Nichée au pied de la citadelle de Besançon, la Rodia organisait ce week-end la quatrième édition du festival Détonation. Alors que la moyenne d’âge du jeudi était de 20 ans, le vendredi, on était plutôt aux alentours des 45 ans. Bilan comptable : sur trois jours, 7.000 personnes se sont déplacées sur le site du festoche, entre la SMAC et la friche des Prés-de-Vaux. Bilan moral : pas mal de plaisir. Comme à l’école, on met des notes.
Le site du festival : 5/5
Deux espaces, deux ambiances. Le très bon coup cette année, c’est clairement le fait de pouvoir accéder, en plus de la Rodia, à cette friche artistique, une ancienne zone industrielle située dans le quartier des Prés-de-Vaux. Le festival se déployait alors ainsi : d’un côté, la Rodia et sa grande salle, sa terrasse magnifique qui donne sur le Doubs et la citadelle. De l’autre côté, à 400 mètres de là, juste après le parking de la Rodia, la fameuse friche comprenant une grosse scène couverte et un hangar : le bar de la friche. Ajoutez à ça une scéno agréable, des spots lumineux placés judicieusement, quelques propositions malines pour s’alimenter (poulet à la plancha et au sirop d’érable). Seul hic : le stand ticket boisson vite débordé le vendredi soir, quand c’est blindé à la friche.
La punchline de Jeanne Added : 4/5
C’était le jeudi, jour d’ouverture, dans la grande salle de la Rodia. Et c’était bizarre. Visiblement, le public n’a guère goûté aux coups de boutoir rock / punk électro de la chanteuse à la tignasse argentée. Du coup, l’ambiance était toute molle. Frilosité gênante. L’artiste rémoise préférera en rire : « Y’a un malaise qui est en train de se créer entre nous, j’ai quelques disques de bossa nova si vous voulez ».
Selah Sue : 4/5
Selah Sue est belle, Selah Sue a une jolie voix, Selah Sue joue de la guitare, Selah Sue électrise son public, Selah Sue danse bien, Selah Sue fait des reprises ultra groovy de Lauryn Hill. Tout le monde aime Selah Sue, que tu aies 7 ou 77 ans, et tout le monde est venu la voir le vendredi à la friche. « Même si le 2ème album de Selah Sue est caca, je préfère que les gens viennent la regarder plutôt qu’ils écoutent de la grosse merde », me glisse mon collègue Chablis Winston.
Le mur qui permet d’envoyer des SMS : 6/5
C’est con, mais ça nous fait beaucoup rire. « Le textographe », un mur à SMS, était installé à la friche, permettant de glisser des petits mots d’amour à ta copine ou bien de s’exercer à la poésie : « Petit point (sic) dans ta chatte à Paul Kalkbrenner ». On a facilement passé 30 minutes chaque soir à lire les messages qui défilaient en diagonale. Merci.
Le mec qui passait du son pendant le concert de Selah Sue : 1/5
Il était tout seul au bar de la friche, dans le hangar, pendant le concert de Selah Sue. C’est pas de bol. Idem pour la scène électro du vendredi soir à la Rodia : peu de monde présent pour profiter de Dj Nelson ou Feetwan. On espère que ça s’est un peu rempli sur la fin de soirée dans la Rodia.
L’absence de dread dans le centre-ville de Besançon : 2,5/5
Que s’est-il passé ? Où sont les djembés et les monodreads ? Choc spatio-temporel. On n’a pas pu s’empêcher de remarquer que le centre-ville de Besac’ était à présent ouaouach-free. Adieu les cheveux sales, bonjour les grosses barbes et le combo lunettes-mèches. Comme à Dijon en fait. Avec ses nombreuses terrasses de café, ses petites rues piétonnes, sa rivière, son architecture, on était à deux doigts de se dire que le centre-ville de Besançon défonçait celui de Dijon. Mais en fait non : il est vraiment tout petit, ce tramway…
– Pierre-Olivier Bobo
Photos : DR / La Rodia