Soirée marathon en relai à Besançon, sous un soleil d’hiver, en balade (ça a permis au Dijonnais qui m’accompagnait de découvrir la ville… enfin). Où on a connu toutes les ambiances, où on est passé par tous les états, où on a bravé tous les dangers. Une putain de parabole de la vie. Le déroulé.

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Sur scène et dans la salle

18h. Collectif Zone Art. Le café, atelier, boutique, terroir, détente du quartier Battant. C’est plein. Forcément c’est tout petit. Le groupe est calé dans un coin de la pièce. Vraie ambiance caf’concert’ mais en apéro.

C’est Car Seat Headrest qui joue. L’appuie-tête, excellent nom pour ce groupe mené par Will Toledo. C’est lui qui compose tout mais sur scène, il ne fait que chanter. Le gars est un petit coquin, il s’était planqué depuis l’arrivée du public derrière un rideau de la pièce et en jaillit au milieu du premier morceau envoyé par ses trois potes. C’est du rock pop bien 90’s, un peu plaintif. Eels, Pavement, voire Nada surf. Avec un petit côté low-fi. Bien fait. Déjà une dizaine d’albums au compteur à 21 ans… Déjà signé chez Matador records… rien à dire. Le public est attentif, détendu par le son et lieu. Par contre visuellement, le groupe, c’est le club échec du collège. Pour les trentenaires, tu vois Screech et ses potes dans « Sauvé par le gong » ? Voilà.

Petit plus : y’a 2 ambiances, quand tu sors fumer une clope pendant le concert, un mec écoute du Kool & The Gang à fond sur son portable. Le off de GéNéRiQ, certainement.

20h. La Rodia. Ce soir à la Rodia, on commence par des trucs poppy dans le club pour enchainer avec de l’électro dans la grande salle. Deux salles deux ambiances. Les soirées ne feront que se chevaucher, les publics que se croiser.

C Duncan est à nouveau là, il nous reconnaît quand on se croise « Ah ! Guys from yesterday ». On en a déjà parlé, il est cool, il est doux, il est classe, il joue une excellente pop avec ses trois zikos, ils sont heureux d’être sur scène, isl nous reprennent les Cocteau Twins… Je suis resté dans la salle pour écouter le même concert que j’avais entendu la veille à Dijon, c’est te dire.

Juste avant lui, on a eu droit à 3SomeSisters. Comment dire. C’est osé comme programmation. Quatre sur scène, deux chanteurs, une chanteuse, un musicien. Les voix sont puissantes, le show est calibré, ils échangent leurs places sur scène, dansent. C’est du spectacle. Par contre c’est très surjoué. On est plus dans la comédie préparée, pas vraiment dans la spontanéité. D’ailleurs, ils saluent à la fin du set comme au théâtre. Ça communique pas avec le public… Et pourquoi s’être costumé en Queer de Stargate (oui, le film avec Kurt Russel), c’est un peu too much. Musicalement, c’est des boucles, de la nappe de synthé et des percus… beaucoup de percus, des claps, de la batterie électronique… énormément de percus. Trop, tout le temps. Y’a bien une guitare qui apparaît sur la fin et qui fait du bien, mais bon, avec des voix comme ça sur scène, j’aurais bien vu un truc bien soul… puissant.

Une salle à moitié remplie, plutôt du trentenaire, ambiance début de soirée (pas le groupe, hein). À peine sorti du club de la Rodia, on flaire le changement d’ambiance et de public… la meute est arrivée.

23h. Lâchez les chiens ! Pas le temps d’assister au set de Rare, trop occupé à contempler l’arrivée des chiens loups sur place. Ils sont très jeunes. Très. Ils ne se sont pas oubliés avant de venir. Déjà mûrs. Je repense à cette phrase du grand prophète Clubber Lang dans Rocky 3. « Mon pronostic : une boucherie ».

On s’approche de la salle. Sur scène c’est déjà Ocean Wisdom qui commence. Le jeune rappeur de Brighton est programmé au milieu d’un plateau électro ? Pas grave. C’est vrai que ça sent quand même la soirée dans une cave anglaise, avec des beats extrêmement lourds. Ocean Wisdom est cool. Malgré sa voix cassée, il envoie un débit mitraillette ciselé. Ça prend avec le public pourtant venu pour les DJ électro. En plus de son DJ et de son backer surexcité qui harangue la foule à grands coups de « make some noise », il a fait venir un pote pour ambiancer, genre Bez des Happy Mondays. Le mec est mon héros de la soirée. Son rôle ? Servir des coups à tout le monde sur scène, au public et à lui-même, surtout lui-même. Il gigote, il boit, il sert des canons, titube un peu. Un pro. Le service est de qualité, j’espère qu’il touche un bon cachet. Ocean Wisdom : Excellent live, à mettre sur le dessus de la pile GéNéRiQ 2016.

Comah commence son set techno, mon corps vibre sous les basses. Les dents se serrent, les gamins s’effondrent les uns sur les autres, se font virer par grappe par la sécu, trouvent les moyens les plus ingénieux pour passer de l’alcool (mention spéciale au gars qui a passé une petite gourde en cuir en pendentif autour de son cou). Les toilettes sont prises d’assaut. Les jeunes vont « faire caca à deux », c’est la ménagerie. Dans la salle, la fosse n’est plus qu’un brasier, mon voisin de gauche s’évanouit contre la rambarde, se relève, continue à danser… Je ne comprends plus la musique de Comah, ça n’est plus qu’une vague continue de gifles dans ma gueule. Oui, c’est une bou-che-rie. Le dôme du tonnerre. Je m’exfiltre de la masse, reprends mes esprits. Il est 1h, je ne peux pas attendre le set raggatek de Vandal sans risquer ma santé. On va se finir dans un bar en ville les gars ?

Au comptoir

Zone Art ou Rodia : top. Sourire, rapidité, efficacité. Et c’est pas facile quand tu as les animaux qu’il y avait à la Rodia en face de toi. Petit bémol : c’est pour quand les verres à pintes à la Rodia ?

La punchline de la soirée

(directement adressée à ma personne, calée dans un coin de la salle)

« Excusez-moi monsieur, je peux venir vers vous ? C’est pour me calmer. »

Monsieur ? J’ai une gueule à te calmer franchement ? Je suis pas secouriste. Prends-en moins la prochaine fois.

– Chablis Winston