« Dijon vu par… » est une expo annuelle commandée par la ville de Dijon. Elle permet à des artistes locaux (photographes, graphistes, designers, dessinateurs…) de nous parler – au travers d’œuvres créées pour l’occasion – de leur vision de Dijon.

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Chaque année, un créateur. Cette année, Dijon est vu par le collectif Fakir. L’expo est visible au salon Apollon, dans le palais des ducs, entrée côté rue de Liberté, en haut du beau grand escalier – je peux pas être plus précis, si tu ne trouves pas, t’as un sérieux problème d’orientation. Le collectif Fakir fait parler de lui depuis quelques années déjà. À la base, c’est un collectif d’architectes qui veut « donner envie d’architecture ». Maintenant, on y trouve aussi des designers, des photographes, des urbanistes, des paysagistes… Ils avaient des pages dédiées à leurs projets dans le Bien Public ou ont participé au « Parking Day ».

L’expo consiste en un panorama. Une grande frise circulaire. Le visiteur se place au milieu comme s’il était au dessus de la tour de Bar, la grande tour au dessus de la mairie. Il peut ainsi admirer tous les projets imaginés par Fakir, insérés virtuellement dans la ville.
Virtuellement, et pas forcément super réaliste. Certains projets pourraient être construits, mais d’autres sont complètement fantaisistes. Des bouquinistes installés autour de Notre Dame. Un café au dessus de la tour de Bar, spa et piscine dans le jardin Darcy (ça, il faut le faire absolument. Trouvez du pognon pour le faire, un KissKissBankBank, un truc comme ça). Le parking Dauphine devient une bibliothèque, l’église St-Michel est rasée, trop énergivore… etc. Y’a même de vrais/faux panneaux de permis de construire dans la ville pour indiquer l’emplacement des futurs faux travaux. Et quelques petites maquettes pour donner vie à certains projets – avec une Delorean dedans.

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En effet, l’expo est basée sur l’utopie. On te remet un petit coup de Thomas More à l’entrée de l’expo pour que tu saisisses le concept de l’utopie. Et on t’informe vite fait sur l’utopie en architecture, avec les phalanstères, des mecs comme Fourier ou Claude-Nicolas Ledoux, qui a construit la saline royale d’Arc-et-Senans. C’est beau, c’est classe, c’est pas loin, tu y vas. Même si ce sont des bâtiments surtout conçus à l’époque pour que le patron puisse avoir tout le monde à l’oeil, tout le temps. Bref.

Pour Fakir, le but est surtout de susciter l’envie, d’imaginer, de penser la ville autrement. Ne pas être obtu en imaginant ce qui pourrait être fait. Le collectif est conscient qu’il n’a pas la main sur tous les projets, et que les demandes ou les appels d’offres venant des pouvoirs publics ne sont pas souvent très fun, plein de contraintes et de normes à respecter. « S’il y avait une réelle volonté politique, on pourrait faire des choses comme ça. On se demande rarement si le bâtiment va être agréable à vivre pour ceux qui sont dedans », explique un membre du collectif.

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« Une bagnole, tout le monde va donner son avis sur son look, sa couleur, son confort. Les bâtiments, les gens vivent autour, avec, dedans. Mais ils ne les regardent presque pas. On aimerait susciter la curiosité, donner envie d’architecture ». En fin de compte, on pourrait clairement appeler ça de la vulgarisation. Il y a même des visites pour les enfants, parce que l’urbanisme, la conscience de vivre dans une ville, ça doit commencer tôt. Sinon, après, on est prêt à accepter l’arbre blanc de la rue de la Lib’.

– Chablis Winston
Photos : Louise Vayssié, Fakir

La bonne nouvelle, c’est que comme on a rencontré le collectif Fakir et qu’ils nous ont dit plein de trucs intéressants, vous allez pouvoir retrouver dans le prochain numéro de Sparse (début septembre) un article plus fourni sur leur taf, leur vision de l’urbanisme, et des infos à faire pâlir d’envie WikiLeaks. Bande de veinards.