Le 26 février dernier, j’étais à la Cave à Musique, la SMAC de Mâcon, pour assister à une soirée 100% nouvelle scène soul avec deux de ses plus prometteurs représentants, à savoir John Milk et Ephemerals.
J’aime bien la Cave à Musique. J’y vais deux à trois fois par an. Située au cœur de la ville, le cadre est vraiment beau et la programmation très intéressante puisqu’elle allie têtes d’affiches et artistes en développement dans tous les styles. C’est un bon complément à La Vapeur, pour nous Dijonnais, car ce n’est qu’à 1h30 de route et cela nous permet de varier les plaisirs. La capacité de 400 places offre également une proximité avec les artistes qui n’est pas négligeable. À l’heure de la BFC, c’est toujours sympa de rendre visite à nos voisins du 71. Bourgogne forever ! Et puis une salle qui écrit sur les portes de ses toilettes Jean-Jacques et Michelines pour s’y retrouver, moi j’approuve.
Les régionaux de l’étape John Milk (ils sont Lyonnais) ouvraient le bal. Je suis ce groupe depuis leurs débuts et à chaque fois que je les revois en concert, je me dis : « quelle évolution ! » Les quatre musiciens sont en parfaite osmose et maîtrisent à merveille leur instrument respectif : le duo basse-batterie est puissant et efficace, le talentueux Patchworks gère la guitare avec brio et John Milk nous enchante avec son orgue qui sonne très 60’s. Ils se connaissent bien et cela se ressent ; le set est solide et cohérent et la scénographie a évolué, le chanteur à la voix lactée se permettant même des chorégraphies sur certains morceaux !
Le public est vite charmé et l’ambiance est vraiment chaleureuse ; les 200 personnes présentes dansent et boivent les interludes comme du petit lait ! Autre belle trouvaille, ils arborent sur scène la même tenue : un bleu de travail de mécano qui, pour le coup, est beige pour les zicos et noir pour le chanteur, donnant à l’ensemble une fraîcheur supplémentaire. Les moments forts du concert restent les tubes « Treat Me Right » et « Till Our Soul Gets Up » et les instants de communion avec le public. Les interprétations sont un peu plus funk qu’avant pour notre plus grand bonheur. On a hâte que le second album sorte pour découvrir leurs nouvelles compositions.
Ephemerals arrive ensuite, et là c’est direct l’explosion ! Le chanteur Wolgang Valburn, que je considère comme un des meilleurs de sa génération (avec Derobert le chanteur des Half Truths) nous donne instantanément des orgasmes cutanés (ou chair de poule) ; sa voix est puissante et claire et surtout elle sonne comme sur les albums ! Quel charisme et quelle présence sur scène ! Il occupe l’espace à merveille, danse, tape du pied et conquiert le public déjà bien chaud dès le premier morceau. Ayant la double nationalité franco-américaine et résidant à Paris, il chante en anglais mais s’exprime dans la langue de Molière, ce qui facilite l’interaction avec le public.
Et quel groupe derrière ! Tous Anglais issus de diverses formations groove, on sent une grande maîtrise et une joie de jouer ensemble. Les deux cuivres (trompette et sax’) sont placés au centre de la scène derrière le chanteur et sonnent comme s’ils étaient le double. Le duo basse-batterie sur la gauche tabasse sévère et à droite le laconique clavier, qui porte une magnifique gouffa, partage l’espace avec le leader du groupe, Hillman Mondegreen. Ex-guitariste d’Hannah Williams & The Tastemakers, c’est lui qui avait repéré Wolfgang alors qu’il faisait leur première partie à Paris avec son autre groupe Marvellous. Véritable chef d’orchestre, il contrôle sa petite bande avec maestria et sa façon de jouer est très originale : il porte sa guitare très haute, il est drapé dans une écharpe éthiopienne qui touche le sol et ses postures sont fabuleuses : outre ses mimiques du visage, il croise souvent ses jambes en arrière et de ce fait il est aussi intéressant à écouter qu’à regarder !
Les tubes des deux albums s’enchainent, mes préférés étant « You Made Us Change », « Everyday Killers » et « You’ll Never See Me Cry ». On a droit à une alternance de titres soul et funk et, au milieu du concert, Wolgang s’éclipse quelques minutes pour se changer et éponger les litres de sueur qu’il vient de perdre. Il laisse ainsi ses comparses nous gratifier d’un intermède instrumental qui finit de nous convaincre ; ces zicos sont vraiment forts ! Et que dire du final, une magnifique reprise de « Use Me » de Bill Withers qui suspend le temps et nous rappelle que l’on vient de passer une magnifique soirée. Très disponibles, les membres du groupe se rendent ensuite au coin merchandising rencontrer et échanger avec leur public. Sur la liste des articles, on peut lire « Hugs & Chat : 0€ » ! Je repars donc heureux et ému, pressé de revoir ces deux groupes sur scène et me sens privilégié d’avoir vécu ce beau moment.
– Riddimdim Selecta
Photos : Maya « Kali » Jones