Quand tu dis que tu vas à Dole, la première réaction qu’ont tes interlocuteurs, c’est souvent de te demander si tu as été puni, ou si tu y vas pour prendre l’avion. Et quand tu leur parles du festival Cirque & Fanfares, ils sont peu à connaître. Ils ont tort. Cirque et Fanfares, c’est un Chalon dans la rue à taille humaine, un vrai festival de rue, de ville, et une vraie belle ambiance, à un jet de pierre de chez toi, qui ne jure que par Berlin, Paris ou Bordeaux. Tellement cliché. Dole is the new Nantes, avec 300.000 habitants de moins ? Et alors ?

Depuis 6 ans, les fêtes de la Pentecôte de Dole sont devenues le festival Cirque et Fanfares. « C’est une idée de l’ancienne municipalité, et faut reconnaître que c’est bien, avoue Jean-Philippe Lefèvre, l’adjoint à la culture de la ville. J’ai voulu garder l’événement, le protéger ».

Dole

Le nom, Cirque et Fanfares, est un peu trompeur. C’est un festival de rue. De musique, de théâtre, de cirque, mais avant tout de rue. Il ne faut pas s’attendre à un chapiteau avec un monsieur Loyal et un dresseur de tigres accompagnés par l’harmonie municipale. Une dizaine de troupes de rue, une dizaine de fanfares, un centre-ville bloqué à la circulation, toutes les places de la ville occupées, auquel tu rajoutes une grosse scène pour des concerts le samedi soir et une grosse fête foraine qui s’installe en bordure de centre-ville. La ville bouge au rythme de Cirque et Fanfares. Y’en a partout ! Et tout est gratos. Le truc intelligent, c’est d’avoir confié la programmation du festival aux mecs de l’Imperial Kikiristan, troupe de rue, grosse fanfare basée à Tournus et qui, depuis des années, ont construit un réseau qui bénéficie à Cirque et Fanfares.

Thomas VDB en maître de cérémonie

Sur les scènes et en déambulations, les fanfares sont en compétition. Hé ouais ! C’est le public qui vote pendant tout le week-end au moyen d’urnes déambulantes (elles aussi). Les fanfares viennent du monde entier : Cuba, Portugal (Bizu Collective, les gagnants de l’année dernière étaient présents), Suisse, Porto Rico, USA, Espagne… Il y a de la fanfare des Balkans, funk, New Orleans… C’est ultra dansant. Y’a même une fanfare participative, La Fanfare de la Touffe, qui permet aux novices de s’exercer et de jouer.

Côté spectacle de rue, c’est dense aussi, ne crois pas qu’on a pu tout voir. On retiendra, Monsieur le Directeur, qui n’est pas seulement drôle. Il joue du black metal mélodique à la guitare tout en montant à la corde. Egalement la troupe Acid Kostik avec leur desormains fameux « Lève-toi et step » déjà croisé sur d’autres festivals, qui nous fait vivre une cérémonie religieuse de l’église de Stepologie. Mention spéciale pour Freddy Coudboul, le recordman, un dingo qui tente des records aussi fous que l’écrasage de biscotte ou le lancer de mûle talquée, accompagné, en guise de Monsieur Loyal, par Thomas VDB, qu’on ne présente plus, personnage central de ce festival puisque c’est lui qui a eu la lourde tâche d’être le maître de cérémonie de l’événement, transformant l’inauguration et la clôture du festoche en gros sketch à se pisser dessus.

Cirque et fanfares à Dole40.000 spectateurs pour l’édition 2016

Benjamin Poulain, programmateur du festival et membre du Kikiristan a l’air ravi : « Malgré le temps moins parfait que l’année dernière, il y a eu de belles jauges, le public est présent. » En 2015, 50.000 personnes trainaient dans les rues de Dole ; cette année, au moins 40.000. Surtout des gens du coin, Dolois ou Juracos, ambiance plutôt famille (il y a un flashmob, une fête foraine en lisière de centre-ville, des spectacles participatifs), ou jeunes ouchons pour le concert du samedi où on nous a resorti Babylon Circus… ça franchement… c’est pas sérieux.

Pour info, les gagnants du concours de fanfares cette année, ceux qui pourront revenir l’année prochaine remettre leur titre en jeu, sont les « Always drinking marching band », venus d’Espagne. Rendez-vous avec eux et les autres en 2017 pour ce festival qui fait figure de vraie belle surprise… Mais qu’est-ce que vous attendez pour aller à Dole, bordel ?

– Chablis Winston
Photos : Yoomaa