Cinq ans après son dernier album, le sensationnel Hurry Up, We’re Dreaming, M83 revient avec Junk, un concentré de nostalgie pure potentiellement déroutant.
M83, c’est ce groupe à l’origine de l’énorme tube « Midnight City » en 2011, qui avait notamment été repris par les jeunesses hitl… du Front National il y a quelques années, au grand dam d’Anthony Gonzalez, fondateur et leader du groupe. Mais c’est surtout l’un des porte-étendards de la French touch à l’étranger, spécialement aux États-Unis. Aujourd’hui, M83 semble avoir complètement muté depuis ses dernières productions au début des années 2010. Peut être parce qu’Anthony Gonzalez s’est installé à Los Angeles. Une suite logique tant la popularité du groupe français est bien plus importante aux States que chez nous. Nul n’est prophète en son pays. Néanmoins, M83 n’en abandonne pas pour autant ses racines et semble même y rendre hommage avec son nouvel album, Junk, sorti le 8 avril dernier.
Si les titres « Bibi The Dog » et « Atlantique Sud » sont interprétés en français, c’est l’ambiance générale de l’album qui transpire l’héritage musical frenchie des 90’s. Les critiques étrangers ont d’ailleurs été étonnés pour la plupart par le parti-pris d’Anthony Gonzalez, décidé à s’inspirer des souvenirs musicaux de son adolescence. On pourrait traduire le titre de l’album, « junk », par « camelote » ou « déchet », signe que le groupe savait à quoi s’en tenir en balançant des tas de sonorités et de mélodies aussi variées que déroutantes pour les fans et les critiques.
Si les premiers titres dévoilés, « Do It, Try It », « Solitude » et « Go! », ont su convaincre le public, le reste de l’album s’avère presque bordélique, entre ballades électroniques comme « Sunday Night 1987 » et « For The Kids », rythmes plus entraînants avec « Road Blaster » et pop synthétique sortie des 80-90’s. Les récents changements au sein de M83 ont probablement joué une influence sur la nouvelle direction prise par le groupe avec Junk. Morgan Kibby, membre de longue date, est parti avant l’enregistrement de l’album, tandis que Jordan Lawlor a débarqué avec une première contribution sur « Walkway Blues ». Anthony Gonzalez a également décidé de rester plus en retrait au niveau de l’accompagnement vocal, laissant plus d’espace à la chanteuse Mai Lan, qui intervient sur quatre titres de l’album. Beck a aussi posé sa voix sur le titre « Times Wind », entre autres contributions d’artistes extérieurs.
Au final, que vaut Junk ? Tout n’est pas à jeter mais le gros virage pris par le groupe français était un risque. Après un album qui a cartonné en 2011 au point de faire de M83 un groupe mondialement reconnu, le renouveau initié ici était forcément casse-gueule. Le registre n’a pas forcément changé mais la façon de faire, si. Malgré des critiques positives, pas sûr que cet album reste dans les annales. Trop brouillon, trop conceptuel, trop personnel peut être. Ou tout simplement trop chelou. Comme la performance du loup-garou du groupe chez Jimmy Kimmel.
– Loïc Baruteu