De la montée des marches sur les petits tapis rouges devant nos cinés, à la grande soirée de gala ultra VIP au cellier de Clairvaux, la croisette s’est bien amusée cette semaine.

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On était bien bien bien aux rencontres cinématographiques ! Le papa de The Artist, toujours fidèle au poste (par contre un peu l’arnaque d’être venu sans The Artist’s Clebs, j’étais dégoûtée un peu j’avoue), mais aussi Claude Lelouch, Gaspar Noé en skype direct live, Eric Lartigau (La Famille Bélier), Jacques Audiard et les scénaristes de son joli Deephan, pour ne citer qu’eux, nous ont fait l’honneur de leur présence. So, qu’est ce qu’on en retient ?

Que les débats, c’est pas QUE de la branlette intelleculturelle confituresque. Non, c’est même mieux qu’à Cannes (crari la meuf elle y va tout le temps) : il manquait juste un petit ballon de Marsannay pour se sentir au troquet à la bien avec ClauClau, Mimi et Jacky. Ca bougeait, ça échangeait, ça déconnait, bref ça swaguait franchement pas mal. Finally, the big question is still the same : comment expliquer que des films que tous les pros du ciné considèrent comme des putains de pépites cinématographiques ne voient presque jamais le jour des salles de cinoche et a fortiori ne trouvent pas l’accueil qu’ils méritent ? Je pense à des films au génie mutant comme Ni le ciel ni la terre, premier long de Clément Cogiter (nan fronce pas les sourcils en faisait ta tête de chelou qui bug : non ce n’est ni le prochain blockbuster de Nico Hulot ni le nouveau mag de Patoch de Carolis)

Je suis choquée du nombre de films de ouf que j’ai vu, à qui je dois mes plus grandes émotions cinématographiques et qui en fait sont quasi inconnus aux bataillon. Du coup, au lieu de vous faire un report un peu relou (oui parce qu’il y eu parfois des moments de solitude aux rencontres comme ce moment gênant où les invités demandent si quelqu’un du public souhaite intervenir et que le seul gars qui répond éouiouimoimoimonsieur », c’est ton voisin de gauche, en scred le big boss d’Orange, et que ça semble pas le déranger plus que ça d’inclure ta face d’Alf sur le grand écran), j’ai décidé de vous faire une playlist de rattrapages des #films #lespluscooldumonde.

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La Chasse de Thomas Vinterberg (2012)

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Un instit’ est accusé d’attouchement sur une élève alors qu’il a rien fait et que la petite a dit ça juste pour golri. Mais en fait lui va beaucoup moins se marrer et ça va partir en live total. C’est le même réal que Festen, petite bombe atomique également, filmée en freestyle avec un nokia 3210 (non ce n’était pas un nokia 3210, c’est une image) et qui déboîte. Après ce film tu verras que t’es peut être pas tombé(e) dans la plus jobar des mifa. 

 

Tyrannosaur de Paddy Considine (2012)

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C’est noir, c’est dur, mais jamais complaisant. C’est précisément ce que j’attends du cinéma. Un film coup de poing -au sens propre et latéral- qui peint sans concession la Grande-Bretagne underground. Après l’avoir maté, par contre, je te dis pas que tu seras forcément très très très bien bien bien.

 

The Tribe de Miroslav Slaboshpitsky (2014)

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Des adolescents d’un internat spécialisé pour sourds se forment en tribu pour le vol, le viol, la tuerie et la prostitution. Juste, n’y va pas quand t’es déprimé (oui même de 2% déprimé) ou alors avec une corde.The Tribe a beaucoup fait parler de lui. D’abord parce que les personnages, sourds et muets communiquent en langue des signes sans que celle-ci ne soit jamais traduite. Ensuite, parce que le film porte une vision très noire de l’être humain, déchiré entre la beauté fondamentale d’un regard ou d’un geste et l’abomination dont il est capable. L’expérience est étonnante et cruelle. Un film brut, sans détour et captivant.

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Mon Roi de Maïwenn, actuellement sur nos écrans

Si la critique est divisée (mais en même temps ne l’a-t-elle pas toujours été sur le cinéma de Maïwenn ?), le jeu d’Emmanuelle Bercot (qui mérite largement son prix d’interprétation féminine) et de Vincent Cassel, meilleur que jamais, est juste monumental et divin ; sans oublier le très drolissime couple Garel / Le Besco.

Mon Roi dépeint une histoire d’amour tumultueuse et destructrice avec brio dans laquelle tout le monde pourra se reconnaître. Alors oui, on peut avoir le sentiment que Maïwenn ne fait que des rushs autobiographiques. Oui c’est un cinéma du réel. Et alors ? Je suis de ceux qui pensent que le cinéma est une expérience qui est là pour nous donner des émotions avant tout et c’est précisément ce que provoque ce film. Qu’on aime ou qu’on aime pas, Mon Roi fait parler de lui et c’est tant mieux. Et moi je suis d’accord avec Youssoupha (bon ok et Sacha Guitry) « plaire à tout le monde, c’est plaire à n’importe qui ».

Aux rencontres, t’as aussi les projo, moi j’ai particulièrement kiffé les projo des courts métrages. Klapisch est même venu en despi entre deux prises de son nouveau long Le vin et le vent (ouais bon on peut pas faire des super films ET des super titres).

C’est toujours un peu casse gueule ce genre de format, généralement c’est quitte ou double avec toujours un peu la même histoire et des fins improbables (le gars qui apprend qu’il a le sida ou qui se fait tej par sa zouz et qui décide de finir sa vie dans une bouteille de perrier, va savoir pourquoi). Mais il y a aussi parfois de belles surprises. Ainsi, Maman de Victoria Musiedlak tire son épingle du jeu en traitant de la relation mère-fille avec humour et avec un beau casting : Judith Chemla, la fille d’Isabelle Hupert, aussi bonnasse que sa reum et mon chouchou Esteban toujours aussi drôle avec sa voix de Donald et sa tronche de Géo Trouvetou (ouhla je t’ai choqué avec cette réminiscence, pardon).

De même, Dans la forêt lointaine de Ronan Tronchot est audacieux, traitant du thème du père de famille qui câble total d’un coup, et ce, en quelques minutes chrono, ce qui est pas hyper easy easy. Dans la veine de Deux jours à tuer de Jean Becker, de L’Homme qui voulait vivre sa vie de Eric Lartigau, L’Adversaire de Nicolas Garcia. Une belle surprise ! Pour continuer sur ma petite playlist muy al dente, de films de bâtards méconnus de la plèbe, voici un court métrage canon, que tu peux voir sur Arte. Allez fais pas ton rat : 1,99 euros de kiff c’est very cheap very cheap je t’assure.

 

Tant qu’il nous reste des fusils à pompes de Jonathan Vinel et Caroline Poggiqui

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Récompensé de l’Ours d’or à la Berlinale, le film a depuis été sélectionné dans une trentaine de festivals et est présélectionné pour le César du meilleur court métrage. A la fois violent et d’une grande douceur, Tant qu’il nous reste des fusils à pompe explore avec puissance les thèmes de l’adolescence, l’ennui et la mort.

– Capucine Roy