Les vendanges 2015, c’est terminé. Le millésime s’annonce très bon. « Il a fait beau tout l’été, il a plu quand il fallait, juste un peu, et on n’a pas eu de grêle », c’est à peu de mots près ce que répondront tous les vignerons de la région à la question de savoir si la récolte a été bonne. Mais toi, le vin, tu sais pas vraiment ce que c’est. Tu préfères largement le houblon à la grappe. En revanche, on t’a toujours dit que les vendanges, c’était plutôt un bon plan pour se faire des ronds avant la rentrée. Réponse : oui, mais. Sparse te livre ses astuces pour faire la prochaine saison des récoltes dans les meilleures conditions.

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1. Prépare-toi à être sale et moche. Terriblement moche.

À moins de vouloir faire les vendanges sur le plateau de la Cras (lol), il va falloir que tu te bouges aux environs de Beaune. Et pas question de faire le petit citadin prétentieux avec tes mocassins à glands. Tu vas m’enfiler cette paire de bottes fissa et porter fièrement ce k-way de 1995.

Le #ootd par temps chaud et sec : un t-shirt blanc ou clair, une casquette ou un chapeau, un short.
Le #ootd par temps froid et humide : un gilet, un k-way ou un ciré avec capuche, des bottes, un pantalon.

Le plus dur, c’est de bosser sous la pluie. Le combo k-way + capuche + bottes va te donner l’impression de travailler dans une combinaison Hazmat.

L’astuce de Sparse : Pour être vraiment peinard dans les longues rangées de vignes, ressors ta vieille paire de Asics du placard – de toutes façons, tu n’es jamais allé courir depuis que tu les as achetées. Pense aussi à la crème solaire, parce que sérieusement, ça tape fort.

2. Tu te blesseras. Forcément.

Tu peux me dire tout ce que tu veux, tu as beau avoir des doigts de pianiste, tu vas finir par te couper. Si, ne cherche pas à dire le contraire. Et tu ne t’ouvriras pas qu’une fois. Au début, le geste n’est pas encore habituel, tu chercheras le début de la grappe à tâtons entre les feuilles de vigne, tu vas te tordre les mains dans tous les sens. Et tu te mettras à ce moment-là un coup de sécateur dans la partie charnue de tes doigts.

Après quelques pieds, voire quelques rangées pour les plus lents, le mouvement sera mécanique et tu découperas les grappes en moins de deux. Tu seras obsédé par le bruit sec que produit ton outil après chaque arrachage. Et tu te couperas encore une fois. Hé oui.

L’astuce de Sparse : Trouve une paire de gants. Pas trop épaisse pour que ce soit toujours simple de saisir le raisin. Pas trop fine pour pas te couper, idiot ! L’idéal, des gants de jardinage en cuir.

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3. Ton dos va morfler. Sérieusement.

Bon, couper des grappes, c’est pas ce qu’il y a de plus dur. Ça prend deux secondes, au bas mot. Par contre, ne t’attends pas à ce qu’elles te soient présentées sur un plateau. Non, ce serait trop beau. Des fois, les allées dans lesquelles tu coupes n’ont pas été effeuillées. Autrement dit, tu ne vois pas les grappes au premier coup d’œil. Et puis, la plupart du temps, tu vas travailler sur des vignes basses. Celles où le raisin est quasiment au niveau du sol. Oui, ça va piquer.

Tu vas vite te rendre compte qu’il y a plusieurs écoles chez les coupeurs. Ceux qui passent la plupart du temps accroupis, avec option genoux au sol. Ceux qui préfèrent rester debout et se baisser par-dessus leur rang pour chopper les grappes par derrière. Et il y a ceux qui le font même assis. D’expérience, il n’y a pas de position parfaite, mais il faut penser à garder son dos droit. Economise le, bordel !

Si tu es porteur, bon courage.

L’astuce de Sparse : Le soir, pense à t’étirer les jambes et le dos. Les premiers jours sont les plus durs pour ton corps, passé le 3ème, ça roule ma poule.

4. Tu vas pouvoir recalibrer ton horloge biologique. Wow !

Haaaa, se lever tôt le matin, assister au lever du soleil. Avoir ses heures de travail calquées sur la lumière du jour. Le pied. En plus, tu bosses dehors. L’air y est pur. T’es dans la nature, purée ! Tu entretiens un peu ton corps. Tu ne manges plus de McDo le midi. Tu apprécies la bouffe qu’on te fait. Tu te couches tôt, même. Ça ne t’était plus arrivé de t’endormir avant 21h30 depuis ta rentrée en 5ème ! Quel délire !

L’astuce de Sparse : Bon, par contre, si tu dors au gite, tu peux oublier ce passage. Tu vas continuer ta vie de débauche, si ce n’est aggraver un peu plus ton cas. Tu me dégoûtes.

5. Tu vas épater tes potes grâce au vin. Si, si !

Avant, acheter du vin, ça se résumait à aller dans un supermarché et regarder si la bouteille que tu tiens dans la main à une vignette prouvant qu’elle a gagné une médaille dans un concours inconnu. Maintenant, tu sais comment est classé le vin en Bourgogne. La moitié des bouteilles en circulation, ce sont des appellations régionales. Au-dessus, ce sont les appellations village. Puis les premiers crus et finalement les grands crus.

Tu réaliseras également qu’il y a une immense variété de cépages. Bah ouais, banane, tu croyais qu’aligoté et pinot noir c’était la même espèce ?

En soirée, tu vas pouvoir ramener une bouteille de la parcelle que tu as vendangé. C’est pas classe ? Et tu leur expliqueras toutes les étapes qui font que ta mignonne petite grappe juteuse se transforme en un rouge bien gouleyant. Ha, oui, tu apprendras quelques adjectifs sympas pour décrire le vin que tu goûtes. En vrac : capiteux, pâteux, charpenté, vineux, nerveux.

L’astuce de Sparse : Ne force pas trop sur le blanc au repas du midi, sinon tu vas tout oublier de quoi on parle et il va falloir te faire une nouvelle fois ton éducation vin. Retiens-toi, animal !

– Valentin Euvrard
Photos : CC – flickr Karen