Le Territoire de Belfort : Valdoie, Beaucourt, Delle, Offemont, Évette-Salbert, Belfort. C’est au beau milieu de ces patelins et sur la magnifique presqu’île de Malsaucy que les Eurockéennes célébraient leur 27ème édition les 3, 4 et 5 juillet. Niché au pied des Vosges, le festival a fait sold-out sur les trois jours et tourné à 39°C de moyenne, accueillant 102.000 personnes venues d’encanailler pendant trois jours. Sparse y était, et on a sacrément mouillé le maillot pour te ramener de l’info de première fraîcheur. Reportage sur place, avec Major Lazer en mode boucherie-charcuterie, des rappeurs sous codéine, Matthieu Pigasse et cette saloperie de t-shirt qui colle.

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INDICE TRANSPI. 

On ne va pas y aller par quatre chemins : se rendre dans un gros festival par temps de canicule, c’est un plan SM. Level max dépassé. Perles de sueur et moiteur toute la journée. Se lâcher sur le dancefloor 10 minutes, c’était une demi-heure de recup’ assurée derrière. Heureusement, l’orga avait prévu le coup et proposait brumisateurs géants, piscines gonflables et chapeaux de paille un peu partout sur le site. Ça cognait dur pendant trois jours, éternel respect aux 15.000 kids qui squattaient le camping. Qui dit festival d’envergure comme les Eurocks, dit grosse foule qui s’entasse comme des putain de sardines sur les différentes scènes. À part sur la grande scène (Major Lazer, Sting, Die Antwoord) où il est extrêmement compliqué de se déplacer tranquillement, le festoche était plutôt vivable. Niveau ambiance, le public s’est montré hyper chaud, partout, tout le temps. Sauf quand il s’agit d’être sur la scène de « La Plage » sous un cagnard pas possible à 16h le samedi aprem… Normal. On s’est enfin souvenu que l’eau, c’est la vie. Et que même tiède, ça fait du bien. Big up aux “dames pipi” qui ont rappelé aux teens que la bière, par forte chaleur surtout, leur fera plus de mal que de bien.

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POINT FASHION WEEK.

Focus sur nos trois looks préférés du week-end.

  • L’ersatz de Coachella : on a croisé des centaines de p’tites meufs aux cheveux ondulés agrémentés de couronnes de fleur, avec robe en dentelle blanche et petites tongs. Élégant, certes. Mais complètement pas pratique quand une bière est renversée toute les demi-secondes, que tout le monde tape du pieds et que tu dois pisser dans des chiottes portatives sans poser ton cul sur la lunette.

Esthétique : 7 / confort : 2 / praticité : 0

  • Le ouachon échaudé : une paire d’Asics bien pétées, un t-shirt qu’il a envoyé bouler à la première suée, une pochette Von Dutch portée en bandoulière contenant assez de jetons pour abreuver tout le camping et la clé d’une Clio première génération tunnée. Option slip Eminence qui dépasse du bermuda.

Esthétique : 5 (si la pochette est une vraie) / confort : 8 / praticité : 7

  • Le teuffeur de chez Go Sport : des chaussures de rando, un sac à dos très élaboré avec des barres de muesli et des pansements dedans, un bob kaki et des mousquetons. Habitué à vivre en pleine nature, il possède également tout un attirail de gadgets et autres couteaux suisses.

Esthétique : 0 / confort : 9 / praticité : 10

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CE QU’ON A AIMÉ, AU FINAL.

– Le spectacle bovin signé Major Lazer : des morceaux tubesques enchainés toutes les 30 secondes en grande majorité ; du dessin-vidéo qui défonce sur les écrans géants, des canons à fumée ; du feu ; Christine & The Queens qui vient faire le dernier refrain et des meufs qui twerkent sur scène pendant une heure. Show total, comme les Pays-Bas en 1974.

– The Soft Moon : la puissance.

