On était un peu prévenu. Polisse nous avait déjà passablement énervée. Lourd, facile, une mise en scène clipesque et un jeu lourdingue. Mais une veille de 11 novembre, une chronique à faire, je décide d’aller voir Mon Roi. Peut-être que la réalisatrice a grandi, s’est acheté un scénariste. Nope.
Le pitch, tout le monde connaît, tellement le passage à Cannes a été relayé par tous les médias du monde : un couple, une passion destructrice, la côté maso de la gonzesse qui, parce qu’elle est amoureuse, fonce tête baissée à chaque fois. Jusqu’à ce qu’elle se pète le genou. Dès le début du film, Maïwenn annonce pourtant clairement le concept du film. Bercot a droit à un entretien psy : si elle s’est cassée cette articulation c’est parce qu’elle veut rompre avec le passé. “C’est peut-être de la psychologie de comptoir”. Effectivement, et le film ne sera que ça.
“Elle joue bien quand même la fille” : pression du petit panneau “Prix d’interprétation à Cannes”. La concurrence ne devait pas être bien rude cette année. T’aurais l’air con si tu disais que t’as pas aimé. Soyons honnêtes : Bercot oscille entre l’hystérique et l’impassibilité. C’est le rôle ? Moui et c’est bien là que le bât blesse. Cassel a, lui, rarement été aussi mauvais. “Fais le débile pour voir ? Tu peux jouer le mec qui joue mal ? Haaaa ouais tu le fais bien. Coupez ! On la garde!”. Laissons-là les comédiens : l’un et l’autre s’en remettrons, je leur souhaite. Le problème, c’est le scénario (pas la peine de parler de mise en scène, Maïwenn ne sait pas filmer). Une absence totale de crédibilité : pas une minute à peine on croit à ce couple qui s’attache trop vite pour se défaire avec autant de violence. C’est la passion ? Cette chronique ne serait que le déversoir d’une coincée frustrée ? Je vous rassure, ma vie sentimentale est au beau fixe. Maïwenn décide juste de jouer les moments forts des débuts de la passion, des déchirures, sans rendre compte des mécanismes infimes qui seraient en jeu. Delaviquoitavu. Non, il aurait fallu aller chercher un peu dans la finesse ce qui fait de manière plus intime la vie de couple, ce que certains réals se sont cassée le cul à faire, eux.
Éclair de lucidité dans le film pourtant : le frère de Bercot interprété par Garel. Sorte de Coryphée, il commente de l’extérieur, lucide, la situation amoureuse de sa soeur. Scène au restaurant où Cassel traite sa femme de tapin : ça ne choque personne sauf lui. Bercot fait une espèce de plaidoirie romantico-con, c’est le seul qui souligne combien elle était théâtrale et excessive comme s’il pointait du doigt le mauvais jeu de l’actrice. Cassel fait un truc rigolo (“je te donne mon téléphone?” et l’envoie véritablement), Garrel essaye, se vautre et souligne l’aspect complètement irréaliste de l’action. Maïwenn a déclaré dans une interview qu’il n’y avait pas d’histoires ratées : c’est l’avis des autres, qui les définit ainsi. Sauf que son film ne me dit pas ça puisque ni Bercot ni Cassel n’ont l’air de vraiment s’éclater dans leur histoire (si ce n’est dans l’imagerie clipesque du début de leur histoire : on rigole, on fait les foufous).
Last but not least, le film tombe du côté guerre des sexes. Quand Bercot est une romantique à fleur de peau (une fille quoi), Cassel se pose en roi des connards. Que ce soit bien clair : les femmes sont des choses fragiles qui pleurent beaucoup. Les mecs, eux, c’est bien connu, nous choppent en nous faisant rire et après ils nous trompent en nous faisant croire que vraiment ce n’est pas de leur faute. On est en quelle année là ? Ha oui l’année où on porte aux nues une nana qui a quand même été la femme de Luc Besson. On a les mentors qu’on peut. Tente la suite d’Arthur et les minimoys, Maïwenn, ça ne pourra pas être pire que tes prétentions artistiques.
– Melita Breitcbach
Mon Roi, en ce moment au Devosges (dans lequel il y a aussi le nouveau James Bond)