Comme aurait pu dire Clint Eastwood : « Dans la vie, il y a deux catégories de personnes : les numéro 10 et ceux qui creusent. Toi, tu creuses. » Alors qu’Éric Carrière, lui, en fin numéro 10 qu’il est, continue à construire ses projets et à distribuer les bons et les mauvais points. Une heure de conversation plus tard, Rico est resté sobre, un brin chambreur, mais aussi logique qu’un matheux. Et le gars a quand même beaucoup à raconter sur le milieu du foot et sur la vraie vie en Bourgogne. Écoute, et fais pas de bruit avec ta pelle.

Salut Éric. Ils vont jusqu’où ces Bleus alors ?

Ils iront jusqu’où ils peuvent aller. (Rires) C’est facile de dire qu’ils vont être champions d’Europe. Tout peut arriver mais en tout cas ils ont les possibilités de gagner parce que justement maintenant tu ressens une équipe, ce qu’il n’y avait pas avant, et ce qu’on a mangé dans la gueule ces dernières grandes compétitions… Entre le mec qui fait la gueule parce qu’il joue pas, etc. Je pense que Deschamps est très à cheval là-dessus.

Au niveau de la ligne d’attaque, tes trois titulaires c’est qui ?

Ça dépend de l’adversaire mais je vois Giroud, Griezmann, et après ça dépend sur le côté soit Payet soit Martial. Mais en fait je me mets à la place de Deschamps ; la liste, comment tu fais ? C’est pas parce qu’un mec a brillé pendant trois mois que tu vas le prendre, au détriment de ce que t’as essayé de construire. Ben Arfa, Lacazette, Gameiro ; ils ont raté le coche, il fallait être en pleine forme pour faire les sélections avant.

Il manque pas un peu d’expérience ? Parce que l’Équipe de France est assez jeune.

Elle est pas si jeune que ça : Sagna, Jallet, Evra, Koscielny, Lloris, Giroud, Gignac. Même Griezmann, il a de l’expérience maintenant.

Tu as commencé le foot dans le 3-2 (département du Gers), à Auch. Et à l’époque, un seul son de cloche parmi les recruteurs des centres de formation de la région : un gamin doué techniquement, mais trop frêle, trop tendre. T’as senti à un instant que le foot pro, c’était foutu pour toi?

Oui, j’étais quasiment sûr. J’ai toujours voulu être pro. Je sais pas si tu te rappelles de cette époque où, au collège, les profs te demandaient de mettre sur un papier le métier que tu voulais faire plus tard. Moi j’ai toujours mis footballeur professionnel. C’est un peu le rêve, t’y crois sans y croire. Après, j’ai tenté le sport-études à Toulouse. Et deux années d’affilé, j’ai pas été pris.

La sélection commençait à devenir drastique ?

Ouais, il y avait notamment des tests physiques, ce qu’on appelait « les cinq enjambées » : il fallait aller le plus loin possible, il fallait envoyer le médecine ball le plus loin possible. J’étais à la ramasse. Et du coup, j’ai été recalé. Donc, je suis retourné jouer à Auch dans les équipes de jeunes en loisir.

Tu penses que ça reste dur de percer quand t’as un petit gabarit ? On pense à Valbuena qui a galéré pas mal et à Messi qui se gavait d’hormones de croissance…

Ca reste toujours plus dur pour ceux qui ont un petit gabarit. Tu as moins de qualités athlétiques. Celui qui va plus vite avec le ballon, il est forcément avantagé. Maintenant, celui qui a un potentiel physique moindre, il compense par sa lecture du jeu. Je suis choqué quand je vois un mec qui va moins vite qu’un autre tenter un débordement. La balle, il faut la donner ; tu la récupères, tu fais circuler. T’es obligé de t’adapter si tu veux réussir à gravir les échelons.

Et avec ton bac en poche, tu t’inscris à la fac ?

Oui, je m’inscris en faculté de math. Là, je mets de côté mon ambition pour le foot pro un moment. Mais je continue à jouer, je joue après les cours magistraux. D’ailleurs, on devient champions de France universitaire deux fois en trois ans.

