Le cinéma, ça coûte une blinde et c’est dur de trouver un bon film parmi toutes ces merdes qui envahissent les écrans. Chaque mois, on fouille dans notre collection de VHS pour trouver quelques pépites à te conseiller, alors ressors ta carte d’abonné au vidéo-club du quartier.
In Jackson Heights – Frederick Wiseman (2015)
Quarantième film de Frederick Wiseman : In Jackson Heights. C’est le plus vieux quartier new-yorkais ; on y parlerait 167 langues. La langue de Wiseman, c’est le cinéma pour celui qui est l’un des plus grands cinéastes documentaristes des quarantes dernières années. Des mois d’observation dans les lieux qu’il va filmer ; cour de justice, université, salle de boxe, musée, école, etc., bref tout ce qui nous montre un peu des relations humaines. Des heures et des heures de rush et une symphonie humaine qui se construit essentiellement au montage. Prendre le temps de voir et d’écouter, c’est la leçon du cinéaste américain. Des vrais morceaux de vies avec de l’intelligence et de l’humain dedans ; comme Welfare (1975), au sujet d’un centre d’aide sociale américain et kafkaien, filmé de l’intérieur. Un bijou. Deux coffrets complets sortent enfin avec tous les films de Wiseman, depuis Titicut Folies, le premier en 1967, jusqu’au dernier. In Jackson Heights, en ce moment à l’Eldorado à Dijon, au Ciné Toboggan à Mâcon et à la Maison de la Culture à Nevers.
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Le Ninja blanc – Sam Firstemberg (1987)
On ne parle pas assez de Michael Dukikoff, digne successeur de Charles Bronson ou Bébel dans les 80’s aux USA, sorte de JCVD de seconde zone. On est au coeur des 80’s : coupes mulets et permanentées, shorts remontés jusqu’au nombril, méchants dans les Caraïbes et mecs bodybuildés qui défoncent ces méchants. Combo ninja/trafic de drogue/forces spéciales/plage des Caraïbes/sauvetage de femmes et enfants pour protéger les States menacés par des vilains. Le top. Steven Seagal en a froid dans le dos tellement le budget du film est famélique, environ 14 dollars, et c’est ça le meilleur. Ne t’emmerde pas à chercher le second degré, il n’y en a pas. Michael et son pote black (discrimination positive), déjouent un complot en défonçant une armée de mauvais ninja (un par un hein, parce qu’il n’y avait pas assez de ninja figurants). Du vrai putain de cinoche. La scène où un ninja se fait trainer par le pick up de Michael pendant dix bornes sans rien sentir reste un classique ultime du film de justicier américain. La nouvelle vague de la baston en somme.
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Shaolin Soccer – Stephen Chow (2001)
Une fratrie séparée par les événements de la vie monte une équipe de foot pour un championnat. Alors que tout les donne perdants, les frangins réveillent leur kung-fu, endormi par une grosse déprime, et l’injectent dans leur football ! Shaolin Soccer ne se prend jamais au sérieux, même quand ses comédiens font semblant de l’être. Ultra référencé, c’est un vrai concentré de culture pop : Bruce Lee et son pyjama jaune, jeux vidéo (Soccer Brawl sur Neo Geo), Jurassic Park, Olive et Tom… Stephen Chow s’est fait plaisir mais reste très léger dans son genre, grâce à une dose massive de second degré. Gage de qualité, Shaolin Soccer vieillit très bien et provoque toujours ce petit frisson qui t’embarque dans des scènes improbables, quand bien même tu sais ce qui va se passer. Le kung-fu Shaolin qui réveille le football : Coach Dall’Oglio tient la solution pour que le DFCO tôle le PSG la saison prochaine. Ce serait si beau.
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Requiem pour un massacre – Elem Klimov (1985)
Puisque les suggestions télévisuelles de Nicdasse sur les nazis chaque semaine ne sont pas suffisantes, on rajoute ce bijou russe de propagande, dans lequel de sympathiques Einsatzgruppen débarquent un beau jour dans un petit village de Biélorussie, et, comme il se doit, défouraillent tout. L’occasion pour le naïf Flora, jeune garçon un peu stupide, de se faire déflorer par les charmes de la guerre : lance-flammes, charniers, habitants du village enfermés dans l’église mise à feu, le tout sous ses yeux hébétés. Le tournage aurait été tellement éprouvant que des psychologues on été mis au service de l’acteur dont le visage va vieillir. Le titre original de ce feel good movie était Va, et vois. Mais celui français, plus tapageur, est aussi plus sympahique. Pop corn !
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À l’est d’Éden – Elia Kazan (1955)
La Bible est blindée d’anecdotes croustillantes qui ont inspiré jusqu’aux meilleurs. Dans son chef d’œuvre À l’est d’Éden, l’écrivain John Steinbeck se penche sur le mythe biblique de Caïn et Abel, qui raconte le premier meurtre de l’histoire de l’Humanité, également le premier d’une longue tripotée de massacres rapportés dans la Bible. En 1955, l’adaptation en film par Elia Kazan révèle le tumultueux James Dean à la face de l’Amérique, ce rebelle chéri des midinettes dans les 50’s. Le pitch de départ fait d’ailleurs écho à la propre histoire de l’acteur, élevé dans une ferme par un père en solo qui délaisse son rejeton, préférant peut être la compagnie des génisses. Dans ce film mythique, à voir absolument rien que pour profiter d’une des rares apparitions de Dean à l’écran avant son décès à 24 ans, l’Amérique puritaine et bien pensante se voit balancés à la tronche une mère de famille tenant une maison close, un fermier qui se ruine dans des affaires foireuses, une femme mariée qui tombe dans les bras de son beau-frère et, bien sûr, une émulation malsaine entre frérots. Amen.
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– Melita Breitcbach, Chablis Winston, Nicdasse Croasky, Tonton Steph & Loïc Baruteu
Photo : DR