La Vapeur recevait vendredi le tout puissant Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou. Les papis totalisent pas moins de 500 morceaux au compteur. Des collaborations qui déglinguent avec des cadors comme le black president Fela Kuti, ou Manu Dibango, une tournée internationale sur le tard et une notoriété assez récente hors d’afrique. Un concert énorme, avant la gueule de bois.

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Oui monsieur, il s’agit bien ici d’afrobeat. De l’afrobeat bien puissant comme l’indique le nom du groupe. De l’afrobeat dopé par plus de 40 ans de carrière et d’influences parmi lesquelles James Brown, percus vaudoo et rythmes latinos. Des reprises zinzins, des hits yéyé français (Dalida, Johnny) à la sauce béninoise. Légendaire Poly-Rythmo de Cotonou, on était prévenu et on avait hâte.

La température était déjà montée de plusieurs degrés grâce à Akili Sigui (le groupe dijonnais ayant commencé à déjà bien faire sautiller le public), lorsque les vieux du Bénin ont débarqué sur scène. Bien au chaud dans le club de la Vapeur, on a pris d’emblée le charisme du chanteur-leader dans notre face. Cuivres et percus ont eu pour effet direct de nous injecter des fourmis dans les guiboles : gigotage instantané. Le mot orchestre a vraiment sens chez le Poly-Rythmo : 10 potes de longue date qui jouent vraiment ensemble avec toujours un sourire communicatif et avec classe. Une classe probablement pas vue depuis la tournée des vieilles gloires cubaines du Buena Vista Social Club en 1998. On était bien, à reprendre en choeur les incantations du chanteur, nous aussi avec le sourire.

Frémissement bizarre et culpabilité

Vers 22h par contre, on a bien senti un frémissement bizarre. Les coups d’oeil furtifs aux smartphones se sont multipliés en même temps que les phrases glissées à l’oreille du voisin. Fusillade dans le 11ème à Paris. Attaque du Bataclan. Attentat au stade de France. Sans vraiment se douter de l’ampleur de l’événement, on a continué à danser et à kiffer les excellents polyrythmes des gars de Cotonou. Partagés entre l’envie de rester dans cette magnifique ambiance et le fait d’en savoir plus à l’aide de nos joujous connectés, on s’est quand même au final pris les infos dégueulasses dans la gueule. Bien sur, la gueule de bois a empiré dans les heures suivantes en découvrant l’ampleur des dégâts. Afrobeat contre tirs de kalash, on est rentrés avec une sensation bizarre, presque une culpabilité d’avoir vu et écouté un excellent concert.

– Augustin Traquenard
Photo : DR