« Zizou, on peut dire que c’est un 10 de quartier. »

Et cette intelligence de jeu, cette capacité à analyser, à construire le jeu aussi bien que ton phrasé, c’est naturel ou tu l’as bossée ?

C’est naturel. En gros, quand tu fais des études en psychologie, tu t’aperçois qu’il y a ceux qui sont « cerveau droit » et ceux qui sont « cerveau gauche ». Soit tu as un côté plutôt artistique, soit tu as un côté plutôt cartésien. Moi je suis plutôt axé cerveau gauche, plutôt l’analyse. Si j’ai voulu être prof un jour, c’est pas par hasard. Et dans le football, par exemple, je regarde beaucoup les déplacements de mes coéquipiers. J’ai le ballon, j’essaie d’optimiser et de trouver le meilleur choix. Il y a des joueurs qui sont plutôt dans la spontanéité. Un attaquant, c’est plus un gars qui joue avec son intuition.

Le meneur de jeu, le maestro ; l’attaquant, le renard ?

Oui. Le 10, c’est l’architecte. Après, c’est un rôle qui a un peu disparu avec les équipes qui jouent seulement avec des profils de joueurs rapides qui débordent sur les ailes. Mais un joueur comme Dimitri Payet, c’est un vrai numéro 10. Jeu long, jeu court, il est toujours présent dans la dernière passe ou pour trouver le bon décalage.

1906082-zinedine-zidane-et-eric-carri-egrave-re-950x0-2Tu as fréquenté un temps Zidane au CDES (centre de droit et d’économie du sport) quand tu as préparé ton diplôme de manager général de club sportif. Bien que tous les deux meneurs, on ne peut pas dire que vous aviez le même style. Si je te dis que tu es un 10 de province, tu le prends mal ?

Non, je le prends pas mal. Déjà, je suis né en province. Je pourrais vivre à Paris, mais j’ai installé toute ma famille à Dijon. Je viens de la campagne. Le Gers, sur une carte, on le situe pas bien. Et quand t’as joué à tous les niveaux auxquels j’ai joués en amateur, je me sens pas issu du milieu professionnel, et j’étais pas destiné à brillé comme l’a fait Zizou. Et si moi je suis un 10 de province, Zizou on peut dire que c’est un 10 de quartier. Il a commencé le foot en bas des tours à la Castellane. Moi j’ai appris à jouer avec mon frangin, il allait deux fois plus vite que moi, je peux te dire qu’il fallait être bon dans la conservation de balle.

T’as des choix de carrière assez raisonnables, dans des clubs assez raisonnables, je t’aurais pas vu à Marseille dans des clubs où c’est la polémique permanente.

Ce sont des clubs stables. Je croise plein de supporters maintenant dans les stades : « C’est dommage que t’aies pas joué à Marseille. » Je pense que ça me correspondait pas assez, il faut une autre personnalité.

Je fais pas de transition. À Canal+, t’es « Monsieur palette » ; t’es doué dans l’analyse vidéo. Ton poste de meneur t’a aidé à décrypter le jeu des équipes dont tu commentes les performances ?

Bien sûr, ça aide. Quand je suis sur un terrain, je modélise ma façon de jouer et je me dis pourquoi je vais jouer comme ça et pas autrement. Donc quand je commente, je me mets à la place des joueurs. J’ai un regard assez « collectif » sur le match. Comme lorsque je jouais. Tu vois, quelqu’un comme Christophe Dugarry, que je trouve super en consultant, il est davantage dans la spontanéité. Trop expliquer, décortiquer des phases de jeux, ou intellectualiser à fond, ça peut avoir ses limites. Il faut un peu des deux.

Julien Cazarre (chroniqueur-humoriste à J+1 sur Canal+), t’as joué contre lui au foot, il est mauvais donc ?

Il faut que je le fracasse : aaaaah il est très, très moyen. Non, non, il n’a pas le ballon du tout. Il a du mental, il aime bien mettre des coups. C’est son truc, il aime le contact. Mais ça rejoint sa façon d’être parce que quand il te parle ou quand il vient sur le plateau, il est dans le contact en fait. Il vient te chercher. Sur le terrain c’est pareil. Il te rentre dedans, il est pas très technique, il est pas fin quoi.

