Si je te dis Belfort + festival + musique, tu vas me dire : « Les Eurocks ma gueule ! » Oui mais pas seulement. Ajoute les termes centre-ville et gratuit à l’équation et tu obtiens le FIMU, Festival International de Musique Universitaire.

Ça se passe donc à Belfort, chaque week-end de Pentecôte et, en ce pluvieux mois de mai 2016, se tenait la trentième édition. Quatre jours, treize scènes, trente nationalités, 200 concerts, 2.000 musiciens et 80.000 festivaliers attendus. Voilà en quelques chiffres l’édition 2016 du FIMU, qui pourrait également se résumer en trois mots : diversité, gratuité et beuverie collective convivialité. Le festival a pris forme en 1986, sur l’idée d’un enseignant de l’Université de Technologie Belfort-Montbéliard qui souhaitait créer un évènement autour de la musique estudiantine. Trois décennies plus tard le festival marche fort, organisé par la ville de Belfort et avec le soutien d’une large équipe de bénévoles.

JOUR 1

On loupe les premiers concerts mais on a de quoi se rattraper avec la multitude de scènes installées et investies pour l’occasion. Niveau style, il y en a pour tous les goûts : jazz, musiques dites actuelles, world, classique… Sur la scène du Kiosque, la musique mandingue des burkinabés Ibrahim Keita et Nankama rencontre un certain succès. L’ambiance est chaleureuse et le public de toutes les tranches d’âges, quoique toujours un peu plus jeune aux concerts rock. C’est le cas notamment du public de Dätcha Mandala, qui enflamme l’Arsenal devant la citadelle. La scène de l’Arsenal offre la plus large capacité d’entre toutes, et c’est aussi celle où se produit le dernier concert quotidien. Autant te dire que quand il ne reste plus qu’elle, peu importe ce qui s’y passe, ça rameute un max du monde. Et le premier soir ne fait pas exception à la règle.

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La programmation présente très majoritairement des étudiant-e-s ou des élèves de conservatoire ; on ne peut nier l’aspect amateur de certains groupes et/ou le son parfois mal calibré qui nous rappelle très franchement la fête de la musique… mais avec une ambiance davantage digne des férias. L’alcool coule en abondance mais personne n’est foutu de me dépanner un filtre, j’en suis réduite à recycler celui de ma précédente clope – attention les enfants ne faites pas ça chez vous, c’est tout simplement dégueulasse. La première soirée s’achevant relativement tôt, on échoue au « Foyer », point de rassemblement étudiant et associatif. Mais dans les faits, rien à voir avec la salle commune de ton collège : c’est surtout le seul bar de la ville encore ouvert après 1h et ce seul argument fait se déplacer les troupes avec une attraction remarquable.

C’est aussi le point de chute d’une sacrée tripotée d’étudiant-e-s en blouses bordeaux. On se croirait dans les vestiaires d’une équipe de Quidditch. Il s’agit des « blouzards », réseau estudiantin et associatif dont les traditions et le système de parrainage n’est pas sans rappeler les faluchards. Mais là où la faluche se retrouve un peu partout dans les grandes villes de France, la blouse, elle, est une tradition « héritée de l’École des Arts et Métiers propre aux écoles d’ingénieur ». Chaque blouse est personnalisée individuellement et ornée d’insignes et de badges et d’un surnom inscrit ou brodé très visiblement au dos : Zillon, Dufeu, Korn, Numéro 8… On me demande cinq fois si je suis à l’UTBM. Un gus bourré clame à qui veut bien l’entendre qu’il est le bassiste de Johnny Mafia, ce qui ne pouvait qu’être vrai ; quitte à mentir sur un sujet pareil, autant dire que t’es le bassiste des Fatals Picards, ça a quand même plus de gueule. On finit dans l’un des appartements de la Maison des Élèves, à proximité. Pour te représenter la scène visuellement, c’est très simple : imagine une ce ces chambres des logements du CROUS, et fous-y 25 personnes dedans. Voilà, t’y es.

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JOUR 2

On se balade entre la scène de la Savoureuse, qui tire son nom de la rivière qui traverse la ville ; musique grunge, voix rauque et guitares saturées, et le Théâtre Granit, plutôt réservé aux représentations de classique, où la file d’attente semble plus longue que celle devant la caisse de H&M un jour de soldes. Scène de l ‘Arsenal, on se tape un petit trip electro-swing dénommé Kabaret : un beat électro, quelques cuivres, et surtout une sacrée présence scénique. On enchaine avec le Kiosque et une musique à mi-chemin entre le répertoire celtique et la musique traditionnelle du Moyen-Orient. Il s’agit de la rencontre entre l’ensemble palestinien Maqamat Al-Quds, et le groupe folk local, Chicheface, déjà habitué du FIMU. Le chant, tantôt français tantôt arabe, se mêle aux sonorités inédites du oud et du qanun, et celles plus familières de la flûte et des violons.

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On retourne à l’Arsenal pour le son tribal de La Ptite Fumée, mix entre transe et world instrumentale. Dans la fosse, les gens sont hors de contrôle. On compte plus de Jacquie-Michel que de bobos, à qui il faut reconnaitre une incroyable faculté à s’ambiancer sur TOUT, peu importe le style de musique. Face à la foule, on tente des pronostics complètement foireux : 2.000 personnes ? 3.000 ? Si l’on se réfère à la page du groupe, il faudrait tabler sur le triple.

Punchline du week-end
Au mec qui nous tient la porte à la Maison des Élèves :
– Merci c’est fort aimable.
– Ah non, c’est Bel-fort aimable !
Le sens de l’humour des Belfortins est définitivement sans égal.

– Axelle Gavier
Photos (c) Monique Poirrier, Olivier Tisserand & Mickael Weick