En moins de 15 jours, La Vapeur a proposé deux soirées oscillant entre électro-pop, électro-instrumentale et techno analogique où la température prise dans le public a été inversement proportionnelle à son affluence.

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La première s’est passée le mercredi 27 janvier dernier. Aaron, duo Français dévoilé au grand public en 2006 avec le titre U-Turn , BO du film Je vais bien ne t’en fait pas, a vu le guichet de La Vapeur afficher complet, la sortie de leur troisième album ayant suscité une belle attente chez les fans. Des fans en majorité trentenaires, voire quarantenaires attentifs à leur prestation, prompts à applaudir et à réagir aux premières notes. Simon Buret et Olivier Coursier, rodés par maintenant plus de 10 ans de bouteille, ont livré un show propre, avec un son impeccable et un jeu de lumière puissant et sobre. Il manquait par contre indéniablement un grain de folie dans cette machine bien huilée. Le public était-il à ce point subjugué par le dossier de presse qui annonçait le dernier album de Aaron comme « sombre et véhément… drapée dans un clair-obscur saisissant » ? Un public tellement saisi qu’il était absolument immobile pendant la totalité du concert. Il est vrai que Aaron n’est pas du genre à enflammer le dancefloor, mais tout de même, amis, ayez parfois la décence de dodeliner la tête voir d’esquisser quelques mouvements avec vos pieds ! D’autant que la première partie, assurée par le Montpelliérain Kazy Lambist aurait dû réveiller le démon de la bougeote : de l’électro-pop dansante plutôt bien foutue et bien desservie par des jeunots d’une vingtaine d’années à la voix, au corps et au déhanché plutôt sexy. Nada. La salle aurait été flanquée de 700 places assises que le résultat aurait été moins gênant pour les artistes.

Un peu déçu par cette expérience, on ne s’est pas démonté et on a remis ça le vendredi 5 février avec une grosse programmation annoncée. À juste titre, on avait hâte de voir Arnaud Rebotini et sa grosse cavalerie de machines analogiques jouer en live en fin de soirée. Arcade Maniac nous avait préparé également une belle surprise dans le club de La Vapeur : consoles et jeux d’arcade vintages mis à dispo gracieusement. Immense plaisir pour les quarantenaires qui, après avoir commandé une pression au bar, pouvait s’envoyer une partie de Pac-Man, de Gallaga ou de 1943 en mettant une déculottée à tout pro gamer de moins de 25 ans, grâce à une expérience accumulée dans les années 80 et 90 .

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Avec ce délicieux petit contre temps, on a raté le levé de rideau du duo de « The Other Days qui ouvrait justement sur un set composé à partir de sons de consoles vidéo vintage. L’entrée dans la salle de concert n’en a été que plus décoiffante puisque les dingos de Carpenter Brut envoyaient du gros son de guitare sur un visuel cinématographique projeté inspiré de leur maître John Carpenter. Pour le coup, le public beaucoup plus clairsemé que pour Aaron s’en est donné à cœur joie en termes de dodelinage de tête et de gigotage débridé. L’électro instrumentale à la fois énervée et captivante de Carpenter Brut avait vraiment de la gueule avec en fond des flics des 80’s se faisant déboiter par des vilains prenant la fuite dans des caisses improbables.

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S’étant à peine remis de cette jolie prestation en dégnapant quelques centaines de Space Invaders dans le club, Arnaud Rebotini était sur scène avec son armada de synthés et de machines. Après un couac de début qui pouvait laisser craindre un embrasement de La Vapeur qui aurait eu dès lors besoin d’une reconstruction plutôt que d’une rénovation si le fatra de machines avait pris feu, les qualités de performer live de Rebotini ne se sont pas démenties. Dans le genre colosse habillé en rockeur, il n’avait rien du DJ branché d’Ibiza. Grosse ‘stache, veston en cuir, chaîne en or et eau de cologne, la fashion week zinzin version sado maso était lancée. Son live en a troué le popotain à plus d’un, habitué à voir des DJ’s amorphes derrières leurs platines. Malgré une affluence moyenne probablement due à une multitude de soirées consacrées aux musiques électroniques ce soir-là à Dijon (Carton Pâte/Risk à la Cancale, Manu le Malin à la Centrale), on a vraiment bien kiffé cette deuxième soirée à La Vapeur.

– Augustin Traquenard
Crédit photo : DR