Visible jusqu’au 18 octobre, l’exposition de l’Écossaise Katie Paterson mérite le coup d’oeil. Visite express, au Fonds régional d’art contemporain de Franche-Comté, basé à Besançon.

Katie Paterson

Une légende séquane

Il se raconte que le FRAC Franche Comté existe depuis 2005, mais sa réelle naissance coïncide avec la sortie de terre de la pompeusement appelée « Cité des Arts et de la Culture ». Le bâtiment est placé au pied de la Citadelle, sur les lieux de l’ancien port de commerce de la ville. C’est l’architecte japonnais Kengo Kuma qui signe son design très moderne. Du côté de l’orga, on parle d’un bâtiment qui emprunte au passé industriel tout en utilisant des ressources naturelles et la matière noble qu’est le bois. Pour donner un look moderne, les bâtiments sont entourés d’une sorte de façade à carreaux, plus très réguliers sur les bords. La façon dont ils sont disposés donne une impression d’inachevé, comme si certains panneaux restent à poser. Et l’ancien entrepôt est laissé brut. Plus de deux ans après son inauguration, l’hypothèse selon laquelle le résultat final est sous nos yeux, semble la plus probable. Le complexe de la Cité des Arts et de la Culture abrite le Conservatoire de Besançon, un café et le FRAC de Franche-Comté.

Frac Franche Comté

À l’intérieur

Le FRAC Franche-Comté ressemble à tout lieu d’exposition d’art contemporain : très grandes salles, murs d’un blanc stérile, agencement moderne, présentation des collections « épurée », silence de mort. Pas très accueillant pour ceux qui ne sont pas des adeptes de l’art contemporain. Mais si on fait l’effort de pousser la porte du FRAC Franche-Comté, on prend le risque de se mettre à aimer l’art contemporain. L’accueil du personnel change tout. On le sent très investi dans son rôle de rapprocher cet art en apparence inaccessible et hautain, et le petit peuple. C’est la définition des fonds régionaux d’art contemporain, mais comme le dit l’expression, il ne suffit pas de le dire. Au FRAC de Besançon, le personnel est chaleureux et désireux de transmettre la démarche artistique et les codes de lecture des œuvres. De l’accueil aux surveillants de salle, on vous rappelle qu’on est là pour ça. Et on le fait avec beaucoup d’humour et de malice. Peut-être aussi que l’expo du moment s’y prête bien.    

Katie Paterson

Art, science, poésie

Une des expos temporaires abrite le travail de l’Écossaise Katie Paterson. Atypique, dirait-on, si on est du genre à utiliser les termes à la mode. Katie est du genre à créer une bougie parfumée à la senteur « planètes de l’espace » et une bibliothèque qui existera dans 100 ans. Artiste qui se perd dans ses délires, dirait-on, si on ne prend pas le temps d’observer son travail. Katie Paterson est une artiste qui utilise ses créations pour emmener le public vers une réflexion sur la place de l’être humain dans l’immensité de l’univers et de son histoire. Parce que l’univers est son champ d’exploration. Tout l’univers. Des planètes lointaines au minuscule grain de sable sur la nôtre. Dans un monde où l’on croit tout maîtriser, Katie Paterson nous rappelle à quel point un être humain est petit et impuissant par rapport au fonctionnement du monde. Et combien celui-ci n’a pas besoin de nous pour tourner. Mais cela est fait avec poésie et humour, pour en ressortir plus humble. On se risquera par exemple à écouter Les Quatre Saisons de Vivaldi sur le tourne-disque modifié par l’artiste. Mais si on n’entend rien, c’est parce que l’appareil tourne à la vitesse de rotation de la terre. Le mouvement même du disque est imperceptible, car quatre années sont nécessaires pour l’écouter en totalité. Il faut être très patient pour que cette lenteur de rotation nous permette d’entendre au mieux quelques grésillements et murmures. Mais quatre années, quand son âge se compte en milliards, c’est un grain de sable dans le désert.

– Mamz’elle Deucinq
Photos : M.D.

Katie Paterson « Field of the Sky » jusqu’au 18 octobre, FRAC Franche-Comté (Besançon)

Katie Paterson

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