Double évènement rue de Stalingrad à Dijon samedi dernier. Lancement du festival MV et dernière soirée avant fermeture de la Vapeur pour travaux. Apéro, kermesse, concert, boum… T’étais pas là ? T’as tout raté.
L’apéro MV
A 18h à la Vapeur, l’équipe de MV conviait à un apéro mix pour lancer son festival. Par contre si tu arrivais à 19h comme moi, la cinquantaine de soifards présents dès l’ouverture avaient déjà englouti les 100L de punch et les amuse-bouches. Pas grave, le bar était ouvert, l’ambiance bon enfant et familiale, tu pouvais tranquille te faire une partasse de chamboule-tout pour gagner un sac de hipster, taguer des bites sur les belles affiches de Msieur Choubi ou simplement chiller en écoutant le son de Mister B. Petit coup d’œil sur la faune environnante, pour constater que les représentants de diverses institutions culturelles dijonnaises en constituent à peu près 50%. Les vieux se sont remémorés la tonne de bons moments passés en vingt ans dans cette salle mythique : « wah non mais mec j’ai quand même vu Pulp et Radiohead en 95 ici. »
L’apéro MV c’était bien. En plus c’était gratos. Le problème c’est que, comme les concerts qui suivaient étaient payants, il a fallu évacuer tout le monde pour repasser au guichet. Pas d’accès au food truck en faisant la queue, tu te pèle les miches et donc tu te casses manger un truc sur le pouce en ville. Quand tu reviens, t’as loupé la première partie, Tiny Feet. L’avantage c’est que tout le monde est déjà chaud et la tête d’affiche s’apprête à jouer.
Mansfield TYA
La tête d’affiche commence à jouer et, assez vite, on comprend que le public se divise en deux catégories : ceux qui sont venus pour les écouter et ceux qui sont venus pour la bamboule de fermeture. Mansfield TYA ont des fans de longue date. L’année dernière le duo, en tournée pour les 10 ans de leur premier album, avait déjà été programmé par la vapeur. C’était dans un cadre intimiste, à Fixin, avec dégustation de pinard haut de gamme précédant le concert dans une pièce du château et c’était magique. Sur la scène de la Vapeur, Mansfield TYA a fait le job. Spleen envoûtant, justesse du violon de Clara, voix touchante de Julia, ambiance baroque ; les fans ont surement appréciés. Un certain engouement se dégage de l’ensemble, confirmé par un « Julia, je t’aime » crié à la chanteuse par un jeune hidalgo enamouré.
Le problème de ceux qui étaient venu faire la teuf, c’est que Mansfield TYA, c’est pas dansant ni déconnant. Tout le contraire de Sexy Sushy, l’autre groupe déjanté qui tabasse dans lequel joue Julia sous le pseudo de Rebecca Warrior. Ça, ça aurait pu être très drôle pour une soirée de clôture. Du côté des fêtards, la plupart ont donc assez vite pris la direction du bar avant la fin du concert.
La Boum de la Vap
À la fin du concert arrive le moment de la « photo souvenir », destinée à graver dans le marbre cette dernière soirée. L’ambiance est plutôt bon-enfant et la foule se prête volontiers à l’exercice. Même les quelques irréductibles restés tanqués au bar le temps du concert acceptent de participer. Puis les fans de Mansfield TYA et les bamboulators ont communié dans le club. Toute la direction de la Vapeur est passée derrière les platines pour faire bouger une foule de gens hilares qui se sont trémoussés pendant des heures. Le public a réduit à peu près de moitié mais le moral est bon. On danse avec plaisir sur des sons sortis tout droit des années 90. Et la team de la Vapeur est à fond.
Vers 2h du mat’, on a commencé à voir des trucs vraiment bizarres. Le directeur a attaqué un poteau avec une masse après avoir mis le feu au dancefloor ; le mec a enchainé une battle de danse endiablée sur un passage dix-mille volts aux platines. On le retrouvait même dans la cour, tapant dans le dos des fumeurs en scandant « allez danser, allez danser ! » Les gens se prenaient en photo avec des casques de chantier et des perceuses. Les affiches de Msieur Choubi ressemblaient au Mur de Berlin. On m’a proposé une partie de chamboule-tout mais quand j’ai vu le mec qui jouait, j’ai abdiqué. A deux mètres de l’énorme pyramide de boîtes de conserves, le type a réussi à rater cinq fois la cible, ce qui était presque impossible. La musique est elle aussi devenue de plus en plus bizarre. Du ska, de la G-funk, Daft Punk… Plus aucune cohérence mais ça ne dérangeait personne. Au contraire même.
A 4h du mat’, je ne discernais plus vraiment la musique mais il y avait toujours autant de monde qui se secouait. Quand j’ai vu la direction débouler des loges avec des bouteilles de champ’ à la main, j’ai su qu’il était temps de partir et de laisser le mot de la fin aux irréductibles : « là c’est rideau, je ferme en même temps que la Vapeur. »
La Vapeur ne ferme pas définitivement mais pour plus d’un an quand même, puisqu’elle rouvrira ses portes fin 2017. Elle reviendra sûrement plus grande et plus belle mais en attendant ça fait chier. Même si on fait confiance à l’équipe pour nous programmer de la musique dans d’autres lieux, il y a une petite appréhension de perdre le charme de l’endroit. Un peu comme si on te rasait ton rade de quartier pour en construire un neuf. R.I.P. vieille Vapeur.
– Augustin Traquenard, avec Marion Payrard
Photos : Édouard Roussel, Philippe & Gaëlle Malet, la Vapeur