Le temps d’un week-end, toute la ville de Pontarlier s’est mise à l’heure verte pour célébrer deux anniversaires en même temps : les 15 ans des Absinthiades, événement culturel autour de l’absinthe, et le centenaire de l’interdiction de la liqueur. Si les initiés-passionnés du monde entier avaient fait jusqu’à plusieurs milliers de kilomètres pour l’événement, tout type de public a répondu présent pour découvrir toute la culture autour de l’absinthe à travers une grande variété d’animations.

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INDICE TRANSPI.

L’ambiance est ce qui fait avant tout les Absinthiades. Ou que tu passes, tu es accueilli avec la même chaleur qui n’a rien à envier au sud. C’est sourire et grande disponibilité, autant de la part du staff bénévole, que des exposants ou même des participants. Les Absinthiades, c’est avant tout de la convivialité et du partage, de l’humain. Tu rigoles avec des inconnus, tu échanges avec les producteurs locaux, tu rencontres des gens d’ici et du monde entier. Un peu comme Wolfgang, de la région de Stuttgart, un verre à la main qui te raconte que l’absinthe c’est un hobby, qu’il est grand collectionneur d’objets antiques liés à la liqueur. Ce qu’il aime avec l’absinthe, ce sont les mythes qui entourent son histoire, la nature du territoire où elle est produite (cherche « Larmont » dans Google images), retrouver ses amis, et puis quand même aussi : la boisson.

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POINT FASHION WEEK.

Un peu dommage, mais aucun effort d’excentricité vestimentaire de la part du public. On a tout de même croisé une poupée Barbie taille réelle : miss Franche-Comté (ou une de ses dauphines). Sinon, le « staff » est très classe, avec le gilet vert, la broche en branche d’absinthe, et le sourire.

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CE QU’ON A AIMÉ, AU FINAL.

Casser le mythe de la liqueur diabolique qui rend fou. L’absinthe, avec le rituel de la fontaine, c’est avant tout de l’art de vivre, prendre le temps du goutte à goutte, de voire apparaître la fée verte, et de déguster. D’ailleurs, une bonne absinthe n’est pas forte en alcool, mais en saveurs des plantes qui la composent. C’est aussi un temps de partage, de convivialité. L’absinthe à Pontarlier, c’est un peu comme la bière dans un pub anglais : elle efface les différences sociales et réunit tout le monde pour un bon moment.

La variété d’animations au programme :

– cinq expositions spéciales en tout, dans des lieux différents et réalisées par des structures différentes : les Amis du Musée de Pontarlier, le Centre de Ressources Iconographiques pour le Cinéma, le Musée de Pontarlier et un lycée pontissalien !

– un salon des collectionneurs pour découvrir tous types d’objets autour de l’absinthe : matériel de dégustation, propagande de la ligue antialcoolique, publicités, vieilles bouteilles…

– des menus à l’absinthe dans les restaurants de la ville, de l’entrée au dessert.

– du street art « absinthique » par un graffeur local, Benjamin Locatelli, qui nous montre que l’absinthe est toujours la fée inspiratrice des artistes.

– les visites des distilleries, même si c’est toute l’année, là il y avait le monde et les animations en plus.

– les concours de dégustation, pour décerner le prix de la meilleure absinthe.

– le spectacle autour de l’absinthe le samedi soir.

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L’approche historique. Le musée était en mode portes ouvertes pour en savoir plus sur le sujet, mais le contenu historique ne s’arrête pas là. C’est un peu chaque pontissalien qui véhicule un pan de cette histoire qui fait partie du patrimoine local. Et chaque lieu des Absinthiades est une occasion de rappeler comment la fée verte a marqué l’histoire de la ville, à l’image des distilleries, qui sont des monuments du patrimoine local.

Le côté valorisation du patrimoine et des savoirs ancestraux. C’est bien, ça amène du contenu à l’événement, mais il y a un grand risque de s’enfermer dans une manifestation culturelle poussiéreuse qui s’adresse uniquement aux conservateurs de musées. Les Absinthiades démontrent qu’on peut aussi faire d’une période historique un événement moderne et fun.

La visite de la distillerie Guy. On est bien loin du plan touriste à 2 balles ou un patron à l’ego bien plus grand que son savoir-faire se gargarise d’ « éléments de langage » préparés par son service com’ pour s’assurer que le pigeon vide sa bourse à la fin de la visite. Chez Guy, la famille t’invite chez elle pour partager avec toi son histoire, son savoir-faire, sa passion, te fait goûter de l’absinthe – pas la liqueur, la plante. Là encore, on ne s’enferme pas dans un truc poussiéreux. La visité est fraîche, fun et tu apprends quantité de choses en te marrant. On te parle des valeurs de l’absinthe, la convivialité et les saveurs, à l’opposition du binge drinking, grosse tendance chez les jeunes. Oui, car on a aussi un petit côté militant chez Guy, c’est pas pour rien que c’est la famille qui a permis de relancer la production de l’absinthe en toute légalité. Bien sûr, à la fin de la visite on t’offre de déguster les produits, dans la cour, pour apprécier le groupe invité pour l’occasion.

L’after avec des autochtones qui étaient des inconnus deux heures plus tôt. Et parce qu’il faut bien du Pont pour digérer son absinthe.

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CE QU’ON N’A PAS TROP AIMÉ.

Ne pas avoir eu l’occasion de faire partie du jury pour le concours de dégustation. Toutes ces saveurs qui n’ont pas eu le privilège de nous chatouiller les papilles! En même temps, on ne peut pas le reprocher à l’orga, tout le monde peut s’inscrire.

Qu’il y ait peu de jeunes (moins de 25 ans). Certes la fée verte est un produit haut de gamme et encore peu connu en dehors de la Franche-Comté, mais les Absinthiades c’est avant tout un événement culturelle et historique.

TAUX DE REBOND.

On retient la leçon de maths du week-end : Pontarlier + octobre = absinthe !! (non, Absinthiades)

On prépare une délégation dijonnaise pour l’an prochain, et en attendant on partage avec la rédac’ de Sparse ce qu’on a ramené du week-end.

On pensera à s’inscrire au concours de dégustation en 2016. Catégorie VIP ?

– Mamz’elle Deucinq
Photos : M.D.