On l’attendait (enfin moi perso), il est là : le nouveau bijou Pixar, réalisé par Pete Doctor (scénariste de la saga Toy Story, Monstre et Cie…) : Vice Versa. Comme d’hab l’idée est simple : après avoir fait parler les jouets et interroger la peur des gosses, Pete Doctor se met dans leur tête. Et c’est juste grandiose.

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Cinq émotions : Joie aux manettes, Tristesse en contre-point, et un trio infernal : Peur, Colère et Dégoût. Ensemble, ils régissent nos réactions en appuyant sur une console. C’est eux qui décident de nos souvenirs, ceux qui iront dans la mémoire centrale et ceux qui seront stockés à long terme, avant éventuellement d’être oubliés. Ils alimentent aussi cinq îles constitutives de la personnalité de Ryley, la petite fille dont on suit les pérégrinations mentales. Ici, ce sont Famille, Amitié, Bêtises, Hockey et Honnêteté. Tout va bien pour la petite jusqu’à ce que ses parents déménagent et que son monde s’écroule, au sens propre.

On se promène donc avec Joie en tête de file dans le cortex de Ryley. Tout y est représenté : le train de la pensée (toujours en mouvement, ben oui), les archives de souvenirs (les numéros de téléphone des copines ? On jette, elle a tout dans son portable), la production au sens cinématographique du terme des rêves (scénars bouclés dans la journée, avec une grande vedette des rêves de Ryley, La Licorne), le lieu de l’imagination (avec ses forêts de frites, son château de cartes et ses nouvelles préoccupations…), le centre des abstractions et la caverne du subconscient. Tout l’univers mental est représenté avec une surenchère de bonnes idées tant visuelles que conceptuelles. Il ne manque rien. J’ai envie de tout vous raconter mais mon Sympa vient de prendre les manettes de mon cerveau, vous avez de la chance.

Visuellement ça dépote : c’est coloré (on a parfois l’impression d’être coincé d’un paquet de Dragibus avec tous ces souvenirs), la 3D gagne enfin un peu en épaisseur et en chaleur ; la réalisation a un rythme de fou, le scénar’ fait intervenir petit à petit les bonnes trouvailles, et la mise en scène se permet d’envisager tous les possibles de notre cerveau. La version française n’est pas mauvaise : on retrouve Pierre Niney, Gilles Lellouche, Marie-Lou Berry, Charlotte Le Bon et surtout Mélanie Laurent qui interprète Dégoût et Mépris. Autant vous dire qu’elle est parfaite. Et bien sûr, comme souvent chez Pixar, c’est très très drôle. Les jeux de mots pleuvent, la caractérisation hyper outrée des cinq émotions donne lieu à des situations improbables et hilarantes.

Comme d’hab, tout le monde a le droit d’y aller. Chacun y trouvera son compte. C’est en tout cas un superbe film sur le passage de l’enfance à l’adolescence (la nuance des souvenirs). Pour la première fois, de manière à la fois simple et poétique, un film nous emmène là où personne n’a jamais vraiment voulu aller : le cerveau d’une préado. Comme ça, ça peut faire peur : en fait c’est rassurant, intelligent, touchant. Tout le monde en tout cas pourra replonger dans les souvenirs qui ont fait de lui ce qu’il est, de toutes ces petites choses constitutives de sa personnalité. Bien sûr, on a droit à un petite morale sympatoche mais pas relou. Ce film devrait être obligatoire à tout gamin qui rentre au collège. Ainsi qu’à tous les parents qui pigeraient un poil plus comment fonctionne un gosse de cet âge. Et le reste du monde aussi, pour éviter d’entendre claquer des portes inutilement. Peut-être qu’Enthousiasme vient de prendre les commandes de ma tête mais vraiment, allez-y.

– Melita Breitcbach

À l’Olympia et au Cap Vert, en VF, en VO, en numérique et en 3D. Vous avez le choix.