spectacles, campus et Cité réunis temporairement, pour trouver la plaquette simiesque (rien à voir avec Michel) et la prendre pour guide du 22 au 31 mai prochain. Du chapiteau (mail forain) au Grand Théâtre, de l’Atheneum à cette vieille église chérie qu’est le Parvis Saint-Jean, tu auras de quoi rencontrer du jeune loup acéré (tiens la Cie Le Singe et Sylvain Creuzevault par exemple) et du vieux sage à grimace (le parrain du festival, Jipé Vincent venu avec un Godot terrible). Sois curieux, on en reparlera ici, sur ce site avec deux ou trois retours de Kick. En attendant, va te balader entre Atlantique Nord et Russie en Faillite, entre ta petite gueule et les utopies collectives à réinventer. Va prendre à pleines mains les questions que te tendent les comédiens, les musiciens, les magiciens qui arrivent. Tu trouveras bien quelques réponses en sortant des spectacles. Et avec un peu de chance, tu auras de quoi être amusé ou ému. Au Théâtre ? Yep, essaies et tu verras.

Little patriot

Pour moi, le match attendu pour cette édition, c’est Mickey le Rouge, Amérique servie façon contestataire-psyché, versus Le Capital, idéologie en voie de réappropriation urgente. Pour arbitre, il y a les Grecs du Blitz Théâtre qui règle le sort à l’Europe endormie sur ses souvenirs dans Late Night et regarde Oncle Vania de Tchekhov louper les joies des générations futures. Du rouge contre du Bleu, arbitré par le vert du dollar et de l’espoir. Digne d’un Feu d’artifice du 14 juillet, même s’il est gâté par une victoire de Vino le revanchard.

– Badneighbour

* Si tu veux connaître la réponse, taxe la carte France Loisirs de ta grand-mère.­
Théâtre en Mai, du 22 au 31 mai à Dijon – plus d’infos