La vieille Vapeur nous balance ses dernières cartouches avant fermeture pour toilettage et il faut bien avouer que récemment, on les a pris en pleine face. Bagarre, JC Satan, Pain Noir et Feu ! Chatterton. Week-end chargé.

Vendredi

Vendredi, on a pu apprécier le show de Bagarre. La bonne idée, c’était de fouiller dans les affaires de ton daron et de retrouver la veste de survet Adidas portée en corpo foot en 1982. Pour parfaire, il fallait aussi la chaîne en or massivement en toc acheté en 1985 pour la sortie du deuxième album de Run DMC. Tu pouvais alors venir te mêler aux musiciens et scander « Claque le, claque le » sur la scène. Tu pouvais aussi venir comme tu étais et te déhancher sur leur musique jouissive et assez indescriptible, entre techno, disco, hip hop et parfois même new-wave avec un très bon et généreux batteur. En fin de soirée, pour JC Satan, il fallait compléter avec des bouchons d’oreilles pour ne pas risquer un traumatisme de ton conduit auditif et apprécier pleinement leur rock garage brutal mais vraiment bien foutu. Très belle soirée.

Samedi

Le gros morceau, c’était samedi. La grande salle et le club de la Vap’ étaient pleins comme un œuf pour accueillir Feu ! Chatterton. Deuxième passage à Dijon puisqu’on les avait déjà aperçus dans le cadre du festival GéNéRiQ 2015. Depuis la sortie de leur album en octobre « Ici le Jour (a tout enseveli) » enregistré en Suède, les parisiens tournent comme des hélices dans toutes les salles de France et ont pris une autre dimension pour rassembler un public de plus en plus nombreux. Il fallait donc jouer des coudes pour accéder au bar ou pire, devant la scène. Après une mise en bouche à base de Pain Noir d’Auvergne distillant un folk indé teinté de chanson française, place au feu, donc.

Le charme de Feu ! Chatterton en concert, c’est le talent de son chanteur hybride, Arthur, qui synthétise le dandysme de Nick Cave et la poésie de Gainsbourg. C’est aussi l’énergie du groupe au point qu’on a pu entendre dans le public : « mec, c’est du putain de Noir Désir en puissance ».  Un set parfaitement maitrisé entrecoupé des déclamations poétiques d’Arthur qui, s’adressant directement au public avec son phrasé alambiqué, a mis la salle en joie, a réussi à chauffer un public Dijonnais qu’on sait difficile à bouger. En plus d’être bons, les mecs de Feu ! Chatterton sont sympas. Les trainards de fin de soirée ont pu croiser Arthur au bar et taper la bavette avec lui. Bon, lui buvait du champ’ et moi de la Kro, et j’avais oublié d’enlever ma veste de survet Adidas. Aucune importance, Feu ! Chatterton sont des dandys, ils sont parisiens… mais pas snobs.

– Augustin Traquenard