Dijon se tire de Ligue 2 avant que cette dernière ne soit sponsorisée par les pizzas Domino’s. Pas une mauvaise idée. C’est vrai qu’il n’y a pas plus « bacon groovy » qu’un Laval-Tours ! Bon, le coup du naming, on s’en branle. L’info qui a fait les gros titres de la presse régionale mardi dernier, c’est que le DFCO monte en Ligue 1. Oui, tu as bien entendu, il n’y a plus que l’AJA en Ligue 2. Désolé gros, toi qui as un maillot floqué Boumsong.

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Un lundi 18 avril qui restera gravé dans la roche, dans un stade Gaston-Gérard qui faisait plus de bruit que le San Paolo de Naples, Dijon a validé son ticket easy pour la montée. Les travées du stade chantaient à l’unisson « on est en Ligue 1, on est en Ligue 1, lalala » dix minutes avant la fin de rencontre. Jour de gloire, et jour de fête. Le speaker s’est même risqué à lancer un clapping avec les dix milles spectateurs et un Baptiste Reynet en meneur. T’en parlera à tes gosses du frisson qui a parcouru ton échine à cet instant. Il faut bien l’avouer, les joueurs nous ont gratifié d’un superbe spectacle face aux « pink floyds » du Paris FC : un 3-0 des familles, propre. Par contre, ils ont vraiment déconné avec l’alcool, les escorts et la coke, pour que, cinq jours après, ils perdent le derby face à des Auxerrois valeureux et réalistes. Never Mind the Bollocks, comme diraient les Sex Pistols : on est en Ligue 1. Et pas toi Auxerre, même si tu nous as fait rêver dans les 90’s.

Dijon, en 2016, c’est ce mec aux cheveux gras, qui pue de la gueule, et qui vient pourtant d’emballer la gonzesse la plus sexy de la soirée. Tu sais, cette Danoise que tu reluques en sirotant ta téquila depuis tout à l’heure, l’oeil lubrique, en boîte de nuit. C’est vrai que l’équipe marche bien depuis deux ans sous le patronage d’Olivier « Jeff Koons » Dall’Oglio, mais on était pas non plus foufou lorsque la saison a débuté. Trop dégouté des « fausses couches » des années passées. En effet, l’équipe s’était viandée la saison d’avant, et on n’a pas vu un énorme chamboulement en début de saison. On s’était dit qu’on finirait une nouvelle fois à la place du con.

C’est pour cette raison qu’il faut féliciter le groupe, qui est resté déterminé malgré les commentaires négatifs, se jouant habilement des critiques, et proposant du jeu, parfois du très beau jeu. Et puis, ce qui a fait la diff’, c’est que Dijon a mûri tactiquement. Avec un jeu essentiellement tournée vers l’avant, un jeu à deux touches, une aisance dans les relances, plus de rapidité dans les transmissions et des joueurs concernés.

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Dijon qui monte, c’est comme quand tu passes la douane à Roissy et que tu montes dans l’Airbus en classe éco pour les Seychelles, et que tu sors à ta femme : « on y est ! » Dijon va pouvoir « rêver plus grand », comme le slogan de Nasser, qui a oublié au passage que le PSG c’était aussi Dominique Rocheteau et un titre de champion dans les années 80… Bon, « on y est », c’est très bien ! Mais keskonfait, oueskonva ? Que faut-il attendre d’un promu comme Dijon, qui va recruter à l’intersaison deux ou trois mecs dénichés en PH, et dans une Ligue 1 où le DFCO va jouer le maintien, sans doute jusqu’à l’avant-dernière journée, et se prendre quelques « samsonite » (tu m’as compris) et terminer avec un goal-average de -30 ?

Non, je pense que, sans prophétiser outre-mesure, le DFCO peut devenir le tube de la prochaine Ligue 1, ce vent de fraicheur, l’ouragan de Stéphanie de Monaco. Vous voyez, cette petite PME qui pense pouvoir emmerder les entreprises du CAC 40. Il se pourrait que ce soit Dijon. On ne pourra pas concurrencer les autres sur le budget, ou sur le standing de nos installations, mais si une majorité de joueurs restent au club, que Delcourt emprunte 4 millions à Rebs pour le rachat du contrat de Christopher Jullien à Fribourg, que Loïs Diony la joue moins solo en phase de contre-attaque, et que Sammaritano devienne une légende au poste de numéro 10, alors on peut imaginer que Dijon se fasse une place au soleil sur la carte de France du football. A l’image de ce qu’a réalisé Angers cette année en Ligue 1, promu lui-aussi. Et puis Dijon est une ville où, parfois, quelques miracles adviennent : un David Lanaud-Dugray à 8%, un arbre blanc qui tourne, l’arrivée de Starbucks, un chômage en-dessous de la moyenne nationale, une rocade Est qui ne sert à rien. Just believe it.

– Julian-Pietro Giorgeri
Photos : Thibaut Genevet (merci <3)