– Pusha T, ILoveMakonnen, Rae Sremmurd, Run The Jewels, Kevin Gates : de manière générale, la prog’ hip-hop sur la scène de la Plage du festival cassait tout.

– Le kilo de frites à 4 balles de chez Momo.

– L’Affligem fruits rouges.

– Les gens sales, mais heureux.

– Sleaford Mods : des gueules cramées de quarantenaires anglais, un type au micro, l’autre qui boit des binouzes et lance les morceaux sur un ordi posé sur une petite table. Pas d’instrument. Config’ minimale. Rien à foutre.

– L’option veggie à tous les stands de bouffe.

– Le live de Die Antwoord, car ils sont totalement siphonnés et géniaux, 1h30 de hard booty shake comment on en voit rarement.

– Les décos lumineuses mises en place sur le site.

– L’étang de Malsaucy : plan d’eau de 55 hectares qui s’étend sur les trois villages d’Evette-Salbert, Lachapelle-sous-Chaux et Sermamagny. Petit coin de paradis au coeur de la campagne, avec un énorme festival posé là. Propre.

– La forge d’Isidore, meilleur spot couleur locale pour aller pioncer.

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CE QU’ON N’A PAS TROP AIMÉ.

– La connasse qui te pousse parce que tu danses et pas elle. Sorry not sorry, y’a Lean On, là. De Major Lazer.

– Quand les éléments naturels collaient à nous à cause de la chaleur.

– Ne pas pouvoir aller faire trempette dans le lac.

– Ullmann, la mascotte un poil relou.

– Le « secret place » : concept cool pour les ados et les adeptes des réseaux sociaux en quête d’instant VIP : via Facebook, on te file un rendez-vous telle heure, tel endroit, pour une surprise. C’est tellement secret qu’on a un mot de passe. Dans l’idée on se dit pourquoi pas, dans la pratique en revanche, c’est un non. Le truc “secret” était en fait une silent party, concept un peu foireux dans lequel le DJ mixe et chaque participant dispose d’un casque où il reçoit la musique. Danser tout seul en silence avec son casque sur les oreilles au milieu de tous… On se sent tout seul alors qu’on préférerait se sentir ensemble, un peu comme dans un festival quoi. Le même mot de passe pour la même surprise trois jours de suite, c’est pas très drôle finalement.

– Cette nouvelle mode des cornes en mode “PULL UP” complètement fête foraine adoptée par quasi tous les DJ.

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TAUX DE REBOND. 

Prog’ chiadée, 39 degrés, le pied. Trois jours pour danser sur nos crush musicaux de l’année, et cruiser calmement dans le Territoire de Belfort. Parce qu’à côté du festival, on a eu le temps de visiter un peu la Franche-Comté (c’est chez nous aussi maintenant, faut pas oublier). Et on a deux-trois coins sympas à vous recommander. Bon, maintenant, c’est quoi la suite pour un événement qui enchaîne les éditions records ? Une réponse qu’on a peut-être trouvé lors de la conférence de presse bilan du festival, où un grand brun à la silhouette longiligne se tenait à côté de l’équipe organisatrice. Matthieu Pigasse, proprio des Inrocks et actionnaire du Monde, vient d’être nommé président de l’association qui gère les Eurockéennes. Une annonce de taille pour l’homme d’affaires qui a tout juste racheté Radio Nova.

Populaire et généraliste, le festoche vit en 2015 et n’oublie pas de mettre en lumière des artistes moins connus en France mais qui explosent sur les smartphones des gamins. Domination du hip-hop et de l’électro le samedi soir. On regarde devant. À 2h30 de Dijon, 3h d’Auxerre, 1h de Besançon, les Eurocks peuvent drainer un paquet de monde habitant dans la grande région. Cool pour nous. On revient l’an prochain.

– Léa Singe, Chloé Cloche et Pierre-Olivier Bobo
Photos : Vincent Arbelet (c)

À venir cet été sur Sparse : des interviews de tes artistes préférés passés aux #Eurocks2015