Ils sont venus te voir à Dijon, l’équipe de J+1 ?

Ils étaient là pour la paulée, on a fait une belle soirée. On a fait un peu le tour. Julien, c’est la deuxième fois, il m’a redit : « Putain c’était top, on le refait avant les vacances. » Ça, ça me fait plaisir parce que, quand j’ai commencé comme consultant en 2010, les mecs ils te disent tous : « Tu vis où, t’es à Paris ? » Heu bah non, à Dijon. Et en fait quand tu les fait venir là, ça change complètement l’état d’esprit. Ils pensent qu’il n’y a rien à faire. Là, ils viennent et ils mangent super bien. En plus ils voient les prix, c’est quand même pas les mêmes qu’à Paris. Paris, tu mets 30 ou 40 balles dans des repas…

T’as pas forcément l’air d’être un gros rigolard, tu te mets un peu dans cette caricature-là, et est-ce que ça te gonfle pas quand Stéphane Guy (présentateur de J+1) t’appelle « Caves Carrière » ?

Je ne trouve pas que ce soit super marrant, c’est chiant en fait.  Je l’ai appelé tout à l’heure : « Ah Caves Carrière ! » Le milieu de la télé, c’est particulier en fait. C’est aussi intéressant, comme toujours j’analyse. Moi je ne trouve pas ça très marrant mais ça en fait marrer plein donc pourquoi les empêcher de se marrer ?

« Aux supporters du DFCO, je dirais: pensez que vous allez redescendre. »

T’as des liens intimes avec le DFCO encore ? Est-ce que tu les aides d’une façon ou d’une autre ?

Non, non, je ne les aide pas. J’ai été membre du conseil de surveillance mais j’ai arrêté parce que je pouvais être là qu’une fois par an donc j’y voyais pas d’intérêt. J’ai un lien affectif toujours, très fort. Le président, je ne l’ai pas souvent au téléphone mais quand on se voit on est très contents de se voir. Voilà, ça s’arrête là, et la montée c’est la leur et pas la mienne du tout.

Qu’est-ce qu’il doit faire le DFCO pour pas faire l’ascenseur, si y avait un truc ?

Aux supporters du DFCO, je dirais : pensez que vous allez redescendre. Faut se préparer à la normalité, la normalité c’est de redescendre. J’espère que ça n’arrivera pas mais j’ai pas envie de voir des manifestations négatives de supporters contre les joueurs, les entraîneurs dans six mois. Le club en lui-même est bien géré et, dans le modèle économique, il y a eu le centre de formation qui a été créé.

1862604067_small_1Il y a aussi une image de club sérieux avec des ambitions, l’ambition du DFCO c’est de se maintenir.

Tu peux avoir cette ambition tout en étant humble parce que t’en as qui arrivent en disant : « Nous, on va finir dixièmes », et ils tablent leur budget là-dessus. Sauf que si tu finis 19ème… Il faut être conscient, il y a beaucoup de gens qui me disaient ces dernières années : « Ils ont encore raté la montée. » Non mais oh, réveillez-vous, la Ligue 1 c’est pas donné à tout le monde et Dijon n’a pas encore une histoire pour devoir réclamer d’être en Ligue 1. Tu t’aperçois que les joueurs ont de plus en plus envie de venir à Dijon aussi. Tu vois Sammaritano qui était à Auxerre, il est venu à Dijon quand même. Ça c’est intéressant, ce sont des signaux qui sont top. Sochaux à côté, c’est compliqué.

Pour le coup c’est différent du DFCO parce que c’est un club historique.

Moi je suis un peu inquiet pour tous ces clubs qui sont domiciliés dans des petites villes. Sochaux, Auxerre… Mais demain si tu veux investir quelque part, t’investis plus facilement dans une ville moyenne comme Dijon qu’une petite ville. On a vu Gueugnon par exemple, ça a plongé. Alors que des clubs comme Dijon, c’est régional, le président il est d’ici.

