C’est pas qu’on s’y connaît vraiment en vélo, on regarde comme tout le monde le Tour et le jeudi d’après Tour on va traditionnellement aux allées du Parc pour regarder tourner les gars pour le Critérium de Dijon. Y’a quelques années, en 2013, on avait remarqué, en ouverture du critérium, une course de fixies : des mecs assez stylés, barbus, sérieux sur vélos à une plaque ou kids branchés sur des demi-courses transformés. C’était rigolo de les voir, eux, tache d huile au milieu de « vrais cyclistes ». Du coup cette année, comme ils s’étaient organisés leurs courses sur un week-end, on s’était dit « pourquoi pas ».

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INDICE TRANSPI.
Pas mal. Ça fait transpirer le vélo… quand on est dessus. D’abord, le vendredi, c’est la Welcome Party (nom de la soirée de fête mais avant la troisième mi-temps, c’est malin des sportifs). C’était au parc de l’Arquebuse, derrière le planétarium, il faisait bon, les gens étaient beaux et la musique des Dj’s était mortelle. Est-ce que je vous ai dit qu’avec mon collègue Julien, on mettait les disques pendant toute la soirée sous le blaze Bernard & Hinault ? On s’est fait plaisir…  Mais bon, bref, en plus de la musique, on trouvait ce soir là un bar, le food-truck Foodies, du kir à gogo, en démo des vélos de zinzin (à étages, à guidon inversé, à propulsion elliptique…) bricolés par l’asso la Rustine, et des sérigraphies en direct par Typon Patate. Le public était assez mixte. Au départ composé de l’orga, coureurs et quelques huiles (de chaine ?), puis des curieux (familles, cultureux toujours à l’affût). Ensuite on a vu les fans de fixies, soit une jeunesse urbaine en 17 et 22 ans, et enfin la « meute », les bénévoles. On a même croisé des activistes des Lentillères (qui repéraient un nouveau squat à l’Arquebuse ?). Ambiance 1 – vélo 1

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Le lendemain, samedi, à l’heure où le jour point à l’horizon, à 11h00, on arrive au vélodrome pour assister à la course de lenteur – le départ est donné après un certain temps, à la discrétion de l’arbitre, durant lequel les coureurs n’ont pas le droit de mettre pied à terre. C’est visiblement dur de rester stable, à l’arrêt, sur des machines à pignon fixe et sans frein. C’est visiblement dur aussi pour les Dijonnais de (re)trouver le chemin du vélodrome : nous sommes les seuls spectateurs ! On assiste aux podiums, avant, trop tôt, un chrono de 1 km avait donné lieu à une série de courses. Un Colombien d’une team italienne gagne un beau vélo à roue lenticulaire. Ambiance moins 1 – vélo 1

Dimanche matin, quartier de la Motte Giron, course de côte, beaucoup trop tôt. C’est à regret qu’on renonce à se présenter en public le teint brouillé un dimanche à 8h00. Et l’aprem’, il pleut. On suit alors les courses sur les réseaux sociaux. La côte à l’air raide, et l’après-midi, le public est bien concentré sous les chapiteaux installés le long du parcours planté sur le parking du Zénith. Tiens, sur la photo des podiums, c’est encore le Colombien qui gagne un deuxième vélo. On apprend qu’il en a aussi choppé un troisième, sur les quatre mis en jeux. J’espère qu’il est venu en camionnette. Campeón 3 – reste du monde 1

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POINT FASHION WEEK.
Alors là, oui, je dis « oui ! ». On est plongé grâce aux cyclistes dans un monde à part, comme une faille spatio-temporelle. Par exemple, une foultitude de marques nouvelles déboule sur votre rétine : Warsaw, Tchickslick, Cinelli… Et, fait étrange, au bout d’un moment, on ne trouve même plus ridicule le port de la mini casquette de cycliste, genre Pee Wee Herman, le cool se trouve là dans cette nouvelle sphère sympa. On est à deux doigts de porter le cuissard et les chaussures à boules sous la semelle. On n’est pas dépaysé avec les sacs en toile (tote bag) qu’on se surprend à requalifier, dans un bon français, par son vrai nom : une musette. Ah, quand même, oui, physiquement, le choc, autre lieu autres mœurs – c’est encore l’été, on porte des shorts – c’est les chaussettes montées au maximum, si possible au dessus de la cheville sur la jambe sans poil. On se rase chez le cyclo. Comme des designers font leur boulot sur les sapes des coureurs, il est possible que dans quelques temps, une lame de fond stylistique vienne de là. Préparez les chaussettes…

CE QU’ON A AIMÉ, AU FINAL.
On était bien le vendredi soir dans la foule et le samedi matin, peinard avec une course vélo, bon enfant, rien que pour soi, sans Jalabert et Thierry Adam. L’ouverture d’esprit est quand même assez incroyable chez les organisateurs faisant le grand-pas entre les rebelles de la Rustine, les hispters de Campus et de Sparse, et les vraies teams sportives sponso, semi-pro de fixies venus de toute l’Europe (Allemagne, Belgique, Pays-Bas… sans oublier… Italie). C’est décontracte et sérieux. International et totalement Dijonnais. Pluie et soleil. Cool et méconnu du grand public : dommage pour l’orga, tant mieux pour nous.

CE QU’ON N’A PAS TROP AIMÉ.
C’est bien trop tôt une course à 8h00 du mat’. Et la pluie.

TAUX DE REBOND.
Ça va devenir gros c’est certain.

– Martial Ratel
Photos : K. Franlyn, Disorderly Habits.