Qu’est-ce qui t’as vraiment plu à Dijon ? T’aurais pu atterrir ailleurs, qu’est-ce qui fait que t’as du business ici, que tu tu t’y plais aussi bien ?

Le calcul. J’ai calculé. Après Lens, ça a été vraiment dur pour moi, et puis Bernard Gnecchi m’a contacté et j’ai dit non direct. J’ai dit : « Non, Dijon je connais pas. » Et il a insisté, il est revenu par le biais d’autres personnes et il nous a invité avec mon épouse un week-end ici ; il nous a reçu avec le maire François Rebsamen chez lui. Et puis il y a des anciens joueurs de Dijon contre qui j’ai joué à l’époque, c’est assez marrant. J’ai fait l’armée avec David Linarès et on a été champions avec Lyon la première année, et Maxime Poisson je l’ai connu autrement. Donc on est venus ici, on a passé un week-end là, on a trouvé ça super. Je me rappelle avoir fait sur Internet : « temps d’ensoleillement à Dijon » et c’était plus élevé qu’à Nantes où on a fait six belles années. Peut être que le président avait trafiqué les résultats Internet. (Rires)

Je suis certain qu’à Nantes y’avait moins de brouillard qu’à Dijon.

On arrivait d’Arras, donc on est arrivés ici on venait pas chercher le climat. Et puis à la fin de mes deux dernières années de joueurs, j’ai commencé à lancer mon activité de négoce de vin où j’ai rencontré aussi des vignerons dans le coin. J’en connaissais dans la vallée du Rhône et c’est une relation qui me plait beaucoup parce que c’est très terroir.

Tu t’es déjà intéressé au vin avant de venir en Bourgogne ?

Ouais, à Lyon en fait. À Lyon, j’avais rencontré un super vigneron qui m’avait proposé d’acheter des vignes avec lui à l’époque : Côte-Rôtie – Condrieu. Il m’a intégré dans le milieu, il m’a fait rencontrer pas mal de personnes et puis cette relation me plait parce qu’on fait des paulées ici une fois par saison, et tu vois que les gens qui viennent, ils ont qu’une envie, c’est de faire découvrir le vin qu’ils apprécient.

« Les vins féminins, on peut en boire plus. »

Le snobisme, ça existe quand même sur la Côte.

Partout, mais moi c’est pas mon cercle d’amis, tu peux amener un grand cru mais t’es pas là en train de faire goûter : « Oh les gars, vous avez vu ? » La simplicité m’a plue, je viens du milieu paysan, mes grands-parents étaient paysans. Des fois je raconte cette histoire parce que ça parait loin pour certains, ça l’est pas pour moi : quand j’allais en vacances chez mes grands-parents, y’avait pas de toilettes, y’avait pas de salle de bain. Les toilettes, c’était à l’étable avec les vaches.

T’as des projets en vue à Dijon ?

Mon activité s’appelle « Caves Carrière », et puis on est en train de faire construire… à côté d’Ikea. On a hésité à racheter Ikea mais bon. (Rires) Ça sera prêt dans l’été. Il ne faut pas mettre « en septembre » parce les artisans, ils vont y aller trop cool. On leur a dit en juillet. Pour le moment, on est à Fontaine-lès-Dijon, on n’a pas de boutique. Mon autre activité, elle est liée vraiment à notre site Internet qui est site vitrine, où tu peux voir, t’inscrire, accéder à nos tarifs, après tu nous contactes. On travaille avec des pros, des particuliers et comme ça se passe très bien, maintenant on investit. Et là on aura une partie boutique.

Est-ce que t’as un petit coup de cœur de vin de la région ? Y’en a un en particulier qui te viendrait ?

J’exclus un peu les rouges à chaque fois parce que j’ai toujours été plus rouge que blanc pendant des années, et avant de connaître les vins en Bourgogne. Souvent, quand on me dit : « Quel est ton vin préféré ? », je pars sur un Côte de Beaune, les Meursault, les Puligny, les Chassagne. Après tu peux compter sur les grands crus mais ça on va dire que c’est trop facile. Un bon Puligny, un bon Chassagne, c’est top quoi. Et après sur les rouges… En gros, je suis plus vins sur la finesse ; les Chambolle, les Morey, ou des Vosnes mais vraiment travaillés sur la finesse.

Donc c’est des vins plutôt féminins mine de rien.

C’est ça. On peut en boire plus.


Eric-Carriere - copieLe foot, tu dois en avoir un peu marre de tout le temps en parler?

Mais c’est vrai que je ne regarde pas non plus… Il y a des mecs qui font que ça, ils regardent tous les matchs à l’étranger. Je pense que la richesse, c’est de pouvoir sortir de la bulle.

J’ai l’impression que toi, tu fais partie de ceux qui s’en sont sortis. Il y en a quand même certains qui ont fait n’importe quoi avec leur argent et qui ont mal fini, on en parle assez régulièrement.

Oui, oui. La reconversion, c’est un vrai sujet parce qu’il y en a certains qui ne voient pas loin mais ça tient à la personnalité. Quand tu analyses les choses sur un terrain, tu vois le mec qui anticipe, et le mec qui anticipe moins. À partir de 33-34 ans, tu anticipes parce que tu sais que tu ne vas plus jouer et ça serait quand même bien de faire autre chose.

« On devrait obliger les sportifs de haut niveau à faire une ou deux formations pendant leur carrière. »

Tu pourrais franchement filer des coups de pouces et dire : « Tiens fais comme ci, comme ça. » À priori ça a l’air de bien le faire pour toi.

Tu vois, on en a parlé quand il y a eu la proposition de loi sur le statut de sportif de haut niveau, je suis passé à l’Assemblée nationale. J’étais avec Astrid Guyart (escrimeuse) et Jean-Pierre Karaquillo (créateur du CDES), et t’avais des députés qui posaient des questions. C’était intéressant. C’est pour avoir une meilleure couverture sociale parce que nous, footeux, il n’y a pas ce souci mais t’as des sportifs qui s’inscrivent à la fac juste pour être couverts, pour avoir une mutuelle.

Ils t’ont demandé quoi à toi ? Pourquoi tu faisais partie de cette commission ?

Nous, les sportifs, c’était pour parler déjà de notre vécu sur, notamment, la reconversion, et puis notre avis sur beaucoup de sujets. Et la reconversion, on devrait obliger les mecs à faire une ou deux formations pendant leur carrière. On leur propose dix formations et tu dois piocher dedans. Ça existe, mais il faut que le mec se bouge. Alors que tu pourrais éventuellement l’obliger. Dire : « Écoute, t’as dix formations, tu tapes dedans. »

L’autre chose qui pourrait être faite, c’est de demander à des professionnels d’intervenir dans les clubs. Tu vas voir des jeunes, tu leur donnes ton parcours : « Voilà, j’ai fait cette erreur-là. »

Pour des discussions comme ça, t’es pas dans le créneau. T’as toujours le discours « vieux con » : « Fais gaffe, ça arrive vite la fin. » Et puis finalement, les mecs ils te disent tous à 35 ans : « C’est vite arrivé, et puis finalement j’ai rien préparé. »

Y’a des exemples de joueurs qui ont fait des études supérieures ; Juan Mata par exemple, un joueur espagnol qui avait un Master 2.

Ou Jean-Philippe Durand par exemple. Après c’est rare, surtout si tu débutes ta carrière tôt. Le mec gagne beaucoup d’argent, encore plus maintenant, donc je ne vois pas l’intérêt.

On a presque envie de les pousser à faire des études mais c’est pas ce qu’on leur demande, aux footballeurs.

Non. De toute façon, après, c’est pour eux. C’est parce que tu fais des études que t’es brillant et puis tu le vois dans la réussite sociale. C’est ce que je dis à mes enfants : « Bosse bien à l’école, c’est très bien, ça te donne plus de chances. » Mais c’est pas parce que tu vas avoir un Bac+7 que tu seras plus heureux qu’une autre personne, avoir plus de possibilités de faire ce que tu aimes.

– Propos recueillis par Julian-Pietro Giorgeri et Tonton Steph
Photos : DR